Filière lait à Aïn Defla : faible taux de collecte malgré les mesures incitatives des pouvoirs publics

Publié par Par Bilal Belarbi le 21-03-2015, 17h00 | 89

Avec seulement 10 % de lait cru récupéré sur une production annuelle de 70 millions de litres, soit 7 millions, la collecte de ce produit vital peine assurément à "décoller" dans la wilaya de Aïn Defla en dépit des mesures incitatives prises par les pouvoirs publics pour "booster" ce segment.

Des observateurs avertis affirment pourtant que cette wilaya, certes d’avantage connue pour son 2ème rang national en matière de production de pomme de terre, a largement les moyens d’améliorer le taux de collecte de lait pour peu que les potentialités dont elle dispose soient exploitées de manière, optimale.

faiblesse collecte laitière contrastant avec des indicateurs positifs

Pour le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya, la faiblesse des résultats obtenus contraste avec certains indicateurs qui auraient dû permettre à cet ancien bassin laitier d’asseoir sa position dans le domaine et de figurer dans le peloton de tête en matière de collecte.

Selon Boudjemaâ Zerrouk, le nombre d’éleveurs bovins qui était de 120 il y a quelques années, est passé à près de 160 à l’heure actuelle, faisant, par la même occasion, état d’une augmentation du nombre de collecteurs  agrées lequel a presque doublé (de 16 à 28).

Cette tendance à la hausse concerne également le nombre de vaches laitières dont le nombre dépasse actuellement les 20 000, a ajouté le DSA, faisant part de l'acquisition, à long terme, de jeunes vaches en vue de rajeunir le cheptel existant dans l’optique de l’augmentation de la production.

Plus de maquignons que de producteurs dans la sphère lait

Se référant à une étude réalisée par ses services, M.Zerrouk a indiqué que la présence dans le créneau de la production de  lait de personnes qui ne sont pas du métier a exacerbé les difficultés dans lesquels se débat la filière de manière générale et le volet collecte de manière particulière.

"Nous avons une production en +dents de scie+ qui se caractérise par son irrégularité par ce que les personnes qui s’adonnent à cette activité ne font pas un élevage consacré à la production de lait mais sont plus considérés comme des maquignons pour lesquels seul l’aspect commercial a droit de cité", soutient-t-il.

"Si l'éleveur est le producteur de lait, l'usine est l’endroit assurant la transformation de ce produit, le collecteur, censé être du métier, ne peut, logiquement, qu’être l'intermédiaire entre ces deux parties", analyse-t-il.

Dans la foulée, le DSA de Aïn Defla a cité d’autres facteurs susceptibles d’expliquer la faiblesse de la quantité de lait collectée tels la non disponibilité de cuves chez certains éleveurs, l'absence d'une "culture de la livraison" chez d’autres, ajouté à l'accès difficile dans certaines régions où l’élevage bovin est pratiqué.

Le développement des fermes pilotes pour galvaniser le créneau

Pour M. Zerrouk, le développement des fermes pilotes dans le cadre d’un partenariat privé/public initié par les pouvoirs publics (fixé respectivement à 66 et 34 %) est à même de "booster" le créneau relatif à la collecte de lait et de lui permettre de jouer son rôle dans la bataille visant la sécurité alimentaire du pays.

Selon lui, si l’activité des sixc fermes pilotes que compte la wilaya de Aïn Defla (totalisant près de 6000 hectares) est orientée de manière optimale vers la production de vaches laitières, la quantité collectée actuellement pourra "facilement" être triplée à court terme, passant à 20 millions de litres d’ici quelques années.

"Les gens du métier notamment les plus âgés d’entre eux savent que si par le passé, un hectare valait une vache, cette même superficie correspond, de nos jours, à 4 vaches", affirme-t-il.De son côté, le président de l’association locale des éleveurs laitiers a mis en exergue la nécessité d’augmenter la marge bénéficiaire des éleveurs, relevant que ceux-ci sont confrontés au problème de l’alimentation du bétail suite à l’envolée des prix des fourrages.

Boukira Abassi Mokhfi a, dans ce cadre, mis en avant la nécessité de fixer un prix de vente du litre de lait de vache à 57 dinars, indiquant que l'Etat contribue actuellement à hauteur de 12 dinars par litre dont le prix est de 46 dinars.

Selon lui, la satisfaction de cette revendication est à même de "galvaniser" les producteurs et de les inciter à se "surpasser" pour doubler, "voire tripler" la production actuelle à "très court terme".
M.Boukira a, également, évoqué une noria d'éleveurs "qui sont dépourvus de documents attestant qu'ils s'adonnent à l'élevage de vaches laitières", relevant que cet état de fait influe grandement sur leur activité et ne leur permet pas de bénéficier des crédits bancaires dans le cadre des divers dispositifs mis en place par la tutelle.

"Booster la collecte de lait demeure certes une des priorités du secteur, mais sa  concrétisation ne peut se faire sans l'adhésion de tous les acteurs notamment les éleveurs qu’il y a lieu de sécuriser et mettre en confiance", a-t-il recommandé.