Attentat de Sousse frappée en plein coeur de son économie, la Tunisie tente de se relever

Publié par Ramdane TAMANI le 29-06-2015, 17h53 | 23

Frappée en plein coeur de son économie, la Tunisie tentait dimanche de se relever en déployant les moyens nécessaires pour sécuriser les plages et les sites touristiques, à même de se débarrasser définitivement du fléau du terrorisme, qui a encore une fois endeuillé les Tunisiens.

Au lendemain du drame, un plan d'action «exceptionnel» a été annoncé dimanche, soit deux jours après l'attaque sanglante de Sousse, qui a fait 38 morts parmi les touristes, suscitant une vague d'indignation dans le monde.

Lors d'une réunion la veille à Tunis, les ministres tunisiens de l'Intérieur et du Tourisme ont examiné les moyens de protéger «les sites touristiques et les plages par des unités armées de la police», a expliqué le ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli.

Quelques heures après l'attentat qui a fortement compromis la saison touristique en Tunisie, le Premier ministre Habib Essid avait annoncé un plan «exceptionnel» et le déploiement «d'unités de la sécurité touristique, armées, le long du littoral ainsi qu'à l'intérieur des hôtels à partir du 1er juillet».

Les autorités ont aussi annoncé la fermeture de toutes les mosquées hors contrôle (80 mosquées) durant une semaine.

Avec l'attentat de Port El Kantaoui et celui du musée du Bardo en mars dernier (22 morts dont 21 touristes), également revendiqué par l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech/EI), la Tunisie ne peut «plus rester à l'écart de mesures difficiles», a reconnu M. Gharsalli.

«Cela est coûteux pour le ministère de l'Intérieur et pour le gouvernement financièrement et humainement», a-t-il souligné en évoquant «au moins 1.000 agents mis à disposition des sites touristiques».

Mais «nous sommes déterminés à protéger notre pays et à fournir la protection sécuritaire (nécessaire) en attendant de nous débarrasser définitivement du fléau du terrorisme», a encore dit M. Gharsalli.

Dans ce sillage, le Conseil national de sécurité tunisien devait se réunir dans la journée à la présidence, à Carthage, pour décider des «mesures complémentaires» à mettre en place après le massacre de vendredi.

Les autorités ont notamment décidé d'ouvrir une enquête pour établir un diagnostic global de l'attentat et déterminer les responsabilités et prendre les mesures nécessaires.

D'autre part une cellule permanente de communication pour le suivi et l'application des mesures urgentes prises suite à l'attentat terroriste, a été créée samedi. elle aura pour mission de «mettre en application les décisions et mesures urgentes annoncées.»

Un secteur vital, touchée en plein coeur
Avec 1.000 km de littoral, d'innombrables plages et des sites archéologiques de renommée internationale, la Tunisie a très longtemps été l'une des destinations phare des tours opérateurs européens.

Mais depuis les soulèvements de 2011 ayant chassé du pouvoir l'ex président Zine El Abidine Ben Ali, les bouleversements politiques, les tensions économiques et sociales et la montée de la menace terroriste ont pesé sur le secteur vital du tourisme - quelque 7% du PIB.

«Depuis vendredi, c'est le désert», selon un commerçant de Sousse. «Ce ne sont pas les Tunisiens qui vont sauver la saison touristique, et les touristes vont nous bouder pour une longue période».

Les réservations avaient déjà chuté après l'attentat du Bardo et dès vendredi soir, les touristes s'empressaient de quitter le pays. Selon des tours opérateurs britanniques et belges, quelque 4.500 touristes devraient avoir été rapatriés d'ici dimanche soir par des vols spécialement affrétés.

Selon le site de l'aéroport d'Enfidha, entre Sousse et Tunis, un avion quittait le tarmac toutes les 15 à 20 minutes dimanche. Le tour opérateur belge Jetair a annoncé l'annulation de ses vols vers la Tunisie jusqu'au 31 juillet.

Même chose pour le tour opérateur britannique Thomas Cook, qui a annoncé, la veille, la suspension de ses voyages vers la Tunisie jusqu'à la fin juillet et l'annulation de ses voyages programmés pour samedi et dimanche vers Djerba, en conformité avec une recommandation du Foreign Office déconseillant les déplacements vers ce pays pour le moment.

A Sousse, une source locale a confirmé le départ, samedi à l'aube, de près de 2.200 touristes britanniques et 600 autres belges, respectivement à bord de 10 et 4 avions. La commissaire régionale au tourisme, Saloua El Kadri, a déclaré que 420 touristes britanniques sur les 502 clients de l'Impérial Marhaba ont quitté le pays.

L'Algérie aux cotésde la Tunisie soeur
Condamnant avec la «plus grande force» l'attentat terroriste perpétré à Sousse, l'Algérie a exprimé sa «pleine et entière» solidarité avec la Tunisie, son peuple et son gouvernement.

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a fait part, dans un appel téléphonique à son homologue tunisien Habib Essid, au nom du Président de la République Abdelaziz Bouteflika, du»soutien et solidarité du peuple algérien suite à cet acte terroriste abject».

«Dans ces épreuves douloureuses, la Tunisie soeur trouvera toujours à ses côtés l'Algérie qui lui apportera soutien et appui», a ajouté Abdelmalek Sellal.

«Cet acte abominable, commis de sang froid ce vendredi du mois sacré de Ramadhan, est une transgression inqualifiable des préceptes de l'Islam qui sacralise la vie humaine. Mais c'est là une tentative vaine des terroristes pour porter atteinte aux valeurs de générosité et d'hospitalité du peuple tunisien frère», a, en outre, indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.