Tabac : se sevrer grâce à une enzyme qui « ronge » la nicotine

Publié par DK News le 24-12-2016, 15h12 | 48

Parce qu'il est difficile d'arrêter le tabac, même avec des substituts nicotiniques, des chercheurs ont mis au point une enzyme capable de dévorer la nicotine avant qu'elle n'atteigne le cerveau.

Une nouvelle méthode de sevrage prometteuse, surtout pour les fumeurs les plus accros.

Patch et chewing-gums nicotiniques, médicaments, cigarette électronique, acupuncture... Pour 80% à 90% des fumeurs, les thérapies actuelles pour arrêter de fumer ne semblent pas vraiment fonctionner.

Une nouvelle étude scientifique publiée dans le Journal of the American Chemical Society pourrait bel et bien proposer l'ultime solution. Des chercheurs américains ont découvert une enzyme bactérienne capable de «ronger» la nicotine avant qu'elle n’atteigne le cerveau.

L'enzyme NicA2 est issue de la bactérie Pseudomonas putida. Cette dernière se développe dans les champs de tabac et consomme de la nicotine pour se nourrir de carbone et d'azote. Curieux de savoir si cette dégradation de la nicotine pouvait être utilisée à des fins pharmacologiques, les chercheurs ont testé son action chez des souris dépendantes à la nicotine.

Lorsque ces souris reçoivent l'enzyme NicA2, la demi-vie de la nicotine, c'est-à-dire le temps mis par la nicotine pour perdre la moitié de son activité physiologique, diminue drastiquement. Elle passe ainsi de 2 à 3 heures sans enzyme à 9 à 15 minutes avec l'enzyme. Selon les chercheurs, il existerait donc une dose idéale de l'enzyme pour réduire la durée de vie de la nicotine et l'empêcher complètement d'atteindre le cerveau. Privé de nicotine, le fumeur n'éprouve alors plus de satisfaction à fumer une cigarette.

«La bactérie agit un peu comme un petit Pac-Man», explique Kim Janda, l'un des auteurs de l'étude, en faisant référence à ce personnage de jeu vidéo de forme circulaire qui avale tout ce qui se trouve sur son passage. Au vu des performances de l'enzyme, les scientifiques ont effectué une batterie de tests, permettant de définir si cette enzyme pouvait aboutir à un traitement adapté. Ils ont alors constaté que l'enzyme était très stable, et ce même lorsqu'elle est stockée à 36,7° pendant trois semaines. De plus, elle ne génère aucune substance toxique lorsqu'elle dégrade la nicotine.

«Nous espérons désormais améliorer sa stabilité lors de nos futures études, de manière à ce qu'une seule injection ait un effet suffisant pendant un mois », précise Song Xue, co-auteur de l'étude. « Notre recherche en est à la toute première phase de développement de ce candidat-médicament, mais l'étude montre que l'enzyme a de bonnes propriétés pour aboutir à un succès thérapeutique », conclue Kim Janda.


Cancer du poumon : l'immunothérapie, un traitement prometteur

L'immunothérapie, technique fondée sur la réaction du système immunitaire, est le principal sujet du grand congrès annuel de cancérologie, qui s'est ouvert hier à Chicago. Au programme, la présentation d'essais cliniques prometteurs pour les malades du cancer.

Alors que les grands laboratoires présentent des molécules dernier cri aux mécanismes d'actions ultra-sophistiqués et à un coût souvent très élevé (des dizaines de milliers d'euros par malade), un traitement a retenu l'attention des médecins : l'immunothérapie.
Déjà remarquée lors des précédentes éditions de l'Asco, cette arme anti-cancer revient en force avec des résultats d'essais cliniques prometteurs à l'appui.

Immunothérapie : des effets supérieurs à ceux de la chimiothérapie
Selon les différentes conclusions, les effets thérapeutiques de l'immunothérapie seraient supérieurs à ceux des traitements conventionnels comme la chimiothérapie contre des cancers du foie, de la tête et du cou ainsi que contre la forme la plus courante de tumeur du poumon, dite non à petites cellules.

Le principe de l'immunothérapie : booster le système immunitaire (les lymphocytes) afin qu'il se défende plus efficacement face aux cellules tumorales. Initialement testé dans le cancer de la peau à un stade évolué, ce traitement a confirmé l'année dernière son intérêt avec les mélanomes dans une étude à grande échelle.

L'immunothérapie, efficace contre plusieurs types de cancers graves
"Le champ de l'immunothérapie ciblée devient de plus en plus emballant chaque année, a expliqué hier Lynn Schuchter, une spécialiste de l'Asco.

Les immunothérapies ne seront plus vues seulement comme des percées contre le mélanome, mais efficaces contre d'autres cancers pour lesquels quasiment aucune autre thérapie ne marche".
L'immunothérapie promet un taux de survie de plus de 30 %, voire le double
Parmi les essais cliniques présentés le 29 mai, un d'entre eux paraît très prometteur. Une expérience menée sur 582 malades atteints d'un cancer du poumon avancé non à petites cellules a montré qu'avec l'anticorps nivolumab, 19,2 % des patients voyaient leur tumeur se réduire, contre 12,4 % dans le groupe traité par chimiothérapie, avec un taux de survie de plus de 30 %, voire le double pour certains.

Le nivolumab neutralise une protéine appelée PD-1 se trouvant sur les cellules tumorales, qui leur permet d'être invisibles au système immunitaire.
"C'est le premier essai clinique de phase 3 montrant que l'immunothérapie est efficace contre ce cancer du poumon", a souligné le Dr Luis Paz-Ares, professeur de médecine à l'hôpital universitaire de Madrid, qui a mené cette étude.

"Il y a encore cinq ans on pensait généralement que c'était impossible d'avoir une immunothérapie efficace contre ce cancer", a rappelé Gregory Masters, un cancérologue de l'Asco.