Conférence au forum de DK News sur le rôle de la société civile dans la relance socio-économique : Une charte pour l'environnement

Publié par Said Abjaoui, O. Larbi le 24-10-2015, 18h08 | 388

On ne peut pas dire que la protection de l'environnement n'est pas une préoccupation des pouvoirs publics dans un contexte international de grande mobilisation et même de manifestation mondiale pour revendiquer un modèle économique qui en respecte les grands axes. Y participer et/ ou militer sur le plan national relève du patriotisme, car il faut bien aimer son pays pour lui consacrer tout son temps en militant dans une   association et plus encore en dirigeant la fédération nationale de la protection de l'environnement (FNPE)constituée par l'ensemble des associations engagées sur cette voie.

Hier, le forum de DK NEWS a accueilli pour une conférence débat Mme Fatma Zohra Zerouati présidente de la FNPE, Mr Bendahou Ahmed, président de l'association de Méchéria, Mr Abderrezak Messaad, SG de la fédération. Thème de la conférence, « Quel rôle pour la société civile dans la relance socio économique ?». Bien entendu, le développement national est la somme des développements locaux des collectivités locales. Mme FZ Zerouati ainsi que Mr Messaad ont tous les mis l'accent sur le pacte d'environnement et le pacte pour une charte locale , ce qui rejoint le projet  en cours annoncé à partir d'Oran par le ministre de l'intérieur et des collectivités locales, Mr Noureddine Bedoui qui parle de la charte des valeurs et de la démocratie participe.

Mme Zerouati est en pleins phase avec le ministre en ce que il faudrait une loi pour  « clarifier la relation participative entre le citoyen et l'administration » dans la gestion des affaires locales.

Elle insiste sur l'inévitable lien entre la participation du citoyen par le biais de l'association et la relance du développement local avec ses implications sur le plan socio économique.

L'implication du mouvement associatif dans ses premières préoccupations environnementales remonte à l'année 2005 qui a vu y participer un certain nombre d'associations puis dans une deuxième phase, le nombre d'associations a augmenté avec un élargissement de la prise en compte de la conscience.     

Mme Zerouati a insisté sur l'indispensabilité de la formation sur les questions de l'environnement, ce qui se fait dans le cadre de la coopération avec l'Union Européenne.

Nombre de points ont été évoqués à savoir l'évaluation des politiques de mise en œuvre , les instruments d'évaluation être,  de contrôle, en insistant, en revendiquant même la préférence dans les travaux d'expertise puisque ce sont en définitives nos cadres qui fournissent les données et font même le « travail » au profit des experts étrangers.

La culture environnementale doit commencer à l'école, par la mesure la plus simple, la mise en plan d'un arbre.

On reviendra sur le complément de ce forum

Said Abjaoui


Vert, le sud ! : Fatma Zohra Zerouati : «Le citoyen est un acteur du développement durable»

La présidente de la FNPE (Fédération nationale de la protection de l’environnement) a animé un débat sur «le rôle des associations dans le développement économique et social » à l’occasion de la Journée de l’arbre célébrée tous les 25 octobre.

« La fédération est la réunion d’un ensemble d’associations qui œuvrent chacune dans son domaine de prédilection. Son premier but est la conjugaison de tous les efforts pour améliorer la santé, l’éducation pour une vie meilleure dans un environnement adapté aux besoins.»

 

Toucher les gens

«Comment intéresser les gens aux problèmes de leur environnement ? Cela pose l’autre question : Quelles conditions pour une citoyenneté intégrale ? C’est-à-dire de contribuer dans la société à tout ce qui le concerne ? Les associations sont le vecteur de leur implication. »

Mme Zerouati est méfiante des grands projets qui ne partent pas des besoins exprimés de la population : » L’association est un acteur de terrain, elle travaille à une petite échelle, elle prend en compte les questions soulevées par les premiers bénéficiaires des projets. Elle les porte aux autorités pour les prendre en considération et ainsi multiplier les chances de l’adhésion et de la participation des citoyens. L’association favorise ce partenariat qui est important pour la durabilité de l’investissement devenu un bien public, non plus une action administrative prise dans la précipitation.»

La présidente de la FNPE dira que le mouvement associatif est caractérisé par cette formule : «Nous connaissons nos devoirs avant nos droits ! »

 

L’Etat et la société civile

M. Bendahou est de Mécheria dans la wilaya de Naâma. Il relate son expérience sur l’environnement local : « Pour des raisons de sécurité, l’Algérie avait mis en défens sur une largeur de 30 kilomètres les terres entre Tlemcen et Béchar ? Depuis 1974, ces terres ont connu un renouveau extraordinaire : la flore et la faune ont connu un développement significatif. Mais à Naâma, quand on a proposé aux fellahs de mettre leurs terres en défens, ils ont refusé. C’est l’Association qui a fait campagne pour la mesure, d’une manière très simple : des réunions avec des data show qui montraient les terres arides, sans aucune végétation d’un côté, et de l’autre côté de la route, des terres verdoyantes, des arbres, des plantes et des animaux qui y vivent en sécurité. «Bien sûr, ils s’inclinent devant les preuves. On est passé de 70 000 km2 à 1 000000 sur le territoire de la wilaya de Naâma. »

Autre expérience : «Nous avons expliqué aux élèves des écoles que les arbres plantés dans la ville doivent être protégés. En écoutant les personnes qu’ils côtoient, qu’ils respectent, ils se sont engagés. Depuis, les arbustes grandissent sans barbelés pour les protéger.»

«Ma méthode, c’est de parler aux autorités, aux premiers concernés, aux bénéficiaires. Quand tout le monde a la même information aussi bien sur les causes que sur les moyens et les objectifs, cela va tout de suite mieux et plus vite. Bien sûr, un administrateur qui écoute, des représentants de la partie concernée, l’association d’élus qui pensent réalisations et non réélection, cela modifie la perception des choses par le citoyen qui n’est pas seulement un habitant.» La plus belle réussite est la création de coopératives de jeunes qui collectent le lait de chamelles : ils ont contacté des universités pour maîtriser les méthodes de pasteurisation de ce liquide et sont en voie de le commercialiser en dehors de nos frontières. » Le lait de chamelle coûte 600DA le litre en Algérie. Cette réussite est à mettre au crédit d’un chef de daïra qui a compris l’importance de l’environnement et sa finalité sociale.

L’Administration locale a si bien compris la démarche qu’elle a aidé à l’organisation de journées d’étude sur la communication des associations.

 Le problème est quand les chefs de daïra ou les walis qui coopèrent sont mutés, «il faut tout reprendre de zéro», déplore M. Bendahou.

 

L’or bleu de Biskra

Abdelkader Chaïb Draâ est un acteur de la défense de l’environnement, mais tourné vers l’implication directe du citoyen : «Pour les espaces verts de l’hôpital et des structures de santé, nous avons institué un diplôme du nouveau-né. Contre le don d’un arbuste, le diplôme est illustré de la photo de l’enfant venu au monde. Les parents peuvent offrir plus d’arbustes. Le surplus est offert à la ville pour ses espaces verts. Les écoliers sont également mis à contribution, leur arbuste donnera un jour de l’ombre à la cour de récréation.

Cette implication des citoyens est volontaire, ne coûte rien aux collectivités locales, lie les donateurs dans une chaîne invisible.

 

Ingénierie sociale

M. Nouh est architecte. A Beni Isguen, il a mis au point un système adapté au mode de vie du moment : «La vie en logement d’immeubles fait perdre des habitudes ancestrales, par exemple, le pain non consommé est donné aux poules, les épluchures de légumes sont réparties entre les animaux élevés. J’ai demandé, après explication et l’acquis de l’adhésion des habitants qu’ils conservent le pain non consommé dans un endroit, le couscous  et les épluchures de fruits ou de légumes dans un autre, les assurant de leur enlèvement régulier.. Chaque semaine ces enlèvements vont former une quantité importante de nourriture pour les poules réunies dans un poulailler géant de 15 000 individus ; les autres déchets sont distribués aux chèvres. »

Chaque participant reçoit en contrepartie, une plaquette de 36 œufs ou 4 litres de lait de chèvre.

 

Développement local

L’architecte Si Abderrazak a défini le développement local comme « la solidarité locale qui crée de nouvelles relations sociales. Tout repose sur la volonté des habitants et sur l’écoute des autorités pour que le changement soit effectif car il est possible.» En conclusion de cette  réunion, tous les participants ont reconnu que depuis le début des années 2000, l’Etat a beaucoup fait pour l’amélioration  des conditions de vie, de santé et d’accès à l’eau, même s’il y a  un décalage entre les décisions et les réalisations. Toutefois la biodiversité, la protection des parcs nationaux, l’éradication des MTH sont réelles. Au plan international, le fait qu’Ahmed Djoghlaf, un spécialiste mondialement reconnu de la biodiversité, soit le coprésident de COP21 qui se réunira au mois de décembre à Paris renforce la position de l’Algérie dans la lutte contre les gaz à effet de serre, le rééquilibrage entre pays développés «  pollueurs » et pays en développement, premières victimes des conséquences du réchauffement climatique.

Souhila Ziddour, animatrice d’une émission « Ecologie » à l’ENTP, espère que, sur le terrain, tous les concernés travaillent en parfaite synergie.

O. Larbi