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Liberté d’expression sur les réseaux sociaux : La foire aux filtres !

Publié par Samy YACINE le 01-02-2016, 13h07 | 158
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 En ces temps de contrôle généralisé des communications sur les réseaux numériques, le rôle des réseaux sociaux est mis à rude épreuve. Ils sont interpellés de partout pour, en même temps laisser s’exprimer toutes les opinions mais  aussi faire à l’expression de faits et d’opinions portant atteinte à  des  valeurs en théorie partagées par la communauté internationale.

De nombreux témoignages font les choux gras de la presse internationale sur des méthodes de filtrage dont sont victimes de nombreux auteurs de propos ou position qui, selon toute vraisemblance ne devaient pas mener à une ‘’censure’’. Le site du journal suisse www.letemps.ch sur la ‘’mésaventure’’ vécue par un humoriste qui s’est vu interdire de page Facebook pendant une journée pour avoir émis un commentaire critique contre une décision d’un  parti politique suisse. Le tort de Thomas Wiesel, jeune humoriste de 26 ans est de s’être mêlé de « l’affaire de l’initiative dite de mise en œuvre du renvoi des criminels étrangers », rapporte le site ajoutant que «200 personnalités dénoncent l’initiative, la qualifiant, entre autres, de barbare. » Le site suisse rapporte que l’humoriste  « avait publié sur Facebook une vidéo où on le voit, au micro de la radio One FM, se moquer du tous-ménages romand distribué par l’UDC au sujet du renvoi des criminels étrangers avant le scrutin fédéral du 28 février ». Il estime qu’il s’est en effet empressé de dire ‘’tout le mal qu’il pensait de cette initiative’’, ce qui lui vaudra des déboires, puisque, souligne le même site, «  comme nous l’ont appris dans l’ordre son compte Twitter, la RTS, 24 heures puis 20 minutes, il l’a payé au prix fort: suspension d’une journée de sa page Facebook.» La presse helvétique a immédiatement pris cette affaire en charge pour souligner les incohérences des filtres imposés par les réseaux sociaux ; le site du journal suisse se fait ainsi l’écho de commentaires d’un journaliste de 24 heures,  écrivant : «La satire, les réseaux sociaux et la politique ne font pas toujours bon ménage. La mésaventure vécue par l’humoriste et comédien lausannois Thomas Wiesel, 26 ans, l’illustre. »

Sous le titre, ‘’Quand la censure des réseaux sociaux devient un bâillon’’, le site canadien http://ici.radio-canada.ca traite lui aussi de ce problème dans un papier  diffusé sur le site le 21 janvier dernier. Il y est question des péripéties subies par la  journaliste et bloggeuse Marilyse Hamelin qui,, écrit le site  « estime s'être fait injustement suspendre du réseau Facebook », au seul motif, poursuit-il qu’elle  « a publié un article qui dénonçait que seuls des hommes aient eu droit à des funérailles nationales au Québec, ainsi qu'une image contestataire sur le même sujet. » La     journaliste se dit victimes de trolls ou de la pression de la chanteuse Céline Dion dont des adeptes auraient cru que ces propos viseraient la mémoire de son défunt mari  René Angélil, récemment décédé. « En argot Internet, un troll caractérise ce qui vise à générer des polémiques. Il peut s'agir d'un message (par exemple sur un forum), d'un débat conflictuel dans son ensemble ou de la personne qui en est à l'origine. Ainsi, ‘’troller’’, c'est créer artificiellement une controverse qui focalise l'attention aux dépens des échanges et de l'équilibre habituel de la communauté », lit-on sur le site de l’encyclopédie en ligne Wikipédia.

Quoiqu’il en soit, la journaliste s’en prend aux méthodes du réseau social qui aurait dû, explique-t-elle, vérifier les arguments des uns et des autres avant de faire tomber la sentence. « Ça m'énerve, tout ça, mais je me suis rendu compte que le signalement représente un outil de plus dans le coffre des trolls », commente la journaliste tandis que son collègue animateur de radio, Matthieu Duga, qui a fait la présentation du cas avec elle, estime de son côté que l’usage du web est à méditer en ce sens, déclare-t-il, que : «À partir du moment où il y a quelqu'un qui ne vous aime pas, ou un groupe de personnes qui ne vous aime pas, vous êtes dans de beaux draps... Aller chercher de l'info sur le web sur à peu près tous les sujets est extrêmement facile, mais bonne chance pour essayer de trouver la manière dont Facebook gère ce processus de plainte! Le site exige la transparence de notre part, mais de son côté, c'est l'opacité la plus totale.»

Confronté aux mêmes problèmes de filtrage des propos sur son site Twitter semble avoir lui aussi opté pour la mise en place de règles d’utilisation clairement opposées à certains propos : « «Twitter ne tolérera pas des comportements tendant à harceler, intimider ou user de la peur pour réduire la voix d’un utilisateur au silence», précise-t-il dans un texte repris par le http://an-2000.blogs.liberation.fr qui rapporte l’histoire  ce bloggeur britannique qui aurait lui aussi subi un déclassement par Twitter : « Milo Yiannopoulos, troll emblématique, ne cessant de provoquer les féministes, a semble-t-il fait les frais de cette nouvelle politique », lit-on sur le site qui précise que ce dernier « a fait des féministes sa cible préférée », ce qui apparemment n’a pas été du gout de Twitter qui «  lui enlève son très solennel badge bleu, censé certifier son identité », ; selon ce même site Twitter aurait considéré que  « Yiannopoulos a enfreint les règles d’utilisation», d’après http://an-2000.blogs.liberation.fr qui estime qu’en optant pour une telle sanction, « de faire sauter le badge bleu de Yiannopoulos, ce qui équivaut à dire qu’il n’est plus lui-même, le réseau social invente une drôle de sanction, la déchéance de notabilité ». Une mesure à coup sûr improductive pour le rédacteur du papier qui ajoute qu’ ‘’en choisissant cette demi-mesure — laisser son compte ouvert mais le ‘’dé-vérifier’’ — Twitter cherche à abaisser le volume de son micro mais ne fait que porter davantage sa parole ».

Samy YACINE


Un choix pas facile !

Malgré ses engagements avérés pour la protection de  la liberté d’expression sur ses canaux,   Twitter, est contraint de serrer les  visses, notamment lorsqu’il est question de harcèlement. «Notre philosophie de la liberté d’expression ne veut rien dire si nous continuons à laisser des personnes se faire réduire au silence parce qu’elles sont terrorisées de parler», indiquait  sa directrice juridique dans un papier publié par la Washington Post, et repris par http://an-2000.blogs.liberation.fr, dont le rédacteur considère que  mettre  « le curseur entre une tradition de la liberté d’expression et cette nouvelle politique anti-harcèlement relève de l’équilibrisme pour Twitter ».


Que faire ?

Devant la prolifération des usages illicites du réseau internet et notamment pour véhiculer des idées extrémistes, des voix s’élèvent pour pousser à faire quelque chose. « Que faire alors ? Obliger les géants du web à obéir, à travers des lois liberticides ? Créer des "No Net Zones" en interdisant l'accès à internet dans certaines régions du monde comme en Syrie et en Irak, comme le préconisent certains ? » ; Autant de questions posées par le journaliste du site d’information  www.huffingtonpost.fr qui finit par s’en poser celle là : « La censure est-elle vraiment une réponse efficace au phénomène de radicalisation? » Au-delà, la véritable question est d’une toute autre nature dans la mesure où il n’est pas encore acquis que le réseau internet soit susceptible d’une censure des contenus.  A la question de savoir si cette piste est envisageable, le site huffingtonpost.fr se remet à l’évidence  soulignée par des spécialistes du réseau internet qui pensent, écrit-il que  « non, car techniquement ce n'est pas possible du fait que les contenus diffusés sur la toile sont dupliqués à l'infini et passent donc les frontières. »

 

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