Selon un rapport : L'école française, une machine à fabriquer les inégalités

Publié par DKNews le 28-09-2016, 16h45 | 37

L'école française est devenue une véritable machine à fabriquer et à favoriser les inégalités sociales, a indiqué mercredi une enquête du Conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO), soulignant qu'entre 2000 et 2012, la situation «s'est aggravée».

L'enquête, qui analyse 30 ans de politiques éducatives de la France dans le but de réduire les inégalités, a été menée par une quarantaine de chercheurs afin de trouver les facteurs amplifiant ces inégalités sociales et migratoires.

Dans l'avant-propos de ce travail de recherche, jamais accompli en France, la présidente du CNESCO, Nathalie Mons, a mentionné que les résultats des enquêtes révèlent tous les trois ans des inégalités sociales et migratoires en «forte progression», relevant que la France, «d’élève moyen» dans les années 2000, «se place désormais en toute fin de palmarès pour les inégalités à l’école».

«Les  inégalités ont progressé en France parce que, dans un premier temps, les élèves les plus défavorisés socialement voyaient leur niveau baisser.

Très récemment, les inégalités se développeraient plus encore parce que les résultats de l’élite scolaire sont, eux, à la hausse», a-t-elle expliqué, mentionnant que les élèves socialement défavorisés et issus de l’immigration sont victimes de «discrimination négative».

«On est loin du mythe de l’égalité de chances, qui suppose une égalité de traitement et, plus encore, de la promesse de 1982 de +donner plus à ceux qui ont moins+», a estimé la présidente du CNESCO, indiquant que la scolarisation précoce est une mesure «efficace» pour lutter contre les inégalités mais «faiblement» mise en £uvre depuis 2012.

Dans ce rapport sévère sur le système scolaire français, censé garantir l'égalité des chances, les chercheurs ont relevé que d'abord «les élèves arrivent inégaux à l’école en termes de bagage culturel, de niveau de langage, de familiarité avec les références valorisées à l’école», mettant en relief les effets pervers de l’éducation prioritaire, qui est en sorte «source de ségrégation sociale».

Ils ont soutenu ce jugement par le fait que les familles les «plus aisées» et «plus au fait» des stratégies d’évitement scolaire s’en détournent, alors que les enfants des familles qui y restent «sont stigmatisés, les attentes scolaires sont revues à la baisse, et les climats scolaires tendus», notant que la déperdition de temps d’enseignement est à sept semaines et demie sur une année scolaire de 36 semaines.

«Toutes les politiques scolaires depuis 30 ans et les budgets afférents resteront très peu efficaces si les écoles et les collèges les plus ségrégués ne font pas l’objet d’une politique volontariste de mixité sociale», recommandent les auteurs de cette enquête.