Le Monde rend hommage à Malek Chebel, cet universitaire "atypique fort de ses compétences croisées"

Publié par DK News le 16-11-2016, 15h41 | 38

Le quotidien français Le Monde a rendu mardi hommage à l'universitaire "atypique" l'Algérien Malek Chebel, décédé samedi dernier, qui était "fort de ses compétences croisées".
"Cet universitaire atypique, par sa polyvalence comme par son implication dans la vie de la cité et le débat d'idées, s'il est dès 1995 habilité à diriger des recherches en Sorbonne, multiplie les interventions, chargé de cours et de séminaires ou conférencier, tant en Europe (Bruxelles) qu'en Amérique (Berkeley et Stanford en Californie , UCLA à Los Angeles, Rockfeller University à New York, et Chicago) ou dans les pays arabes (Maroc et Tunisie)", a écrit le journal.
Dans cet hommage Le Monde rappelle son parcours riche en réflexion et en production pour la défense de la liberté "sous toutes ses formes".

"Fort de ses compétences croisées, cet anthropologue est soucieux de défendre la liberté sous toutes ses formes, liberté de vivre, de penser, d'aimer aussi", a-t-il relevé sur cet universitaire qui jouissait d'une "connaissance encyclopédique".

Pour le quotidien, sa connaissance encyclopédique de l'islam et de ses valeurs "l'a conduit aussi à multiplier les anthologies et les synthèses éclairantes, des plus sévères (Dictionnaire des symboles musulmans, Albin Michel, 1995) aux plus accessibles (il cosigne ainsi en 2008 dans une collection populaireLe Coran pour les nuls et L'Islam pour les nuls, dont la terrible actualité de 2015 fit un best-seller)", notant que l'anthropologue ne craignait pas les sujets tabous.

"Depuis Le Corps en islam (PUF, 1984), on sait qu'il ne redoute aucun débat, et quand il propose une pionnière Histoire de la circoncision des origines à nos jours (Balland, 1992), s'essaie à une Psychanalyse des Mille et Une Nuits (Payot, 1996) ou révèle les pratiques d'asservissement dans le monde musulman et leur inquiétante persistance (L'Esclavage en terre d'islam, Fayard, 2007), prolongeant le maître-livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau (Les Traites négrières", a-t-il soutenu, indiquant que Malek Chebel, cet "infatigable champion d'un islam des Lumières", s'inscrit dans une démarche "de mise à plat, loin des interdits comme des fantasmes, qui permet d'entendre l'apport de l'islam sans £illères ni parti pris".

Pour la traduction du Saint-Coran, le journal a précisé que l'auteur a tenu à proposer une "leçon nouvelle du Coran". "Au terme d'années de labeur, la version qu'il en donne, précise et respectueuse de la lettre, fondée sur une connaissance intime de la langue arabe comme sur une expertise scientifique du monde musulman, évite les écueils d'une poétisation suspecte comme toute surenchère de néologismes", a-t-il expliqué.

Il a souligné que "respecter l'esprit du livre en le rendant accessible au lecteur d'aujourd'hui est une gageure qui exige une humilité que ce grand lettré rieur et malicieux, d'une élégance morale comme physique jamais prise  en défaut, incarnait au mieux".