Ballade Litteraire A Bejaia: Feriel Lalami et son ouvrage intitulé «Les Algériennes contre le code de la famille»

Publié par Arslan-B le 03-02-2014, 17h44 | 279

Contre toute attente, l’invitée de « Ballade littéraire », Feriel Lalami, n’a pas omis de souligner les nombreux acquis dont jouit pleinement la femme algérienne d’aujourd’hui, comparée, d’une part, à ses aînées d’il y a des années, d’autre part à la gent féminine de grand nombre de pays arabo-musulmans. 

« Les toutes premières filles à pouvoir accéder à l’enseignement supérieur (université), notamment au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, sont les pionnières dans le combat des femmes pour l’égalité, quand on sait combien il était difficile pour une fille, déjà, à une certaine époque, de pouvoir aller jusqu’au certificat d’études, et encore davantage au brevet ! »

rappelle la conférencière, Docteur en sociologie et chercheuse au Gresco (Groupe de recherche et d’études sociologiques du centre-ouest) à Poitiers (France)qui, d’entrée, a tenu à rendre hommage à la mémoire de la défunte et regrettée victime du terrorisme durant la décennie noire, Nabila Djahnine, une fille de Béjaïa.

Feriel Lalami a donc braqué le projecteur sur divers aspects du statut de la femme à travers les années, en particulier la problématique socio-juridique, un enchevêtrement assez complexe de considérations interféré par la religion…  

« Dans certains pays arabo-musulmans, lorsque le législateur veut justifier et légitimer le statut de la femme tel qu’institué, il fait aussitôt référence au religieux… », dit-elle, tout en attirant l’attention du public sur le fait, aussi, que certaine «discrimination» larvée est loin d’être l’apanage de la seule Algérie :

«… Même en Occident, en Europe, dans des pays tels que la France, l’Italie, l’Allemagne… dans les conseils d’administration d’entreprises, les instances parlementaires et autres institutions il y a toujours très peu de femmes et le système patriarcal est plus que jamais dominant…». Cependant, suggère la conférencière, hôte du sympathique tandem Nouredine Saïdi  et Fatah Bouhmila (Les gardiens du temple «Ballade littéraire»),

«…Le combat des femmes pour davantage d’égalité d’abord devrait concerner et impliquer tous les segments de la société puis s’affirmer comme partie prenante de toutes les luttes pour la démocratie, c’est, en somme, un combat pour la citoyenneté ».  

Si Feriel Lalali reconnaît  que «le féminisme est universel et que la domination l’est tout autant, elle avouera aussi que ce même mouvement (féministe) accuse, depuis quelque temps, une certaine régression de par le monde, et que celle-ci s’explique par la chape de plomb exercée par la crise économique sur bien des aspects de la vie quotidienne, mais que, d’autre part, l’essentiel aujourd’hui, pour la femme occidentale, c’est beaucoup plus préserver des acquis.

Au passage, la conférencière a cité  Simone de Beauvoir comme pour «fustiger» et la société «macho» partout  dans le monde( ou presque) et aussi quelque peu la femme «aisément et quasi volontairement soumise, fataliste…» :

«On ne naît pas femme, on le devient !» (SdB). Les débats étaient passionnés, mais demeurés dans les limites de la correction, un jeu de questions-commentaires et réponses avec la conférencière qui a permis à des hommes mais également à des femmes de donner libre cours à leurs opinions, sereinement et très spontanément. Des interventions  quelquefois plutôt cathartiques…

Qui a dit que la liberté d’expression était «limitée» en Algérie ? «Les Algériennes contre le code de la famille (La lutte pour l’égalité)» a été édité par Editions Presses de Sc. Po (France).