Gaz de schiste selon un expert : l'exploitation est conditionnée par une bonne maîtrise de la technologie

Publié par DK News le 02-02-2015, 19h22 | 40

L'expert Chems Eddine Chitour a estimé que l'exploitation du gaz de schiste en Algérie est conditionnée par une «bonne maîtrise» de la technologie de la fracturation hydraulique que le groupe Sonatrach «ne possède pas actuellement».

«Le gaz de schiste aura toute sa place dans le cadre d'une stratégie énergétique basée avant tout sur la sobriété énergétique. Il ne peut y avoir d'exploitation tant que nous ne serons pas prêts scientifiquement et technologiquement», a-t-il affirmé dans une contribution à l'APS (Lire l'intégral sur www.aps.dz).

«Le gaz de schiste fera partie d'un bouquet énergétique et aura toute sa place le moment venu quand la technologie sera mature et quand nous aurons toutes les compétences nécessaires et pris toutes les précautions en terme d'environnement», a expliqué le professeur Chitour, qui est également conseiller du Premier ministre, Abdelmalek Sellal.

«C’est un fait. La majorité des études sur le gaz de schiste montre que le gaz de schiste est une technologie dangereuse avec les techniques actuelles», a-t-il enchaîné, en relevant qu'aux Etats-Unis, pionniers dans le domaine, 49% des Américains sont désormais opposés à l’extraction du gaz de schiste par fracturation hydraulique.

«Actuellement, il n’existe pas d’extraction de gaz de schiste sans risques sur l’environnement», indique M. Chitour en précisant que la fracturation hydraulique est une «technologie récente» et que Sonatrach «n'a pas encore le tour de toutes les mauvaises surprises «.

Selon ses explications, cette technique «démolit» l'architecture interne des couches, utilise d'énormes quantités d'eau douce (10 à 15.000 m3 d'eau par puits) ainsi que des produits chimiques de nocivité différente.

En outre, l'Algérie doit aussi prendre en compte les coûts élevés des forages de schiste qui varient entre10 et 18 millions de dollars pour un seul puits, a-t-il précisé. «Seule une parfaite maîtrise technologique est en mesure de réduire les coûts», a-t-il averti.

Pour autant, il relève que les travaux d'exploration menés actuellement par le groupe Sonatrach «sont nécessaires» pour maîtriser la technique de fracturation hydraulique et évaluer «avec exactitude» les réserves réelles de l'Algérie en ressources non-conventionnelles.

«Nous n'avons pas à parler de moratoire (sur le schiste). L'étude du gaz de schiste doit se poursuivre, Nous devrons terminer rapidement la phase d'exploration pour procéder aux études d'évaluation réelles de la ressource, car jusqu'à présent, c'est une étude américaine qui nous donne le chiffre de nos réserves», conclut-il.