11e FestivAlgérie: passerelles d'échanges et ouverture sur les autres cultures

Publié par Dk News le 22-12-2016, 14h56 | 48

La Compagnie "Outre mesure" de France, Fazila Rahimova d'Azerbaïdjan, l'Ensemble algéro-japonais et Mohamed Rouane (Algérie) ont animé mercredi à Alger le deuxième soir du 11e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes (FestivAlgérie), marqué par la richesse des échanges culturels.

Contraints d'attendre l'arrivée du public à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh, les organisateurs du 11e FestivAlgérie ont dû retarder d'une heure le programme de la soirée, suite aux informations qui leur sont parvenues, faisant état de la fermeture temporaire à la circulation de l'axe routier Ben Aknoun-Zeralda qui a subi d'importants dommages, causés par les intempéries.

La Compagnie "Outre mesure", représentant la France, a vite fait oublier ce léger désagrément au public peu nombreux, étalant un programme en deux parties, tiré des époques du XVIe et XVIII siècles et basé sur le rapport musique-chorégraphie.

Dans des pièces de danses, de cour royale et populaires fondées sur un travail spécifique sur les tempos, les dynamiques, les phrasés et les articulations, le quatuor français a ravi l'assistance par la découverte d'autres horizons de la musique ancienne et savante.

Lors de la partie "Renaissance", Robin Joly à la flûte, Benoît Leconte à la percussion, Bernard Subert à la clarinette et au Hautbois et Gaël Chauvin Lemeur à la Bombarde-Cornemuse (instrument traditionnel breton, muni d'une anche à son très puissant), ont exécuté des pièces de danses de cour, au pas lent et apaisé.

Ainsi, les pièces de danses, "gavottes" (ancienne, à rythme binaire), "Passe-pied" (à trois temps et d'un mouvement vif), "Ronde" (cercle de plusieurs personnes en mouvement) et "Pavane" (lente et solennelle), ont permis à l'assistance de revisiter le XVIe siècle avec intérêt.

Le volet "Musiques traditionnelles", de Bretagne (Ouest de la France) a mis en valeur des musiques de danses savantes et populaires du XVIIIe siècle comme celle de la "Gigue" (mouvements rapides des jambes, des talons et des pieds exécutés en solo sur un rythme vif à deux temps).

"Maqam bayati-chiraz", une pièce courte aux parfums et arômes azéris exécutée à la harpe orientale avec beaucoup de réussite par Fazila Rahimova a permis la transition à l'Ensemble algéro-japonais mené par Mohamed Saadaoui au qanun et Atsuko Suetomi au "Koto" (cithare, à cordes de soie enduites de cire), prônant la richesse, la tolérance et l'amour à travers l'ouverture aux autres cultures.

L'Ensemble algéro-japonais  a rendu hommage à la légende du malouf Mohamed Tahar Fergani, récemment disparu et au regretté chef d'orchestre Brahim Beledjrab, à travers l'interprétation de "Bachraf Dhil", une pièce du terroir andalou.

Mohamed Rouane et sa mandole blanche est ensuite intervenu pour clore cette soirée riche en échanges et en couleurs, interprétant brillamment avec le quintet qui l'a accompagné, des pièces inédites qu'il "compte mettre dans son prochain opus" et d'autres, de ses anciennes compositions, dans un genre musical qui renvoie au Jazz-fusion, qu'il préfère appeler "Casbah-Jazz".

Soutenu par le Franco-turc Emrah Kaptan à la basse, Said Gaoua à la percussion, Benabdellah Nedjar au piano, Mohamed El Amine Cheikh au nay (flûte orientale) et Mounir Baziz dit "Moon" au violon électrique, l'artiste s'est surpassé dans des envolées phrastiques de virtuose, montées sur des arrangements jazz dans une forme ouverte sur la modernité, avec des supports thématiques empreints d'authenticité.

Les inédits "Taghit", "Parfums d'Alger" et "El Hayet"(la vie), ainsi que les anciennes pièces "Jazz oriental" et "L'âme" entre autres, ont fait l'essentiel du répertoire rendu par le "poète de la mandole" (surnom de l'artiste), permettant également à ses musiciens de se distinguer dans des tours d'improvisations successifs.

Le public, attentif aux échanges et à la découverte, a savouré chaque instant de la soirée dans la délectation, donnant du répondant aux artistes dans des atmosphères chaleureuses.

Outre l'Algérie, représentée par trois Ensembles musicaux et des artistes en solo, une dizaine de pays, dont l'Irak, la Turquie et l'Azerbaïdjan participent au 11e "FestivAlgérie" qui se poursuit jusqu'au 25 décembre avec la tenue, en marge des prestations musicales, du 2e Symposium sur le "Qanun" et une exposition dédiée aux parcours des associations musicales.

Le "Trio grec" et les Ensembles, de musique andalouse "Anadil El Djazair" et "Les deux rives, Algérie, France, Italie" animeront la soirée de jeudi au même lieu et aux mêmes horaires.