A l’occasion du mois sacré du Ramadhan, l’Union nationale de protection du consommateur, représentée par son président, M. Mahfoud Harzeli, invité hier du forum de dk news : Gagner le pari du combat contre le gaspillage

Publié par DK News le 12-05-2015, 19h21 | 209

L’Algérie est grande importatrice de céréales. Parmi les trois plus grands pays importateurs dans le monde. Egalement parmi les plus grands gaspilleurs de produits alimentaires.

Les poubelles en regorgent, surtout durant le mois de Ramadhan. On n’achète pas trois baguettes de pain pour un ménage, mais 10 ou même plus. Par jour ! C’est le même sort pour tous les autres aliments. C’est ce que nous disent les responsables de l’Union Nationale pour le Protection des Consommateurs (Unpp), qui ont répondu hier à l’invitation qui leur a été faite par le Forum de DK News pour animer une conférence-débat sur le thème du gaspillage alimentaire.

La conférence était animée par MM. Mahfoud Harzli, le président de l’Unpp, Bennadji Mohand Amokrane, membre du bureau, et Omar Negli, responsable de l’association au niveau de Tizi Ouzou.
L’approche du mois de Ramadhan incite justement à débattre de ce thème pour préparer la campagne de sensibilisation des populations sur l’impérieuse nécessité de s’astreindre à ne pas gaspiller les produits alimentaires.

Le mois de Ramadhan arrive à grands pas. Avec lui les chaines pour s’approvisionner en tout produit. La faim induit des envies. On veut tout acheter. Du pain sous toutes les formes, long, court, rond, étoilé avec la priorité pour ceux qui portent des «zraraa» et qui bénéficient du label de «pain amélioré».

Des zlabia de toute sorte également, la ronde avec des cercles fins, la rouge, la jaune, la longue de Boufarik, du kalbellouz, de la pâtisserie ect. Le soir même, c’est la chaine aux urgences des hôpitaux. Le lendemain, tout se retrouve dans la poubelle. Même des restes de viande.

Il n’y a pas qu’en Algérie que se constate un tel gaspillage. C’est un sujet  de politique générale mondiale. La BM (Banque mondiale) lance un avertissement contre le gaspillage alimentaire qui constitue de graves menaces sur la sécurité alimentaire. Une partie de l’augmentation des prix est due au stockage dans les foyers.

Les prix augmentent et une partie de ceux-ci sont dus aux ménages qui  provoquent eux-mêmes la pénurie en achetant tout quelques jours avant le Ramadhan.Une partie du gaspillage est imputée aux citoyens, une autre partie aux producteurs et une troisième est due à l’absence de stockage ou aux mauvaises conditions de stockage.

Chaque mois de Ramadhan, est menée une campagne de sensibilisation à la lutte contre le gaspillage. Une lutte qui doit se mener par chaque foyer car la facture est trop lourde. Elle doit se mener au niveau de chaque étape dans la chaine alimentaire, soit de la production jusqu’à la consommation.

C’est le mois de la folie dépensière.  Tout est en surconsommation. Celle du sucre est évidente. Le sucre est sollicité énormément durant le Ramadhan. Il est évident que la femme a un grand rôle à jouer contre le gaspillage.

Une bonne initiative aura lieu pour le Ramadhan, avec une coopération entre l’Ugta et le ministère du Commerce pour mettre en place dans chaque wilaya des marchés où les producteurs vendront eux-mêmes aux consommateurs, supprimant ainsi tous les intermédiaires.

Pour en revenir au gaspillage, citons les universités qui jettent chacune plusieurs mètres cubes de pain, les éleveurs de volailles qui fournissent du lait d’enfants aux... poussins !

Par Said Abjaoui


Pour une action ferme des pouvoirs publics

Mahfoudh Harzelli, président de l’Union nationale de protection des consommateurs et Mohand Amokrane Bennadji membre de cette association ont animé une conférence-débat tendue vers la sensibilisation des consommateurs avant la célébration du mois sacré de Ramadhan.

« Le gaspillage des aliments par les ménages atteint des proportions graves pour l’économie nationale, sachant que la facture alimentaire est très élevée en devises fortes » soutient M. Harzelli.
L’éducation du consommateur entre dans les missions que s’est assignée l’Unpc : « La première des recommandations est d’acheter pour la satisfaction des besoins quotidiens. »

Droit du consommateur

«  Mais le plus important est que le consommateur apprenne à défendre son droit à la vie dans un environnement sain, dont participent :
- Le droit de choisir,
- Le droit à l’information sur le produit,
- Le droit au remboursement,
- Le droit à la sécurité,
- Le droit à l’assurance
- Le droit à l’écoute »
Ces droits doivent être effectivement protégés par les contrôleurs des prix, les vétérinaires, les contrôleurs de l’hygiène des établissements commerciaux, sans oublier les vendeurs de boissons «artisanales» vendues à la sauvette, sans aucune protection.

M. Bennadji évoque les vendeurs de poissons qui s’éloignent des villes pour «  brader » à bas prix les intoxications qui peuvent être mortelles.M. Harzelli a parlé des ventes sauvages de volailles et de viande de mouton le long des routes sans qu’aucune autorité n’intervienne !

Le consommateur ne doit pas se laisser tenter par ces aubaines, le commerçant régulier lui offrant plus de garanties que l’occasionnel ou celui qui participe aux marchés informels.Dans le processus marchand, l’offre et la demande est la loi. «Cela n’empêche pas que le producteur, le grossiste et le détaillant aient, chacun, leurs responsabilités. »

Marché du Ramadhan

L’Unpc est partie prenante avec le ministère du commerce pour «  sensibiliser les consommateurs, les associations en investissant  les marchés sur tout le territoire national au cours de cette campagne » assure Mahfoudh Harzelli.

Il informe que l’Ugta lancera les marchés du Ramadhan au niveau de toutes les wilayas du pays.
Le consommateur sera en mesure de consommer des produits vendus par le consommateur, ce qui protège son pouvoir d’achat et assure au producteur une «juste rémunération» de son travail.
Il est vrai toutefois de noter que ce ne sont pas tous les produits frais, légumes et fruits qui seront proposés… La leçon est qu’il y a mille et une possibilités de mise en œuvre de cette loi de l’offre et de la demande.

Faire son marché sans stocker

 C’est un acte social évident, une information de première main sur l’économie générale du pays, une évaluation du pouvoir d’achat et de la cherté de la vie. M. Harzelli soutient que les maîtresses du logis sont les plus indiquées pour lutter contre le gaspillage et le stockage de denrées  qui risquent de s’avarier :

«Les femmes savent ce qui est nécessaire chaque jour pour entretenir l’alimentation de la famille. A quoi sert-il d’acheter plusieurs variétés de pain ? D’avoir plusieurs pâtisseries dont plus de la moitié finira dans la poubelle ? Le stockage est l’ennemi de la stabilité des prix ! »

Hangar pour le pain perdu

M. Bennadji a dénoncé le gaspillage qui perdure dans les grandes  collectivités : «  J’ai vu un hangar (en cité universitaire) où le pain perdu était entreposé !» Ce gaspillage lui semble intolérable d’autant plus que le prix du ticket de restaurant est resté le même depuis l’indépendance… Il voulait plus s’élever contre le gaspillage d’un produit acheté au prix fort sur les marchés internationaux : «C’est une honte !»

 Le conférencier a toutefois convenu que tout dépend de la qualité de la nourriture servie et de raconter son expérience personnelles : «J’ai été hospitalisé pendant une semaine et je me suis plaint- publiquement- des conditions d’alimentation. J’ai écrit au ministre pour l’alerter »

Consommer algérien

L’UNPC s’engage dans cette opération qui débute le 26 mai et se termine le 3 juin : «C’est très important de soutenir la production nationale dans toutes ses dimensions. Cela valorise le produit et a des retombées sur la création d’emplois productifs ».

Cette campagne sera un succès si la traçabilité des marchandises est avérée, si leur qualité est certaine et la maintenance pour ceux qui la nécessitent est effectivement assurée.
Un conférencier ajoute malicieusement «si les responsables donnent l’exemple ! »
L’Unpc est, par ailleurs, en train de préparer une campagne de sensibilisation contre les vecteurs d’intoxication alimentaire durant la période estivale.

Par O.Larbi


Campagne nationale «consommons algérien»: Les responsables doivent donner l’exemple

En 2004, le Forum des chefs d’entreprises a lancé avec le concours de l’Union nationale des consommateurs algériens, une première campagne nationale pour la promotion de la consommation de la production locale.

Cette année, le ministère du Commerce a emboîté le pas du FCE en lançant à son tour, une campagne similaire dont l’objectif est d’inciter les consommateurs à consommer «Made in  Algeria». Pour M. Benadji, la réussite de cette opération nécessite l’implication non seulement des consommateurs mais aussi des hauts responsables qui doivent être au premier rang de cette campagne et donner l’exemple aux citoyens.  

Gaspillage du pain: Pourquoi ne pas le réutiliser ?

Vendu à moins de 10 DA, le pain est le produit alimentaire qui fait l’objet de plus de gaspillage dans les foyers mais aussi dans les universités algériennes. D’après M. Benadji, des tonnes de ce produit sont jetées quotidiennement à la poubelle alors qu’elles peuvent être réutilisées.
«Par le passé des campagnes de sensibilisation ont été menées pour informer les citoyens sur les différentes possibilités de réutilisation de ce produit. Malheureusement, cette campagne a été arrêtée au moment où elle a commencé à donner ses fruits».


Pour réduire le gaspillage durant le ramadhan: Désigner une seule personne pour les achats

Parmi les solutions préconisées par l’Unpc pour lutter contre le gaspillage alimentaire durant le mois sacré du Ramadhan, la désignation d’une seule personne dans chaque foyer pour effectuer les opérations d’achat. «Il arrive que les membres d’une seule famille achètent le même produit qui faute d’être consommé dans la journée termine sa course au fond de la poubelle.

Pour éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir, nous conseillons aux familles algériennes de désigner une personne qui devra se charger de l’approvisionnement afin de rationaliser les achats et réduire en même temps le gaspillage alimentaire», a indiqué M. Benadji.
Par R R