La Fnac met la main sur Darty : Une bouchée trop grande ?

Publié par Cherbal E-M le 30-04-2016, 16h06 | 76

Même si elle n’a pas surpris les milieux avisés, l’acquisition de Darty  la chaine de distribution de l’électroménager par ‘’l’agitateur culturel’’, Fnac suscite tout de même quelques interrogations et laisse poindre de nouveaux défis pour les dirigeants de la Fnac. En course avec un autre distributeur, de meubles,  Conforama, détenu par le groupe sud-africain  Steinhoff, la Fnac n’avait à priori pas les moyens financiers de son compétiteur et a donc dû puiser dans ses réserves, s’endetter  et, pour ce faire, compter sur l’appui et la sollicitude de deux groupes financiers Rothschild et le Crédit agricole.

Après avoir obtenu au cours des premières tractations l’assurance d’avoir 10% du capital, la Fnac a dû sortir le grand  jeu et passer par ‘’un raid’’ de surenchères pour s’adjuger 51%  des parts. Durant les derniers jours de négociations et de surenchères, la Fnac a tout fait pour « acquérir les 29 % restants, les actionnaires (une quarantaine au total) ont donc été démarchés par téléphone durant tout le week-end, parfois plusieurs fois de suite, lors d’une véritable opération commando, raconte le site du quotidien liberation.fr  ajoutant que l’atout abattu était, «10 pence de plus par action en échange d’une vente immédiate et irrévocable de leurs titres ».

Au final le groupe culturel français parvient à s’octroyer les moyens d’aligner des chiffres impressionnants : «le chiffre d’affaires de la Fnac va passer de 3,8 milliards à près de 8 milliards d’euros et le nombre de salariés, de 14  000 à plus de 25  000 », note la presse française, dont certains titres se posent la question pour savoir si cela ne risque pas de mettre la Fnac devant de nouveaux défis bien au-delà de ses réelles capacités. Ainsi le journaliste du site liberation.fr admet bien que le distributeur français «  va devoir prouver que son doublement de taille … est de nature à la rendre plus profitable et plus à même de résister au rouleau compresseur du numéro 1 mondial du commerce en ligne, Amazon ».

Le patron de la Fnac Alexandre Bompard, à la manœuvre pour concrétiser cette opération compte bien profiter du dynamisme du marché de l’électroménager pour asseoir son business beaucoup plus ancré dans   le champ culturel, soufflé par les effets de la dématérialisation et des technologies de compression.   Pour cela il devra se mettre à l’ouvrage pour solutionner  un certain nombre de problématiques. En premier lieu se battre sur les marges pour offrir des prix compétitifs  sur les réseaux traditionnels de Darty et de la Fnac. « La Fnac a chiffré ces synergies à 130 millions d’euros, dont 85 millions sur les achats et le reste sur la mutualisation des investissements informatiques », note liberation.fr.

Le second enjeu est lié aux problèmes de la dématérialisation des supports culturels et pose à la nouvelle entité le problème de l’équilibre à trouver entre les ventes physiques et les ventes à distance sur supports dématérialisés. Certes Darty est redevenu bénéficiaire à l’aide des ventes en réseau physique, mais il n’est pas exclu que les ventes virtuelles se développent ; auquel cas,  fait remarquer liberation.fr, et « si la tendance à la dématérialisation devait gagner toutes les gammes de produits, le réseau de plusieurs centaines de magasins (263 pour Darty et 116 pour la Fnac) pourrait devenir un boulet. » En dernier lieu,le nouveau-né devra affronter les exigences réglementaires, notamment dans les grandes agglomérations où les magasins des deux enseignes ne sont pas loin l’un de l’autre. Dans ces cas-là, et pour  «éviter une distorsion de concurrence, la Fnac pourrait alors être contrainte de céder quelques magasins, essentiellement en centre-ville », explique ce même site.

 

 

CEM