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Le président de la CNCPPDH M. Farouk Ksentini invité hier du forum de dknews - Droits de l’homme : «Il n’y a pas de sujet tabou»

Publié par DK News le 07-02-2015, 19h21 | 72
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Le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l’homme en Algérie a animé un débat qu’il a introduit par sa position par rapport au gaz de schiste : « C’est un problème économique et technique. Ceux qui soutiennent ou s’opposent à  son exploration, puis à son exploitation ont le droit de le faire ; ils ont raison de s’exprimer».

Le plus important est d’éviter l’exploitation à des fins politiciennes.  «Rencontre nationale  : avant tout, prendre l’avis des experts nationaux et internationaux, après quoi les responsables prendront leurs décisions : pourquoi pas une rencontre nationale ? Un débat national ? » souligne le conférencier qui se dit «favorable à tout mode d’expression de la volonté générale, en réponse à une question sur l’organisation d’un référendum sur le sujet».

Rappelant que la protection de la nature est inscrite dans la Constitution algérienne, Farouk Ksentini appelle « à tenir compte, en toute circonstance, des intérêts supérieurs de la nation».
Pour l’heure, «calmer le jeu, en espérant que la fracturation hydraulique sera remplacée par des techniques moins polluantes. Penser toujours à l’héritage à laisser aux générations futures».

Concessions mutuelles

Intervenant sur la qualité de l’enseignement soulevée par le représentant de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, Farouk Ksentini a insisté sur les programmes de réalisations de l’Etat algérien en matière d’éducation, cependant «il faut reconnaître que le niveau doit être relevé, car l’avenir de l’Algérie est dans l’instruction !

Les enseignants sont insuffisamment formés et les classes sont surchargées. Il faut recruter et former» n’ignorant pas les efforts de la ministre de l’Education nationale. «Il faut améliorer le système de l’enseignement public», pense l’orateur.

A propos de l’annonce de la grève des syndicats d’enseignants annoncée pour les 10 et 11 février, le président de la CNCPPDH a souhaité que ceux-ci et l’autorité de tutelle fassent «des concessions mutuelles pour ne pas léser les élèves dans leur instruction».

La concurrence

Questionné sur l’ouverture du transport aérien au privé, M. Ksentini a estimé que la qualité des services accompagnera l’ouverture souhaitée : «La situation de monopole est toujours négative» affirme-t-il, malgré «le poids historique de la compagnie nationale dans l’amélioration des moyens de transport dans notre pays».

Droits de l’homme en Algérie

Farouk Ksentini a tenu a faire une mise au point : « Je n’ai jamais dit que les droits de l’homme avaient régressé, mais que 2014 était une année sans avancée spectaculaire ; c’est différent ! »
«  Les ‘rapports’ annuels sur les droits de l’homme produits, ici ou là, sont généralement très sévères avec l’Algérie et plutôt insensibles par rapport à ce qui se passe en d’autres pays, comme l’Arabie saoudite. Ces rapports sont rédigés en fonction des intérêts économiques des rédacteurs… »

Pour autant, l’Algérie n’a pas de leçons à recevoir en la matière «agissant pour la concrétisation de l’Etat de droit, en toute responsabilité: en réalité, les droits de l’homme s’améliorent ou non de notre action ou non en leur faveur».

Dans l’appréciation «des atteintes supposées ou réelles aux droits de l’homme » Farouk Ksentini souhaite qu’on garde aux faits incriminé «leur véritable hauteur», sans surenchère : «Il faut que dans ce pays, les gens s’expriment librement, tout débat, toute discussion est recevable si on bannit l’injure, la diffamation et la contre-vérité».

Niveau de vie des citoyens

Le président de la CNCPPDH constate «comme tout le monde que la vie est de plus en plus chère, difficile : il faut trouver des solutions contre la spéculation, l’informel… »S’agissant des conditions de détention en Algérie, l’orateur a reconnu que «les conditions sont nettement meilleures. De plus des centres ouvrent qui sont aux normes internationales de respect des droits des détenus… »

A propos des Algériens détenus en Irak et qui risqueraient d’être exécutés, Farouk Ksentini a assuré que le ministère des Affaires étrangères est attaché à leur protection et à leur libération. «Nous n’avons pas de vis-à-vis en Irak pour y intervenir, d’une manière ou d’une autre» ajoute-t-il.

Manifestations

La question a été posée : «  La manifestation de la CNLTD fixée au 24 février est-elle légale ? » Farouk Ksentini : « La CNTLD a le droit de manifester, comme tout autre organisation. Mais, il y a l’interdiction de manifester à Alger et le wali est tenu de faire respecter cette décision. Dans tous les cas, ce qui m’importe, c’est que les manifestations soient pacifiques».

Droit syndical

La question était de savoir pourquoi l’UGTA garde le monopole syndical / «Le multipartisme implique le droit de pouvoir créer des syndicats. C’est un problème délicat, la consultation d’experts est souhaitable».

Migrants en Algérie

Les migrants en Algérie, notamment les ressortissants de pays voisins, frères et amis  ont été reçus dans le respect total de leur dignité humaine et «le ministère de la Solidarité a pourvu à leur accueil et leur entretien depuis leur arrivée en Algérie jusqu’au retour dans leur pays en accord avec les autorités de ces pays».

Par O. Larbi


«Il n’ya pas de sujet tabou»

L’étendue du champ d’application des droits de l’homme est vaste. Ceux-ci sont assez nombreux et variés pour ceux qui voudront les identifier, les analyser et les évaluer. Les journalistes en ont assez évalué au point où tout manquement des institutions à l’égard des citoyens est inscrit dans la panoplie des atteintes aux droits de l’homme.

Avec Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, invité hier du Forum de DK News les droits de l’homme sont de différentes natures et touchent divers domaines. Le thème de la conférence-débat n’est d’ailleurs pas exhaustif, n’est pas limité. Il peut concerner toute l’actualité politique puisqu’on s’intéresse énormément à la «chose» politique. Pour ce qui concerne le sujet à controverse, à savoir le gaz de schiste, Ksentini énumère tout ce qui est relatif aux différentes positions qu’adoptent les composantes de la nation.

D’abord, il y a pour tous les citoyens le droit de savoir. Savoir ce que c’est, comment l’explorer et l’exploiter, le droit d’interroger et de recevoir des réponses. Savoir ce que cela peut rapporter, sa place dans l’intérêt de la nation, ses implications sur la souveraineté nationale, sur l’environnement. Il y a le droit d’attendre des autorités qu’elles communiquent, qu’elles expliquent, qu’elles s’impliquent.

Il y a le droit de ceux qui soutiennent à argumenter et le droit de ceux qui s’opposent à argumenter également. Il y a le droit et l’obligation des élus à tout savoir pour tout expliquer, et celui des électeurs à interroger les élus et ces derniers à prendre note des opinions publiques.        
Sur la lancée, Ksentini condamne le fait qu’une personne soit déférée devant la justice pour des propos ou des faits futiles.

On voit qu’ainsi, les droits de l’homme ne sont pas exclusivement liés aux rapports entre l’Etat (toutes institutions confondues et les citoyens). Ksentini n’a jamais considéré qu’il y a des sujets tabous, du moins dans les Forum de DK News surtout quand il est interrogé par la presse. Il a toujours donné son avis, même quand il s’agit de son opinion personnelle. Par exemple, il dit ne pas comprendre que les opinions de Saïd Saadi sur l’histoire soient débattues dans un tribunal. Des réponses des hommes qui ont fait la révolution et des historiens auraient suffi amplement.

Des magistrats n’ont pas à interroger encore moins à écrire l’histoire.Le président de la CNCPPDH ne contourne pas les réponses aux questions. C’est ainsi qu’il n’hésite pas à dire «oui» à l’ouverture de l’espace aérien au secteur privé. Il n’y voit aucune atteinte aux droits de l’homme.

Pour ce qui concerne le droit à l’éducation, Ksentini est formel. Malgré les efforts énormes déployés par l’Etat, la qualité de l’enseignement est loin des attentes. La ministre plus particulièrement a pris en considération les recommandations faites par le rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur le droit à l’éducation.

Par Said Abjaoui


Libertés individuelles  :Pas d’évolution enregistrée en 2014

 

D’après, M. Ksentini, les libertés individuelles n’ont enregistré aucune évolution en Algérie. «Selon l’ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, les libertés individuelles n’ont ni progressé ni régressé en 2014.

Il est vrai que certains incidents, mineurs, ont été rapportés, je les condamne fermement car il est inacceptable qu’une personne soit déférée devant la justice pour des propos ou des faits futiles. Il faut que tout le monde puisse s’exprimer et donner son avis librement dans ce pays en dehors de tous propos diffamatoires, injurieux ou de toute incivilité».


Transports aérien: «Oui pour l’ouverture au privé»  

Le président de la CNCPPDH a estimé que l’ouverture de l’espace aérien aux compagnies privés mettra fin au monopole «négatif» exercé par la compagnie nationale Air Algérie et permettra par la même occasion au secteur du transport aérien de se développer. «C’est difficile pour moi de le dire mais j’estime qu’il est temps d’ouvrir l’espace aérien au privé. Air Algérie est une compagnie qui nous est chère et si on tient vraiment à elle alors il faudra permettre à la concurrence de s’exercer».


«L’avenir de l’Algérie est lié à celui de ’éducation»

Revenant sur son entretien avec le Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur le droit à l’éducation, maître Ksentini a souligné qu’en dépit des efforts déployés par l’Etat pour la démocratisation de l’éducation, la qualité de l’enseignement en Algérie laisse toujours à désirer. «Personne n’est satisfait de la qualité de l’enseignement dispensé par les établissement publics.

Les responsables du secteur, en premier lieu la ministre, ont pris en considération les observations et recommandations du rapporteur spécial des Nations unies qui ont portés essentiellement sur la nécessité d’améliorer les capacités des enseignants.

D’un autre côté les syndicalistes et le gouvernement doivent agir d’une manière adulte et responsable pour mettre fin aux mouvements de protestation qui secouent actuellement le secteur de l’enseignement et qui nuisent essentiellement aux enfants. Il ne faut pas oublier que l’avenir de l’Algérie est étroitement lié à celui de l’éducation» a indiqué M. Ksentini.
Par R.Rachedi

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