Les précisions de M. Davin, représentant de l’unicef : Les chiffres sur les violences faites aux enfants «ne sont pas le reflet de l'Algérie»

Publié par DK News le 15-06-2015, 17h07 | 48

Les chiffres sur les violences faites aux enfants «ne sont pas le reflet de l'Algérie», a déclaré dimanche à Oran le représentant du Fonds des Nations unies pour l'Enfance (Unicef) en Algérie, Thomas Davin.

«Ces chiffres-là ne sont pas le reflet de l'Algérie, d'abord parce que l'Algérie a ratifié depuis très longtemps la Convention relative aux droits de l'enfant», a précisé M. Davin lors d'une rencontre tenue à l'hémicycle de la wilaya dans le cadre de la campagne «Enfance : zéro violence, zéro silence».

«Au niveau du normatif dans lequel s'inscrit le pays, la violence est combattue depuis très longtemps», a-t-il observé, rappelant que «la police et la gendarmerie algériennes ont monté des cellules spécifiquement dédiées à la protection de l'enfant longtemps avant que la Convention des droits de l'enfant ne soit créée».

«Les statistiques autour de cette question ne sont donc pas représentatives de normes sociales», a insisté le représentant de l'Unicef, estimant que «les normes sociales sont, elles, le reflet d'un engagement qui démarre au niveau de l'individu et de la famille».

Au niveau mondial, les chiffres sur les violences dont sont victimes les enfants sont «aussi indéniables qu'inquiétants», a-t-il signalé, rapportant que «presque 100.000 enfants meurent des violences qui leur sont faites dans le monde chaque année, et cela à l'échelle planétaire».

«Ce ne sont pas des questions d'ordre marginal ou anecdotique, car quand on pose la question à des collégiens ou lycéens, un tiers d'entre eux disent avoir été victimes ou participants dans des bagarres dans leurs écoles», a révélé M. Davin. Au niveau algérien, une enquête a été menée sur l'ensemble du territoire en 2012/2013 par la représentation de l'Unicef avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.

«Un chiffre qui interpelle a trait au fait que 86% des enfants interrogés ont répondu oui à la question de savoir s'ils estimaient avoir été victimes d'une punition extrêmement sévère, qu’elle soit psychologique ou physique», a indiqué M. Davin. «Ce chiffre interpelle parce qu'il est établi que les enfants victimes de violences en souffrent beaucoup plus longtemps que la violence elle-même», a-t-il relevé, expliquant que «ce sont des enfants pour lesquels l'impact va être vécu quelquefois tout au long d'une vie».

«On ne peut pas rester impuissant ni certainement silencieux quand on a des impacts d'une aussi longue durée», a-t-il dit, ajoutant que «malheureusement, les enfants victimes de violence c'est, presque une fois sur deux, des enfants qui vont répéter cette violence envers leurs propres enfants, parce qu'ils estiment que c'est comme ça qu'on doit faire».

«Quand on parle de violences faites aux enfants, il faut parler de ce qu'on peut faire pour prévenir et accompagner les enfants victimes. On ne peut le faire qu'ensemble, c'est un travail multisectoriel, à mener par tous, à commencer par les enfants qu'ils soient victimes ou témoins, par les familles, les écoles, la société civile, et les institutions», a préconisé le représentant de l'Unicef.

M. Davin était accompagné à cette occasion de l'ambassadrice de bonne volonté de l'Unicef, la championne algérienne de judo Salima Souakri qui a réaffirmé son engagement, au titre de la prévention et de la lutte contre la violence, sous toutes ses formes.

Initiée en partenariat avec l'Association «Santé Sidi El-Houari» (SDH), cette rencontre a été ouverte par le président de l'Assemblée populaire de la wilaya (P/APW), avec la participation de plusieurs partenaires, à l'instar de la Direction de l'action sociale (DAS), du mouvement associatif local, de cadres de la sûreté nationale, de magistrats et de nombreux élèves.