Logiciel «tricheur» de Volkswagen : Scandale sous le capot !

Publié par Samy YACINE le 10-10-2015, 10h01 | 59

C’est peu dire que le constructeur automobile allemand Volkswagen va au-devant d’une forte zone de turbulence suite à la découverte de «logiciel tricheur» sous le capot de quelques 11 millions de véhicules qu’il a écoulés, notamment sur le marché américain.

La police allemande est déjà rentrée en action pour perquisitionner le siège allemand de la marque pour y mettre la main sur tout un dispositif et notamment des documents et autres systèmes de stockage des données informatique. «Trois procureurs et cinquante policiers se sont rendus au siège de Volkswagen pour y saisir des documents et des dispositifs de stockage de données informatiques. L'information a été rapportée par les procureurs de Braunschweig auprès de l'agence Reuters», lit-on sur le site www.turbo.fr qui précise que la perquisition touchera d’autres sites de la marque Volkswagen ainsi que des maisons appartenant à des responsables du groupe allemand, dans le cadre d’un scandale qui touche 11 millions de véhicules vendus par la marque «dont 8 millions au sein de l'UE et 948.064 véhicules en France».

Découvert par une petite unité de recherche d’une université américaine le pot aux roses des véhicules Volkswagen a été rendu public par l’agence fédérale américaine de protection de l’environnement EPA qui a accusé la marque « d'avoir profité de l'opacité sur le fonctionnement du calculateur moteur pour pousser plus loin l'algorithme en vue de tromper les tests anti-pollution », note http://tempsreel.nouvelobs.com, précisant que cette « triche se situe dans le calculateur moteur, sorte d'ordinateur qui anime le moteur des voitures modernes ». Cette source décrit ensuit le procédé : « il suffisait de paramétrer l'algorithme pour que le véhicule reconnaisse les moments où il subit un test et active à 100% le dispositif anti-pollution. Ce passage en "mode test" s'effectuait à partir d'une analyse de la position des roues, du volant (bloqué ou pas), du capot (ouvert ou fermé), ou encore la vitesse et la pression atmosphérique ».

La firme a immédiatement réagi aux accusations en reconnaissant les faits et en présentant des excuses. Invité à s’expliquer devant le Congrès américain, le patron américain de la marque Volkswagen Michael Horn, a présenté des excuses en son nom, de ses collègues et de l’entreprise Volkswagen» avant d’admettre avoir «brisé la confiance de nos clients, de nos concessionnaires et de nos employés », d’après le site du quotidien français lemonde.fr qui estime que ce dernier « a passé sans doute les deux heures les plus inconfortables de son existence, jeudi 8 octobre ».

Les explications de ce responsable ne semblent pas avoir convaincu beaucoup de monde parmi les parlementaires américains particulièrement remontés contre cet acte condamnable. Celui-ci s‘est en effet caché derrière la responsabilité de la maison mère seule à décider de l’efficacité des moteurs», ajoutant, selon lemonde.fr : « Ce n’était pas une décision d’entreprise, aucun conseil d’administration n’a approuvé cela ».

De son côté le groupe allemand a lancé une campagne de communication destinée à éviter une rupture trop brutale de l’image de marque et de la confiance des consommateurs. Le groupe ainsi décoder de mobiliser une provision de 6,5 milliards d’euros, « pour financer les mesures nécessaires et se donner les moyens de regagner la confiance de nos clients », dit le site www.turbo.fr qui note également que « Volkswagen ne peut tolérer aucune forme de violation des lois quelle qu'elle soit. C'est et cela reste la priorité absolue du Conseil d'Administration afin de regagner la confiance perdue et éviter des dommages à nos clients. Le Groupe informera le public, en permanence et de façon transparente, sur la poursuite des enquêtes ».

L’affaire du logiciel tricheur de Volkswagen aura été une opportunité d’enquête et d’analyse, notamment pour la presse internationale qui s’est penchée sur d’autres cas similaires de tricheries aux logiciels, non seulement dans le marché de la construction automobile mais sur d’autres segments ; comme celui des téléviseurs de Samsung. Beaucoup de chercheurs et d’universitaires ont également été sollicités à cette occasion pour rouvrir le débat sur l’impact des technologies informatiques sur notre vie quotidienne. Le fameux débat sur le rapport informatique et société est ainsi reparti avec beaucoup d’animation et pertinence. Il en ressort de manière générale que la transparence de la technologie et l’indépendance des contrôles demeurent pour le moment les seules parades susceptibles de mettre les usagers à l’abri de tels abus. De leur côté, les adeptes du logiciel libre donnent de la voix à l’occasion pour appeler à la nécessité de voir ce qui se trame dans un logiciel. Le site www.internetactu.net a ainsi donné la parole à Eben Moglen, avocat de la Free Software Foundation et président du Software Freedom Law Center, « grand chantre de la défense du logiciel libre » qui met à profit cette affaire du logiciel tricheur de Volkswagen pour rappeler que « cet exemple illustre toute la limite des logiciels propriétaires que nul ne peut inspecter ». Dans des propos tenus au quotidien américain New York Time, il a tenu à revenir sur l’idée que « nous devons exiger que les logiciels puissent être inspectés », prenant pour illustration l»affaire Volkswagen : “Si Volkswagen savait que chaque client qui achète un véhicule avait le droit d’en lire le code source, ils n’auraient jamais envisagé de tricher”, affirme-t-il.

Samy YACINE


Un mythe ébranlé ?

De passage devant les parlementaires américains pour les éclairer sur les dessous de ce scandale sous le capot des véhicules Volkswagen, le responsable américain de la marque en aura vu de toutes les couleurs.

Les élus ne se sont pas privés de dire leur haut-le-cœur devant cet acte «abominable». Représentant républicain du Michigan réputé pour son industrie automobile, l’élu Fred Upton n’est pas allé avec le dos de la cuillère : «Volkswagen a fait l’objet d’un véritable culte remontant à la Coccinelle…Mais au fil du temps, quelque chose s’est pourri à Wolfsburg et la tricherie et la trahison ont fini par faire partie de la stratégie de VW », a-t-il lancé selon lemonde.fr qui évoque une «culture généralisée de la tricherie, que les parlementaires américains ont essayé de décortiquer et de comprendre. Interrogé sur les réelles motivations de son entreprise, le responsable américain de Volkswagen lâche : « De mon point de vue, c’est la pression du système pour trouver des solutions [au problème] et la pression pour réduire les coûts ».


Et les autres ?

A l’occasion du scande du Volkswagengate, beaucoup se sont posés la question de savoir si d’autres logiciels tricheurs n’étaient pas en fonction en catimini, tapis sous les capots de véhicules d’autres marques. La radio française Europe1 a effectué une enquête sur ce sujet à l’issue de laquelle on peut lire sur son site web, « un autre système utilisé par de nombreux constructeurs (étrangers comme français) permettrait à leurs véhicules de passer sans encombre les tests antipollution. » II s’agirait selon cette source du système de «moteur bridé». Les techniciens « s’étonnent que plusieurs véhicules soient "bridés" lorsqu’ils sont testés à l'arrêt, comme le prévoit la procédure », note europe1.fr ajoutant qu’il «est impossible pour eux de vérifier si ces voitures sont propres ou non. Le technicien a beau appuyer sur l'accélérateur, très rapidement, le moteur plafonne. Il s’arrête le plus souvent à 2.500 tours minute, soit environ la moitié de ses capacités ».