La Banque du Japon (BoJ) devrait maintenir vendredi son taux directeur inchangé, mais pourrait envoyer le message d'un nouveau resserrement d'ici quelques mois, alors que la dégringolade du yen est redevenue préoccupante et que l'inflation résiste dans l'archipel.
Le 19 mars, le gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, pensait peut-être avoir fait le plus dur en amorçant la normalisation monétaire de son institution avec la fin de ses taux négatifs, l'instrument le plus spectaculaire de sa politique ultra-accommodante.
Mais en raison du ton toujours accommodant de la BoJ, ce léger relèvement de son taux directeur (porté à une fourchette comprise entre 0% et 0,1%) n'a pas suffi à enrayer la chute du yen face au dollar et à d'autres grandes devises comme l'euro.
La débâcle s'est même accélérée et le yen a régulièrement atteint de nouveaux plus bas face au dollar depuis 1990 ces dernières semaines, augmentant la possibilité d'une intervention du Japon sur le marché des changes pour soutenir sa monnaie, comme il l'a déjà fait en 2022.
Un yen faible est généralement considéré comme un avantage pour les nombreuses entreprises exportatrices du Japon. Mais en renchérissant également les importations du pays, la dégringolade du yen pèse en même temps sur la consommation intérieure et alimente une inflation "importée": le contraire d'une hausse des prix stimulée par des augmentations de salaires et la demande, la configuration que la BoJ souhaiterait entrevoir avant de resserrer davantage les vannes du crédit. Si "l'impact" de la dépréciation du yen "devient trop important pour être ignoré", cela pourrait conduire à des changements de politique monétaire, a d'ailleurs admis M. Ueda la semaine dernière.
La plupart des économistes s'attendent à ce que la BoJ relève vendredi ses projections d'inflation. Un relèvement significatif de ces prévisions pourrait être perçu comme le signe d'une ou plusieurs nouvelles hausses de taux de la BoJ cette année, mais probablement pas avant juillet, au plus tôt.