Le professeur Habib Douagui, chef de service pneumologie au CHU Béni Messous, invité hier du forum dk news : Après la grippe, l’apnée du sommeil l’autre menace

Publié par DK News le 28-02-2015, 20h07 | 4889

Il ronfle comme un camion, disait-on. On ne se rend pas compte que le dormeur qui ronfle est en danger de mort. Il risque de passer de vie à trépas. Il faut le réveiller. Plus particulièrement lorsque le dormeur connait plusieurs phases de vie agitée durant son sommeil. Que le ronfleur est en péril et qu’il peut y laisser sa vie est une alarme que rares sont les personnes qui peuvent le savoir.

Rassurer en n’en parlant pas ? C’est la problématique qu’il faudrait solutionner afin que chacun soit placé devant ses responsabilités. Pour nous parler du thème «l’apnée du sommeil et ses conséquences sur la santé», le Forum de DK News a invité le professeur Habib Douagui, chef de service pneumo-allergologie au CHU de Beni Messous.

Le  Syndrome d’apnées du sommeil (SAS) est un trouble du sommeil qui se caractérise par un arrêt ou une diminution du flux respiratoire, trouble souvent très invalidant et qui peut, dans certains cas, entraîner la mort. On constate pour le syndrome d’apnées obstructives du sommeil « SAOS » entraine un rétrécissement du larynx lié à un relâchement musculaire.

La circulation de l’air est difficile à cause des vibrations de l’air. Il s’ensuit pour la personne un arrêt temporaire de la respiration. D’une durée de 10 secondes peut être fréquente et survenir des centaines de fois par nuit. Il y a des liens avec certaines maladies telles que l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, le diabète. Un grand nombre de maladies sont diagnostiquées tardivement mettant en jeu leur pronostic vital.

Le SAS est une pathologie fréquente et dangereuse. Une personne passe environ 1/3 de sa vie en sommeil. Il y a quatre phases dans le sommeil. Les deux premières phases sont normales. Il s’agit d’un sommeil léger, soit quatre fois durant la nuit. Les deux autres phases présentent un syndrome apnée dangereux car n’envoient pas d’oxygène dans le cerveau.

La maladie où sont enregistrées une fatigue au réveil et une tendance à l’endormissement l’après-midi nécessite un diagnostic. Sur les 4 500 décès enregistrés chaque année, nombre d’entre eux sont dus à des cas de fatigue de sommeil.
Trois traitements

Cipap masques et appareils envoient de l’air à forte circulation.

le prix varie de 50 000 dinars à 150 000 dinars, non remboursables par la sécurité sociale. On enregistre 1 200 malades. L’achat des appareils pour dispenser les malades de leur envoi à l’étranger dont la Jordanie car les prises en charge à l’étranger sont trop coûteuses.
On peut terminer par quelques recommandations faites par le professeur.

- Dormir sur le côté
- TV dans le Salon et pas dans la chambre
- Se mettre au lit uniquement quand le besoin se ressent.
Une personne peut subir jusqu’à 60 apnées par jour. Quand la fréquence est de moins de 5, on n’en parle pas, de 5 à 15, normale, de 15 à 30 moderne, supérieure à 30, sévère.

Par Said Abjaoui


Une maladie méconnue
Le professeur Douagui poursuit avec DK News un travail d’alerte sur des facteurs à risques pour la santé qui semblent aller de soi, mais qui pêchent par un manque d’explications et de mise en lumière. Ainsi, l’apnée du sommeil est méconnue et plus encore, ses graves complications.

Nombreux sont ceux qui ne savent pas qu’ils souffrent d’un trouble du sommeil : les arrêts involontaires de la respiration, les «apnées», se produisant durant le sommeil. Les apnées du sommeil durent plus de 10 secondes (et peuvent aller jusqu’à 30 secondes). Elles se produisent plusieurs fois par nuit, à une fréquence variable. Certains en font 5 par heure. Dans les cas graves, elles surviennent jusqu’à plus de 30 fois par heure.

Facteurs de risques

Les personnes en surpoids, âgées ou qui ronflent de façon importante sont le plus souvent touchées ; le tabagisme, la consommation d’alcool, de médicaments tels que les somnifères, le diabète de type 2 sont des facteurs à risques.

L’autre facteur de risque est un mauvais fonctionnement du cerveau, qui cesse d’envoyer «l’ordre» de respirer aux muscles respiratoires et peut alerter le sujet et le médecin. Ce type d’apnée survient surtout chez les personnes atteintes d’une affection grave, comme une maladie cardiaque (insuffisance cardiaque) ou une maladie neurologique (par exemple, méningite, maladie de Parkinson…).

«Elles peuvent également apparaître après un AVC ou dans les cas d’obésité très importante. L’usage de somnifères, de narcotiques ou d’alcool est également un facteur à risque.» Selon les médecins, les chercheurs estiment que de 30% à 45% des adultes sont des ronfleurs réguliers.

Fréquence

Elle est comparable à celle d’autres maladies chroniques comme l’asthme ou le diabète de type 2. L’apnée du sommeil peut toucher les adultes et les enfants, mais sa fréquence augmente fortement avec l’âge : jusqu’à 60 par heure. Le rapport entre l’homme et la femme qui ronflent est de 2 à 4 et s’égalisent après.

Ces arrêts se traduisent principalement par une fatigue au réveil, des maux de tête ou une somnolence pendant la journée. Fatigue, maux de tête, irritabilité... Elle peut aussi incommoder le conjoint, car elle s’accompagne souvent de ronflements sonores. « À long terme, l’apnée du sommeil a de nombreuses conséquences sur la santé : forme modérée à grave de syndrome d’apnées obstructives du sommeil.»

Les complications

Augmentation du risque de maladie cardiovasculaire, hypertension, AVC, infarctus du myocarde (crise cardiaque), troubles du rythme cardiaque (arythmie cardiaque) et insuffisance cardiaque.. Sans oublier la mort subite. Le manque de sommeil, la fatigue, le besoin de faire des siestes et la somnolence sont associés aux apnées du sommeil ; la qualité de vie s’en ressent : dépression et isolement sont courants, lit-on.

Enfin, le manque de sommeil induit par les apnées augmente le risque d’accident, en particulier d’accident du travail et de la route.

Le professeur Douagui attire l’attention des autorités pour que les professions à lourdes responsabilités comme les pilotes, les conducteurs de transport en commun, de poids lourds de plus de 5 tonnes soient interrogés par le médecin du travail  afin de savoir s’ils présentent les symptômes d’apnées du sommeil. Les personnes atteintes de syndrome d’apnées obstructives du sommeil ont de 2 à 7 fois plus de risque d’être victimes d’un accident de la circulation.

D’autre part, l’apnée du sommeil, surtout si elle n’est pas encore diagnostiquée, peut être un facteur de risque en cas d’anesthésie générale. En effet, les anesthésiques peuvent accentuer le relâchement des muscles de la gorge et donc aggraver les apnées. Les médicaments antidouleur administrés après les interventions chirurgicales peuvent également augmenter le risque d’apnées graves. Il est donc important d’informer le chirurgien si le patient souffre d’apnée du sommeil.

Diagnostic et traitement

Le professeur Douagui révèle qu’il n’y a qu’un seul laboratoire du sommeil dans les hôpitaux d’Alger et «il est à Béni Messous. C’est en 2006, lors d’un congrès à Tunis que le retard de l’Algérie s’est imposé à la délégation.

Le directeur de l’hôpital de Béni Messous a engagé les démarches pour installer un laboratoire au service de pneumologie, avec achat de matériels, essentiellement des polygraphes  qui déterminent grâce à des enregistrements de tous les incidents durant la période de sommeil.

Le professeur avait analysé les phases de sommeil et leur incidence sur l’apnée du sommeil : «Si la personne ne dépasse pas la phase de sommeil léger pour atteindre le sommeil profond et réparateur, c’est un indice qui accrédite la maladie de l’apnée du sommeil.»

Le traitement consiste dans des appareillages : une soupape de ventilation des voies aériennes, l’orthèse d’avancée mandibulaire et la chirurgie : «La première est très gênante, lourde et coûte cher, 100 000 à 150 000 DA, abandonnée au bout de 2 mois, le plus souvent ; 50 patients ont été appareillés.

L’orthèse d’avancée mandibulaire est pratiquement irréalisable en Algérie, c’est une spécialité de chirurgie dentaire qui n’existe pas dans le cursus médical. Elle demande un déplacement à l’étranger, une présence d’un mois et l’orthèse coûte 800 euros. Seulement 2 personnes se sont appareillées. Ce que je veux vous dire :

il faut créer cette spécialité en Algérie, former les médecins et les paramédicaux et, par-dessus tout, rembourser ces appareillages par la sécurité sociale.»La chirurgie est, selon le professeur, une solution mais trop handicapante. En conclusion, le professeur Douagui interpelle sur la prise en charge de ce problème de santé publique.

Par O. Larbi


Environ 3 à 5% de la population en souffrent

 

Environ 3 à 5 % de la population, soit un million d’Algériens, souffrent d’apnée du sommeil ou interruption de la respiration durant le sommeil, a indiqué, hier, le chef de service pneumo-allergologie, au CHU Beni Messous, Pr Habib Douagui.

Invité du forum du quotidien DK News pour s’exprimer d’une problématique de santé publique : le syndrome de l’apnée du sommeil, le Pr Douagui a qualifié  la maladie de fréquente et de dangereuse étant donné qu’elle a des conséquences importantes sur la santé. S’exprimant sur les phases du sommeil, le spécialiste a expliqué que le sommeil est composé de 4 phases, les deux premières représentant le sommeil léger et les 3e et 4e sont des phases de sommeil profond.

Il a ajouté, à ce titre, que l’apnée du sommeil survient lors des phases de sommeil léger et que le malade ne récupère donc pas et se réveille le matin fatigué et épuisé. Durant cette phase d’arrêt de respiration, les organes principaux ne sont donc pas irrigués en oxygène et une mort peut survenir durant la nuit, a-t-il dit.

Pour le spécialiste, d’autres conséquences peuvent être liées à ce syndrome telles que des maladies cardiaques, pneumologiques et autres, d’où l’utilité du diagnostic et du traitement. En outre, le conférencier a précisé que cette maladie touche principalement les sujets obèses, ayant une grosse langue, un petit cou et généralement à partir de 40 ans.

La pathologie touche principalement les sujets obèses

Cependant, la pathologie peut survenir chez le sujet jeune et dans ce cas l’ablation des amygdales est fortement indiquée, a-t-il dit. Ainsi et d’après l’intervenant, la personne sujette à l’apnée présente des ronflements régulièrement et a un sommeil déstructuré et non réparateur.

Les signes cités plus haut doivent alerter les malades et les inciter à se présenter en consultation médicale pour effectuer des tests approfondis et établir le diagnostic, a préconisé le Pr Douagui. Parmi les tests cliniques, il a cité le test des points qui permet de déterminer si le patient souffre ou pas d’apnées du sommeil et qui, dans le cas où il est positif, doit être confirmé par une polygraphie ou une polysinographie.

Dans le cas des métiers à risque comme les conducteurs de camion, les pilotes, les conducteurs de train, le Pr Douagui a insisté sur l’importance d’une visite médicale régulière pour détecter d’éventuelles atteintes par le syndrome.

A ce sujet, il a ajouté que la somnolence au volant due à une conséquence de l’apnée est forcement liée, dans certains cas, aux nombreux accidents de la route, d’où l’obligation de s’arrêter en cas de fatigue et de reprendre la route après 10 à 15 mn de répit.

Indisponibilité des traitements en Algérie

Parmi les traitements du syndrome, le chef de service pneumologie a cité la ventilation à Pression positive à l’aide d’un appareil appelé (PPC) ou bien par un appareil buccal (languette moulée) en encore via la chirurgie. S’agissant du PPC, le Pr Douagui a déploré le fait qu’il ne soit pas disponible en Algérie et qu’il ne soit pas remboursé par la sécurité sociale car son coût varie entre 100 000 à 150 000 DA.

Sur le même point, il a appelé à la création de laboratoire de sommeil en Algérie et à la formation des médecins à la polygraphie pour généraliser les diagnostics.Le spécialiste a aussi, par la même occasion, donné des conseils et recommandation pour un bon sommeil à savoir : dormir sur le côté, ne pas regarder la télé dans sa chambre, éviter les excitants, ne prendre des somnifères que sur indication médicale, faire du sport et faire une sieste dans la journée.

Par Par Sonia Belaidi


Pour bien dormir le soir  : Evitez le café, le chocolat et la télé

 

Pas de café après 14h, ne pas manger de chocolat durant la nuit, éviter à tout prix les somnifères, ne pas s’endormir avec la télé allumée et enfin ne jamais se mettre au lit alors qu’on n’a pas encore sommeil. Telles sont les recommandations du Pr Douagui pour un bon sommeil réparateur.   


Complications cardiovasculaires AVC et HTA: SAS : une maladie à prendre au sérieux

Découverte il y a pas plus de 20 ans, le Syndrome d'apnées du sommeil (SAS) peut être à l’origine de complications cardiovasculaires, d’AVC, d’hypertension artérielle et voire même de la mort dans certains cas. «Même si le cœur continue à battre, le sang envoyé dans les organes nobles et le cerveau n’est pas oxygéné, ce qui provoque un arrêt cardiaque et une mort subite du malade» a indiqué le Pr Douagui.    


Pilote, conducteur de train et de poids lourds: Des professions à surveiller de près

L’ancien sénateur et actuel chef de service pneumologie au CHU de Beni Messous, le Pr Habib Douagui, a plaidé hier pour la révision de la législation en matière de professions à risques telles que pilotes, conducteurs de train et de poids lourds de plus de 5 tonnes.

«Les complications liées à l’apnée du sommeil telles que la fatigue, peuvent entraîner des accidents graves si la personne concernée se trouve au volant ou derrières les commandes d’un train ou d’un avion. Dans les pays développés, ces professionnels sont soumis à des examens (polygraphie ventilatoire et polysomnographie) pour déterminer s’ils sont atteints de trouble respiratoire du sommeil»


L’appareil n’est pas pris en charge par la CNAS: 100 000 DA pour une Cpap !

Traitement pour l’apnée du sommeil, la Cpap, est un appareil respiratoire qui envoie de l’air (et non de l’oxygène) à forte pression dans les voies aériennes pour oxygéner les poumons. L’appareil dont le prix tourne autour de 100 000 DA, n’est pas remboursé par la sécurité sociale.

«Sur les 1 200 patients examinés dans le laboratoire du sommeil au CHU de Beni Messous, seul 50 ont pu acquérir la Cpap. En Tunisie, le premier appareil est remboursé. La Cnas devrait s’inspirer de cette politique et offrir aux malades la possibilité de bénéficier d’un appareil au moins» a souligné le Pr Douagui.
Par R.R