Centrafrique : crimes contre l'humanité mais pas de génocide...

Publié par DK News le 09-01-2015, 15h07 | 33

Un rapport final d'une commission d'enquête des Nations Unies a indiqué que des crimes de guerre et crimes contre l'humanité, y compris un «nettoyage ethnique» de la population musulmane ont été perpétrés en République centrafricaine mais l'intervention internationale a pour l'instant évité un génocide.

Cette commission créée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en janvier 2014 avait commencé son travail en avril et remis son premier rapport en juin au Conseil de sécurité. Le rapport final de 127 pages confirme en grande partie ses conclusions.

«Des violations des droits de l'homme ont été commises par toutes les parties», conclut la commission. «La coalition Séléka et les (milices) anti-balaka sont aussi responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité».Le rapport détaille une longue série d'exactions: viols, meurtres, recrutement d'enfants-soldats, torture, incendies d'habitations.

«Bien que la commission ne puisse conclure qu'il y eu génocide, le nettoyage ethnique de la population musulmane par les anti-balaka constitue un crime contre l'humanité», soulignent les enquêteurs. L'absence de preuve de génocide «ne diminue en rien la gravité des crimes commis» et il n'est pas certain qu'un génocide pourra être évité dans l'avenir.

Les enquêteurs rendent à cet égard hommage à «l'action opportune menée par les forces de l'Union africaine et les forces françaises ainsi que la Minusca» (Mission de l'ONU en RCA).Le Conseil de sécurité avait voté en avril 2014 l'envoi de 12.000 casques bleus en RCA, déchirée par des violences entre l'ex-rebellion Séléka à majorité musulmane, qui avait pris le pouvoir en mars 2013, et les milices anti-balaka en majorité chrétiennes.

La commission n'est pas en mesure de donner un bilan précis des deux années sur lesquelles elle a enquêté: «les diverses estimations disponibles vont de 3.000 à 6.000 tués mais la commission considère qu'elles ne rendent pas pleinement compte de l'ampleur des tueries».

...six morts dans des violences entre groupes armés

Au moins six personnes sont mortes dans des violences qui ont éclaté mardi entre deux groupes rivaux de miliciens anti-balaka à Bambari, dans le centre de la Centrafrique, a-t-on indiqué vendredi de source sécuritaire.

«Cinq personnes ont été tuées et plusieurs blessées entre mardi et jeudi dans des affrontements qui ont éclaté à Bambari entre deux groupes anti-balaka entrés en conflit, pour des raisons qui ne sont pas encore connues», a affirmé sous couvert d'anonymat un responsable de la gendarmerie, cité par l'AFP. Selon cette même source, «les victimes sont pour la plupart des miliciens anti-balaka».

Elle a ajouté qu'après ces affrontements «des anti-balaka se sont rendus dans la nuit de mercredi à jeudi au domicile d'un chef de quartier qu'ils ont assassiné, l'accusant de les avoir trahis» et «ont incendié sa maison». Depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka - chassée à son tour en janvier 2014 - la Centrafrique a sombré dans une crise sécuritaire et politique sans précédent.

Ces troubles et la déliquescence de l'Etat centrafricain ont permis à des bandes armées de prospérer dans nombre de régions, où elles rançonnent et volent la population, mais aussi les organisations humanitaires.