Propulsé au rang de premières passions des internautes de par le monde, le selfie est une pratique qui porte un marché économique prometteur autant qu’elle dissimule des dangers insoupçonnés.
On apprend ce qui suit sur le site du quotidien gratuit français 20minutes.fr : «Apparu dans le dictionnaire anglais en 2013 entre les mots selfhood (individualité) et selfish (égoïste), le selfie - soit l’autoportrait réalisé avec son téléphone. » De son côté l’encyclopédie en ligne décrit le selfie comme «autophoto ou égoportrait1 au Québec, est un autoportrait photographique».
Plus prosaïquement l’encyclopédie explique ainsi le procédé de réalisation du selfie : «Un selfie est réalisé en général avec un appareil photographique numérique, un téléphone mobile (téléphone intelligent ou photophone), voire une webcam.
Il est ensuite souvent téléversé sur les réseaux sociaux pour, notamment, attester de sa présence sur un lieu ou auprès de quelqu'un (notamment lors d'une photo volée ou consentante aux côtés d'une célébrité), renseigner son profil utilisateur ou son avatar sur un réseau social, partager son état du jour ou publier certaines scènes particulières» Considéré jusque-là comme une lubie d’une grande partie des internautes avides de marquer leur présence sur la toile, de récentes informations attirent l’attention sur ses dangers allant même jusqu’à affirmer que le selfie serait plus meurtrier que les requins, comme le rapporte la majorité des titres de la presse internationale ces derniers jours.
«En 2015, douze personnes auraient trouvé la mort en prenant un selfie contre huit à la suite d'une attaque de squale...», rapporte le quotidien gratuit 20minutes.fr sur la base de «chiffres compilés par Mashable [ndlr : site d’information s’intéressant aux réseaux sociaux]».
Ce site évoque le dernier décès causé par une prise de selfie, le 18 septembre dernier, quand «une touriste japonaise de 66 ans s’est tuée, smartphone à la main, en tombant dans les escaliers du célèbre Taj Mahal (Inde)», relate 20 minutes.fr qui précise que «quatre victimes de selfie cette année sont mortes après une chute.» L’observation du site Mashable lui permet d’avancer que les prises de photos les plus risquées sont celles faites devant des trains, ce qui amène le site du quotidien gratuit à noter que « les collisions avec un train constituent la seconde cause de mortalité dans cette «catégorie», soit parce que la victime voulait se prendre en photo avec un train, soit parce que l’image qu’elle souhaitait faire signifiait qu’elle devait se mettre en danger. »
La presse qui s’est intéressée à ce phénomène a pu relever d’autres comportements périlleux d’amateurs de selfie, à l’image de ce jeune pilote Amritpal Singh, à l’origine d’un crash d’un petit avion, au motif qu’il était occupé à prendre des selfies. Le site de 20minutes.fr confirme l’hypothèse en faisant référence à un «rapport publié la semaine dernière », à travers lequel, «le Conseil national de la sécurité des transports américains (National Transportation Safety Board) assure que le crash de ce petit avion, survenu le 31 mai 2014 dans le Colorado (Etats-Unis), serait notamment dû à une erreur du pilote car il avait l’habitude de prendre des selfies en plein vol.»
Pour étayer ses thèses, le conseil américain a exhibé un enregistrement vidéo dans lequel, rapporte 20minutes.fr, « on voit le jeune pilote de 29 ans proposer à ses différents passagers d’immortaliser la magie de ce vol à l’aide de son smartphone. Le manche à balai dans une main, il n’hésitait pas non plus, a priori, à envoyer des textos de l’autre. »
Plus dramatique encore, le cas de jeune Mexicain qui a voulu immortaliser son image avec un pistolet sur la tempe puis finit par s’oublier et presser la détente.Le quotidien gratuit 20minutes.fr rapporte une histoire similaire survenue « pour un couple de Polonais partis en vacances au Portugal. En s’approchant dangereusement de la falaise de Cabo da Roca pour faire un selfie, ils ont chuté sous les yeux de leurs enfants de 5 et 6 ans ».
La propension des internautes à se prendre en photo est sous tenue par le désir de visibilité sur le net, source d’une véritable course à ‘l’audimat’, «dans laquelle il faut recueillir le plus de «likes» (de «J'aime» sur Facebook) et de «followers» (d'abonnés sur Twitter),
les internautes n’hésitent plus à prendre des risques inconsidérés pour avoir leur quart d’heure de gloire », souligne le journaliste du site ajoutant que cela peut pousser à des limites insoupçonnées illustrées par le cas de ce jeune Britannique de 19 ans, qui en 2014, «a fini par faire une tentative de suicide, désespéré de ne pas trouver une photo de lui à son goût après avoir réalisé plus de 200 selfies en dix heures.»
Devant le nombre important d’accidents provoqués par les prises de photo périlleuses, 20minutes note qu’en France par exemple, «de nombreux lieux touristiques -le château de Versailles ou les parcs Disney, par exemple- ont d’ailleurs interdit les perches à selfies» ; le site ajoute qu’au début de l’été dernier, «le ministère de l’Intérieur russe a même publié une brochure d’information sur ces clichés ‘qui peuvent vous coûter la vie.»
Par Samy YACINE
Un rapport avec la psychopathie ?
C’est une étude américaine reprise par la presse d’information générale qui a porté le regard sur cette relation supposée entre la pratique des selfies et la psychopathie. Dans un papier mis en ligne en janvier dernier sur le site www.journaldelascience.fr, on peut en effet : «Les hommes qui publient très fréquemment des selfies sans y associer de texte seraient plus susceptibles que les autres de présenter des signes associés à la psychopathie, selon une étude américaine.»
L’étude a été menée par une équipe de chercheurs de l'Université de l'État de l'Ohio et a touché «800 hommes américains, âgés de 18 à 40 ans.» Dans le sillage des explications fournies par l’équipe de recherche on apprend ceci sur les personnes mettant en ligne des photos sans texte : «Ils veulent se voir. Ils ne veulent pas perdre de temps à écrire quelque chose», souligne un communiqué de cette université.
Une manne malgré tout !
Dans un papier consacré aux dimensions commerciale et économique du selfie, le site d’information www.slate.fr voit à la base de tout cela cet immense «besoin de reconnaissance par les autres, ce que comble notamment l’immense secteur des réseaux sociaux ».
A partir de là il est aisé de comprendre, selon le rédacteur de ce papier que «c’est aussi à cette attente que répond l’économie du selfie, puisque selon le magazine Fusion, la pratique de l’autoportrait réalisé à bout de bras - ou de perche - grâce à un smartphone mérite d’être considérée comme une activité commerciale à part ».
En effet, au niveau de l’industrie des nouvelles technologies, le constructeur Apple a fait dans l’adaptation de ses produits, notamment l’iPhone 6S dont il a «modifié le flash pour améliorer la prise de ces images, notamment de nuit ou dans le noir», note slate.fr qui ajoute que ce marché intègre également «les gadgets achetés pour perfectionner son art, comme on customise une voiture avec de multiples options.»
A côté de cela, le site évoque également d’autres acteurs qui ont surfé sur la mode des selfies pour en faire une activité lucrative ; à l’image, écrit-il «des réseaux sociaux de partage d’images comme Instagram ont incontestablement profité à plein de l’amour que les internautes se portent à eux-mêmes».
