7e Festival international du cinéma d’Alger : Le documentaire iranien «Sonita» applaudi et débattu par le public

Publié par DKNews le 07-12-2016, 16h37 | 72

Le film documentaire «Sonita», consacré à l’histoire d’une adolescente afghane exilée en Iran et confrontée au poids des traditions de son pays dans la réalisation de son rêve de devenir une chanteuse de rap, a suscité mardi à Alger de nombreuses réactions du public du fait de l’engagement de sa réalisatrice, Rokhasareh Ghaem Maghami, dans la trame du film et de son influence directe sur le parcours de la principale protagoniste.

Projeté à la salle El Mouggar en compétition du 7e Festival international du cinéma d’Alger (Fica), dédié au film engagé, ce documentaire de 91 mn montre le travail d’une documentariste qui décide, au fil du film, de passer devant la caméra et d’aider matériellement Sonia Alizadeh, 18 ans, une jeune fille dont la famille veut la «vendre» en la mariant en Afghanistan, un pays qu’elle a fui depuis une dizaine d’années à cause des Talibans.

Accueillie à Téhéran dans un centre de réinsertion pour jeunes migrants afghans, Sonita voit son rêve de devenir une rappeuse contrarié par la volonté de sa mère, restée en Afghanistan, de la marier contre 9.000 Dollars, une somme devant permettre à son fils de se marier à son tour.

Rokhasareh Ghaem Maghami qui commence par filmer le quotidien de cette auteure de textes engagés en langue farsi, fan de la chanteuse Rihanna, se retrouve, pour aider cette fille et pour finir son film, à payer la mère de cette dernière puis à l’aider dans la réalisation de son clip et à l’obtention d’une bourse d’études dans un lycée aux Etats-Unis.

La réalisatrice qui développe durant ses entretiens avec Sonita une véritable complicité tout en refusant au début «d’intervenir sur le réel» qu’elle filme, devient ainsi une protagoniste du documentaire, une duplicité différemment perçue par le public durant le débat suivant la projection.  Une grande partie des spectateurs a longuement applaudi le film et salué «le courage» de la réalisatrice. 

D’autres se sont, en revanche, interrogés sur le rôle et «l’implication» de la documentariste dans le destin de Sonia, normalement condamnée à épouser de force un inconnu et à retourner dans un pays en guerre.

Des intervenants ont également interrogé la réalisatrice sur sa présentation d’une image «idyllique» de l’arrivée aux Etats ûUnis de Sonita, un pays pourtant «directement impliqué» dans la situation en Afghanistan, ont-ils souligné.

Rokhasareh Ghaem Maghami a, pour sa part, défendu et «assumé» le fait de «n’être pas une simple observatrice mais une partie évidemment et totalement prenante» de son documentaire et du parcours de son héroïne. 

Elle s’est aussi dite «embrassée» de montrer les Etats-Unis comme «un sauveur» de Sonita, alors que «sa (les Etats-Unis) politique étrangère et son argent, avec celui des Saoudiens, sont responsables de la situation en Afghanistan», a-t-elle dit.

Coproduit par l’Allemagne, l’Iran et la Suisse, «Sonita» avait obtenu deux prix au dernier Festival de Sundance aux Etats- Unis en janvier dernier.

Six réalisateurs de différentes nationalités, sur les dix-sept représentants autant de films en compétition, ont été invités pour le 7e Fica qui se poursuit jusqu’au 8 décembre.