11e Festival international du théâtre professionnel : Les metteurs en scène explorent le psychodrame

Publié par DK News le 25-11-2016, 17h25 | 53

L'intellectuel avec ses conflits intérieurs et sa relation avec le politique a été au centre des £uvres théâtrales proposées jeudi dans le cadre de la compétition du 11e Festival international du théâtre professionnel (Fntp) et présentées dans différentes conceptions scénographiques.

Produite par le théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, la pièce «Boulemhayen», écrite et mise en scène par le comédien et dramaturge Mohamed Adar, a fait ressortir sur les planches du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (Tna) les difficultés tiraillant les intellectuels voulant préserver leur intégrité devant l'adversité, la corruption et la récupération politique.

Boulemhayen, campé par Abdelkader Boutera qui a réussit à jouer un personnage profond avec beaucoup de fluidité et de légèreté, avait rejoint une formation politique avec l'ambition d'améliorer les choses mais finit par se retirer car déçu par les agissements et les dérives de ses dirigeants qui étaient, dans le passé, des militants comme lui.
Dans un décor statique suggérant un espace clos, Boulemhayen se retrouve tiraillé entre les tentatives de récupération de ses anciens compagnons, aujourd'hui au pouvoir, et les appels à l'aide d'une nouvelle formation politique.

L'auteur élargit ces conflits à une confrontation entre modernité et tradition ou fortune et intellect dans un esprit qui ne trouve de refuge que dans les paroles d'un derviche inspiré du théâtre populaire.
Se passant de chorégraphie et de musique, le metteur en scène a préféré introduire plusieurs fois des chants berbères réécrits et portés par la voix de Nacéra Benyoucef qui a séduit un public encore peu nombreux.

Malgré la profondeur du texte, la pièce n'avait pour seul tempo que certains éclats de voix exagérés et des déclamations de poésie.
Cependant cette pièce reste l'une des rares pièces écrites par un auteur algérien contemporain en compétition.

Représentant le théâtre régional de Guelma, le metteur en scène Ali Djebbara a, quant à lui, proposé «Shaka Zulu», une pièce orientée vers le psychodrame et le théâtre universel, adaptée de l'£uvre «Le professeur Taranne» du dramaturge français Arthur Adamov (1908-1970), relatant la persécution d'un universitaire extravaguant accusé à tort d'exhibitionnisme et d'abus sexuels.

La profondeur du texte va au-delà de la persécution et entre dans un processus angoissant qui amène peu à peu la victime à se dépouiller de ce qu’elle croyait être pour devenir ce qu'on veut qu'elle soit.
Dénonçant des pratiques entravant l’émergence d’un débat public et l’émancipation intellectuelle avec une pointe de satire portée par les comédiens Issam Tâachit et Kenza Benboussaha, cette pièce a également privilégié un décor minimaliste qui ne joue pas de grand rôle dans une scénographie assez statique.

Inauguré mercredi avec la représentation de la pièce «El Iskafia» du théâtre régional de Skikda, adaptée du livre «La savetière prodigieuse» de l'Espagnol Federico Garcia Lorca (1898-1936), le 11e Fntp se poursuit jusqu'au 2 décembre avec encore 14 £uvres en compétition au Tna.