Le président de la CNCPPDH invité hier du forum de DK News - Droits de l’homme : Ksentini en toute franchise

Publié par DK News le 16-03-2015, 19h39 | 79

Nous sommes dans une conjoncture internationale où des radars sont braqués sur la situation des droits de l’Homme. Braqués dans une seule direction, à savoir du Nord vers le Sud. Les grandes puissances bombent le torse quand il s’agit de pays protégés. Il n’est point utile de réciter les cas des populations sahraouies et palestiniennes. Ceci pour des considérations internationales.

Chaque pays devra respecter les droits de l’Homme à l’intérieur de ses frontières. A l’intérieur de celles-ci, il y a des organisations étatiques et non-étatiques dont c’est la mission de surveiller la situation des droits de l’Homme. Le forum de DK News a invité hier Me Farouk Ksentini président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme.

Contrairement à la tradition des conférences-débats organisées par le forum,  Ksentini est passé directement au débat, sans faire un exposé. La presse n’avait pas la langue dans sa poche et Ksentini s’était engagé à répondre aux questions. Pratiquement à toutes les questions.  Les premières fusèrent d’entrée. 

Il est dit sous forme d’accusation que la presse sur les plateaux de certaines chaines de TV ont a intenté un procès parallèle qui peut influencer les opinions publiques et même du procès lui-même. Réponse. La presse est libre de rapporter les thèmes du débat, de faire des chroniques judiciaires mais, il serait nécessaire que des journalistes se spécialisent dans les questions judiciaires pour inscrire dans leurs actions le cadre de respect des lois.

Durant l’instruction, il peut y avoir confusion des opinions publiques. D’autres questions sont également posées telles que l’«égalité des armes entre l’accusation et la défense civile». Peut-on faire une lecture politique des interventions ?

Faut-il donner le temps qu’il faut pour l’enquête ? La situation des droits de l’Homme dans les pays arabes a fait l’objet de questions. Les Constitutions dans ces pays évoquent les droits de l’Homme, d’autant qu’il y a des conventions internationales paraphées par les Etats arabes. Il y a cependant des confusions dans la lecture des textes et donc dans leur application.

A propos des grèves qui ont trop duré dans l’éducation nationale, les parents d’élèves pourront-ils légalement déposer plainte et intenter des actions judiciaires à l’encontre des syndicats d’enseignants ? Non, répond Ksentini, mais parle d’un crime que de faire risquer à nos enfants une année blanche. La commission des droits de l’Homme à laquelle il préside ne peut pas déposer plainte en vertu de ses missions qui ne sont pas celles de l’exécutif.

«Nous défendons les droits de chacune des parties et nous leur disons qu’il faut dialoguer et arriver rapidement à un compromis. L’élève ne doit pas devenir une victime et il ne faut pas non plus gaspiller l’éducation. C’est un véritable crime, que de mettre en danger l’avenir des enfants et donc celui du pays. Hram. Il faut savoir que tout retard important implique la baisse du niveau de l’éducation, et donc la valeur des diplômes».

Concernant le gaz de schiste, aucune partie ne peut interdire à l’Etat l’exploitation et l’exploration de produits qui se situent dans son sous-sol.Il serait possible qu’il y ait des progrès technologiques, dans les domaines de l’exploitation...  sur les femmes, Me Ksentini trouve indispensable de faire des lois à intégrer dans le code pénal. On peut discuter sur les lois mais pas sur les interprétations du droit divin.

Par Said Abjaoui


« La situation des droits de l’Homme dans les pays arabes est préoccupante»

 

A l’occasion de la Journée arabe des droits de l’Homme, célébrée le 16 mars de chaque année, le Forum de DK News a reçu, Me Farouk Ksentini, président de la Commission  nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), pour une conférence-débat qui a porté notamment sur la situation des droits de l’Homme en Algérie et la question du Sahara occidental.

Nombreux étaient les journalistes et nombreuses leurs préoccupations : La grève des enseignants a été longuement abordée et l’attitude des enseignants grévistes diversement appréciée pour ne pas dire stigmatisée.

Que peut faire la CNCPPDH ?

Le président de cette commission a d’abord rappelé que le droit de grève est «un droit inscrit dans la Constitution ; personne ne peut réduire ce droit. La solution doit être trouvée par la discussion et le débat, les enseignants devant prendre en considération les intérêts de l’élève…

La menace des fédérations des parents d’élèves de saisir la justice en cas de poursuite du mouvement après les vacances scolaires n’est recevable que si ces organisations ont la personnalité morale en droit. »

M. Ksentini rappelle, d’accord avec une intervenante, que «  l’envoyé de l’ONU sur la question de l’éducation en Algérie avait signalé les déficits qualitatifs de l’enseignement dans notre pays. D’où la nécessité de s’élever au niveau des enjeux et de l’intérêt supérieur de la nation. »

Violences contre les femmes

Interpellé sur l’arsenal des sanctions adoptées par le parlement s’agissant de la violence faite aux femmes, le président de la CNCPPDH a soutenu que ces dispositions sont positives  dès lors, notamment que lorsqu’il y a divorce, le mari est tenu de loger son ex-femme avant d’avoir la décision qui consacre la séparation.

« C’est une condition très importante, parce qu’auparavant, c’est après les plaintes de la femme divorcée que la justice se «préoccupe de sa situation et des obligations non assumées par l’ex-mari.»
«Tout ce qui protège la femme est bienvenu» dira-t-il.

Statut des patrons de presse

Une intervention a attiré l’attention sur le fait que des titres de presse fassent l’objet de transactions qui les mettent sous la coupe de personnes étrangères à la profession, plus «sensibles à la manne des annonces publicitaires que de l’exercice de l’information. Ces pratiques sont dangereuses pour la liberté d’expression et de la presse.»

Farouk Ksentini a exprimé son accord sur le fond : «Le journaliste est un acteur important dans la vie de la nation. La seule exigence est de pratiquer ce métier en respectant les règles de l’objectivité, de l’impartialité, tout en étant capable d’apporter des éléments incontournables pour connaître la vérité. »

Relations pouvoir- opposition

« Dans un régime démocratique véritable, on ne doit pas faire la guerre à l’opposition. On doit construire les conditions du débat qui peut mener au consensus.  Cela sera positif pour le pouvoir, pour l’opposition et pour le peuple, l’opinion publique qui sera rassurée de voir ses représentants et l’exécutif entretenir des relations civilisées » estime M. Ksentini. « Le combat d’idées est préférable à tout autre approche d’opposition frontale» affirme le conférencier.

Gaz de schiste

Me Ksentini s’en tient à ses déclarations antérieures : «La propriété du sol et du sous-sol est à l’Etat.  Rien ne l’empêche d’entreprendre et ce faisant préserver l’intérêt des générations futures. »

Ross et le Sahara occidental

Sur cette question, le conférencier a émis l’idée que «Christopher Ross, l’envoyé spécial de l’ONU, voit ses prérogatives élargies.»Notons au passage que le conclave organisé à Dakhla, en territoire sahraoui occupé,  par les animateurs du forum de Crans Montana a connu un échec retentissant auprès de la communauté internationale organisée (ONU, UA, UE) qui ont dénié toute légitimité au royaume du Maroc qui  avait imaginé ce piège pour tromper l’opinion publique internationale.

Ajoutons que le gouvernement espagnol a fait la mise au point que «Zapatero s’exprimait en son nom propre » et non en tant que représentant de l’Espagne ; l’ONU a fait une déclaration semblable s’agissant de M. Douste-Blazy.

Les droits de l’Homme dans le Monde arabe

« Ils sont dans l’ensemble préoccupants. Seule l’Algérie a connu quelques avancées, mais qui restent insuffisantes au regard des standards internationaux. » Tout est lié, dans notre pays, aux progrès dans la construction de l’Etat de droit,  dira-t-il, ajoutant qu’il est « probable que la Constitution soit soumise à référendum ou au Parlement au courant du mois d’avril. »

Par O. Larbi


La commission arabe des droits de l'Homme: La consécration des droits de l'Homme face à la discrimination et le terrorisme

 

La commission arabe des droits de l'Homme a insisté sur la consécration des droits de l'Homme afin de parer aux courants de discrimination, de haine, d'extrémisme, de violence et de terrorisme dans les sociétés arabes appelant à la consolidation de la liberté d'opinion et d'expression.

Organisée sous le thème «liberté d'opinion et d'expression : droit et responsabilité», la journée arabe des droits de l'Homme 2015 souligne l'importance de la liberté d'opinion et d'expression pour jouir de tous les droits de l'Homme énoncés dans les chartes et traités internationaux, a indiqué dimanche la commission dans un communiqué de presse.

La commission a rappelé les garanties juridiques de la charte arabe des droits de l'Homme pour protéger le droit des personnes à la liberté d'opinion et d'expression sans restrictions ni contrôle excepté celles contenues dans des textes de lois ou nécessaires dans le cadre du respect des droits d'autrui, l'ordre national ou public.

La situation dans le Monde arabe ces dernières années a été émaillée par des conflits, une violence sanglante, des actes terroristes, des comportements extrémistes sans précédent occasionnant des violations flagrantes des droits de l'Homme.

La commission arabe des droits de l'Homme célèbre la journée arabe des droits de l'Homme le 16 mars de chaque année, date de l'entrée en vigueur de la charte arabe des droits de l'Homme en 2008 après son adoption par le Sommet arabe en mai 2004 à Tunis. La commission a pour mission le contrôle du respect par les pays des des droits et libertés contenues dans la charte qui compte 14 Etats membres dont l'Algérie.
APS


L’Etat et l’opposition doivent travailler ensemble

 

Dans un régime démocratique, quel qu'il soit, l’Etat ne doit pas faire «la guerre» à l’opposition, mais l’amener à discuter et à trouver des consensus. «Le pouvoir doit être conciliant avec l’opposition et travailler avec elle. Il faut faire en sorte que les deux parties se rapprochent le plus possible pour servir l’intérêt suprême du pays» a indiqué M. Ksentini  


Liberté de la presse : Un observatoire pour garantir une répartition équitable de la publicité

Répondant à une question sur la liberté de la presse en Algérie, le président de la Cncppdh a estimé que la politique de distribution de la publicité sur les organes de presse doit être revue. «Le sort des journalistes et des organes de presse ne doit pas dépendre de la publicité.

Dans ce cadre, il est nécessaire de mettre en place un observatoire pour garantir une répartition équitable de ce qui représente aujourd’hui la principale ressource financière des médias. Cette situation met en danger «de mort» les journaux, ce qui est contraire aux droits de l’Homme et aux principes de la démocratie et de la liberté de la presse.

Gaz de schiste : «L’Etat est en droit d’exploiter cette ressource qui lui revient»
     
D’après M. Ksentini, l’Etat, qui est le propriétaire du sous-sol et des richesses qui s’y trouvent, est en droit d’exploiter le gaz de schiste. «Aucune partie n’a le droit d’interdire à l’Etat d’exploiter le gaz de schiste. Le conflit qui oppose actuellement les partisans et opposants à l’exploitation de cette ressource non conventionnelle, notamment dans la région de In Salah,  doit être réglé d’une manière pacifique et par le dialogue».

Droit à la production : «Tout mettre en œuvre pour encourager la production nationale»

Parmi les principaux points soulevés par la Cncppdh lors de son rapport annuel sur l’état des droits de l’Homme en Algérie, le droit à la production. «On ne peut continuer à vivre de la rente pétrolière. L’Etat doit mettre en place tous les moyens pour encourager la production nationale et réduire les importations» a souligné par ailleurs Me Ksentini.   
Par Rachid Rachedi