Les difficultés annoncées depuis quelques mois du vieux portail internet Yahoo se confirment, se compliquent, laissant poindre les premiers signes du démantèlement du groupe. Les derniers résultats annoncés par la patronne sont peu reluisants même si le fond n’a pas été atteint comme le craignaient les analystes.
Mardi dernier, Marissa Mayer est venu donner les derniers chiffres qui le moins que l’on puisse dire, est qu’ils confirment le ‘’plantage’’ de la stratégie adoptée par cette quinquagénaire débauchée en 2012 de chez Google. « Cette patronne de 40 ans, ingénieure de formation, est une des icônes de la Silicon Valley depuis sa nomination à la tête de Yahoo! il y a trois ans. Oui mais voilà, le bilan de Marissa Mayer est plus que mitigé. Ce 19 avril au soir, elle a présenté des résultats trimestriels assez ternes pour ce fleuron d’antan du web américain », écrit le site www.challenges.fr, qui revient comme toute la presse internationale sur ces chiffres pathétiques ; des pertes nettes estimées à 99 millions de dollars pour le premier trimestre de l’année 2016, alors que ce résultat était bénéficiaire de 21 millions de dollars sur la même période de l’année dernière. Côté chiffre d’affaires, le score est également en baisse avec un plongeon de 11% à 1,1 milliard de dollars ; soit, explique challenges.fr, une « baisse de plus de 10% des revenus, alors même que le secteur de la publicité en ligne est en forte croissance et que Yahoo! a investi "des milliards de dollars" dans des acquisitions censées le renforcer ces dernières années ».
Ces résultats sonnent comme une confirmation des indiscrétions de ces derniers temps qui donnent de nombreux candidats en lice pour matérialiser le démantèlement annoncé du portail.
Arrivée il y a trois ans, Marissa Mayer avait suscité tous les espoirs de faire redémarrer le plus vieux portail internet du web.
Elle a entamé son plan stratégique par des investissements sur le secteur du mobile, où elle a tout de même pu faire progresser le taux d’utilisateurs passés à près de 680 millions sur les téléphones portables. Dans le domaine du streaming, elle a pu assurer la diffusion en direct sur le portail Yahoo d’événements musicaux et sportifs, augmentant ainsi le visionnage des fichiers vidéo de près de 80% en l’espace d’une année.
Des initiatives ont également été prises en direction de l’internet social et des publicités intégrées, de même qu’elle a porté le pourcentage des postes techniques spécialisés de 15 à 50% des effectifs du groupe, ce qui « a rapporté 1,7 milliard de dollars l’an dernier sur les 5 milliards de chiffre d’affaires au total », souligne le site challenges.fr
Un pont sur lequel elle a souvent eu à subir des reproches, une couteuse politique d’acquisition de près de 3 milliards de dollars qui lui a permis d’absorber de jeunes sociétés innovantes pour s’accapare leurs savoir-faire technologique ou leurs talents ; en 2013 elle a déboursé un milliard de dollars pour racheter la plateforme de micro blogging pour jeunes, Tumblr, qu’elle n’a depuis, jamais pu rendre rentable. En dépit d’une stratégie volontariste, Marissa Mayer n’est pas parvenue à redonner ce coup de jeune tat recherché au portail Yahoo. « Pas de chance, les finances ne se sont pas améliorées: la valorisation boursière de Yahoo! équivaut à peu près à la valeur de ses participations dans Alibaba et Yahoo! Japan. Dans un environnement ultra-concurrentiel, l’acharnement de Marissa Mayer n’a apparemment pas suffit », conclut le site challenges.fr
Lasse de ne pas pouvoir atteindre ses objectifs, Marissa Mayer ouvre une brèche dans l’édifice du groupe, en laissant entrevoir une possibilité de démantèlement dès le mois de février dernier ; elle annonçait alors « un plan de restructuration visant à économiser 400 millions de dollars d’ici la fin de l’année. Il prévoit une réduction de 15% des effectifs (environ 1 500 postes) ainsi que la fermeture de ses bureaux à Dubaï, Mexico, Buenos Aires, Madrid et Milan », relève liberation.fr, indiquant que le but de la patronne de Yahoo était de «donner la priorité aux marchés en croissance, comme l’Amérique du Nord, le Royaume-Uni, l’Allemagne, Hongkong et Taiwan ».
Lors de la séance de présentation des résultats de Yahoo, sa patronne a été peu bavarde sur les tractations en cours pour la cession de certaines branches du portail. A peine a-t-elle reconnu des contacts « certains des noms les plus connus et respectés du secteur », et indiqué que son groupe a «un calendrier énergique et bien défini pour avancer au rythme le plus rapide possible ».
D’après de nombreux organes internationaux de presses spécialisés les candidats à la reprise des activités de Yahoo sont nombreux même si, officiellement, seulement quelques acquéreurs ont officiellement manifesté leurs intentions. « Une quarantaine de prétendants, un candidat officiel. A quelques heures de l’échéance, l’opérateur télécoms Verizon est le seul à avoir donné suite pour le rachat des actifs internet de Yahoo. Il souhaiterait les rapprocher des activités de sa filiale AOL, rachetée pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) en 2015 », écrit la journaliste du site du quotidien français liberation.fr, ajoutant qu’il y a une semaine, « c’était au tour de la société mère du journal britannique et du site internet The Daily Mail de se montrer intéressée. Elle avait confirmé au Wall Street Journal mener des discussions avec des fonds d’investissement pour faire une proposition concernant Yahoo Finance, Yahoo Sports, Yahoo News, ainsi que les activités vidéos.»
Tout ceci au moment où des actionnaires du groupe ne cessent de réclamer des changements profonds ; « Le fonds activiste Starboard Value, qui détient 1,7% du capital de Yahoo, réclame le remplacement de l’intégralité du conseil d’administration lors de la prochaine assemblée générale », rapporte liberation.fr.
Marissa Mayer, une femme de com’
Malgré son échec à la tête du groupe Yahoo, Marissa Mayer, née en 1975, dans le Wisconsin, préserve toujours une image intacte. Diplômée en ingénierie de l’université de Standford, elle fait ses débuts dans le service informatique de la banque UBS, avant de rejoindre l’équipe de la jeune société Google où elle progresse de manière fulgurante grâce à son dynamisme et à son intelligence. « Fonceuse et imaginative, elle a imaginé des produits phares comme la célèbre page blanche du moteur de recherche et supervisé le développement de Gmail ou Google Maps », souligne challenges.fr qui explique que cela lui permis « d’hériter du surnom de "Googirl". Après un désaccord avec Larry Page – accessoirement son ex – elle quitte le géant du net pour le dinosaure en mal de renouveau ». Maîtrisant à merveille les ficelles de la communication, elle annonce sa grossesse à son arrivée chez Yahoo, et décrète 16 semaines de congé de maternité, pour finalement n’en prendre pour elle qu’une seule à la naissance de son bébé. Toujours bien habillée, elle occupe les Unes des magazines de mode et figure parmi les patrons les mieux payés du monde, donnant ainsi, comme le note challenges.fr, « un grand coup de pieds dans les préjugés qui veulent que beauté et raison, ou geek et chic, soient antinomiques ».
