Alors que l’Europe vit des moments de forte tension, suite notamment au dernier attentat qui a visé un marché des fêtes de fin d’année en Allemagne, le débat s’anime en France sur le niveau des dépenses de la Défense nationale.
A l’origine, une tribune parue ce mercredi dans Les Echos, signée du général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, dans laquelle il presse le gouvernement pour une ‘’augmentation progressive du budget de la défense’’, en vue de parvenir au seuil de 2% du PIB, et ce à l’horizon 2020. Pour rappel, la France s’est engagée avec les pays européens à atteindre ce niveau de budget vers 2024.
Le montant des dépenses de la Défense nationale contenu dans le projet de budget 2017 est estimé à 32,7 milliards d'euros, soit 1,77% du produit intérieur brut (PIB), et une stabilité par rapport aux chiffres de l’année 2016. Hormis cela, et comme le reconnaît le général dans sa tribune, «la tendance baissière des trente-cinq dernières années »a été stoppée grâce, notamment, au ‘’volontarisme’’ du ministre de la Défense, indique-t-il.
Convaincu que «le prix de la paix c'est l'effort de guerre», le chef d’état-major de l’armée française estime que l’effort budgétaire en faveur de la Défense nationale «ne pourra être ni allégé ni reporté, en dépit de la complexité de l'équation budgétaire étatique prévisionnelle».
La démarche du général est fondée sur le souci de faire comprendre, écrit-il «que le moindre décalage de cohérence entre les menaces, les missions et les moyens s'apparente au grain de sable qui grippe le système et conduit à la défaite», avant de souligner : «On ne gagne pas une guerre sans effort de guerre».
Juste après, le président François Hollande a été interrogé par des journalistes sur le propos du chef d’état-major. A la sortie d’un Conseil des ministres, dans la cour de l’Elysée, Hollande a fait savoir que le niveau du budget de la Défense était conforme aux objectifs fixés ; «
«Nous avons aujourd'hui les ressources nécessaires par rapport à nos objectifs, mais il y aura encore dans les prochaines années à faire des efforts supplémentaires» a-t-il déclaré, avant d’ajouter que «la loi de programmation militaire a été révisée à la hausse, aucune loi de programmation militaire sous la Ve République n'avait été révisée à la hausse».
François Hollande a également fait savoir qu’il a pris ses responsabilités en décidant «avec les premiers ministres successifs, de faire que nos armées puissent être dotées des moyens indispensables pour assurer nos missions à l'extérieur, celles que j'ai moi-même décidées pour assurer la protection des Français à l'intérieur, dans l'opération Sentinelle, et faire en sorte que nous puissions avoir une force de dissuasion qui soit crédible».
Candidat à la primaire de la gauche pour la prochaine présidentielle, Manuel Valls a réagi pour dire qu’il était favorable à une augmentation à 2% du PIB. «Nous avons le devoir de nous préparer à une guerre longue», a-t-il déclaré sur Europe 1, avant de poursuivre : «Nous l'avons fait au cours de ces dernières années en donnant plus de moyens à nos forces de sécurité, à nos services de renseignements, à nos armées, mais il faut nous préparer à cette guerre longue, donc, oui, il faut se donner cet objectif d'atteindre (...) 2% pour notre budget de la Défense, c'est-à-dire passer aujourd'hui de 32,7 milliards à un peu plus de 40 milliards à l'horizon 2025», selon une dépêche de l’AFP.