Gambie : Le président Jammeh toujours aux commandes, la Cour suprême renvoie son verdict au mois de mai

Publié par DK News le 11-01-2017, 17h32 | 33

La situation politique reste tendue en Gambie, où le président vaincu à l'élection présidentielle, Yahya Jammeh, est toujours aux commandes et compte sur le verdict de la Cour suprême qui a annoncé l'impossibilité de statuer sur le recours du chef de l'Etat sortant contre sa défaite électorale face à l'opposant Adama Barrow avant le mois de mai, faute de juges.

«Nous ne pourrons statuer que lorsque la Cour sera au complet», avec l'arrivée de juges attendus du Nigeria et de Sierra Leone dans les prochains mois, a affirmé le président de la Cour, Emmanuel Fagbenle lors d'une audience sur ce dossier, précisant que ces deux pays africains avaient indiqué ne pas disposer de magistrats pour remplir cette mission dans l'immédiat.

Une autre source a indiqué que la Cour suprême a annoncé que le recours de Jammeh ne pourra se faire qu'en mai 2017 en raison de l'indisponibilité du président de la Cour.

En attendant, l'audience a été renvoyée au 16 janvier, «un ajournement qui doit aussi permettre aux parties au litige de le résoudre pacifiquementavant que la transition (entre MM. Jammeh et Barrow, NDLR) ne s'achève», le 19 janvier, a souligné le président nigérian de la Cour suprême.

 Jammeh s'accroche au pouvoir à quelques jours de l'expiration de son mandat
Le président sortant Jammeh, au pouvoir depuis 1994, a annoncé le 9 décembre qu'il ne reconnaissait plus sa défaite à l'élection présidentielle du 1er décembre, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.

Le 13 décembre, le parti de M. Jammeh a saisi la Cour suprême d'une demande d'annulation de l'élection, arguant d'irrégularités dans la comptabilisation des votes et l'organisation du scrutin. Deux autres recours ont été déposés le 3 janvier.

Depuis ce revirement, le président sortant subit de nombreuse pressions extérieures, notamment de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays), pour quitter le pouvoir le 19 janvier, après l'expiration de son mandat.

Une nouvelle mission de la Cédéao,  comprenant le chef de l'Etat nigérian Muhammadu Buhari, son homologue libérienne Ellen Johnson Sirleaf - présidente en exercice de l'organisation - et l'ex-président ghanéen John Dramani Mahama, qui participaient déjà à celle du 13 décembre, est attendue mercredi à Banjul.

Le président Jammeh a limogé mardi, sans explication, son ministre de la Jeunesse et des Sports, Alieu K. Jammeh, qui n'a aucun lien de parenté déclaré avec lui, en poste depuis 2012.
Une mesure similaire avait été annoncée lundi pour son ministre de l'Information et de la Communication depuis janvier 2015, Sheriff Bojang. Ce dernier a affirmé dans un message sur Facebook avoir démissionné et s'être exilé au Sénégal voisin.

Auparavant, une source au ministère des Affaires étrangères avait fait part lundi de la destitution de douze ambassadeurs gambiens à l'étranger qui avaient appelé Jammeh à céder pacifiquement le pouvoir à Adama Barrow.
Une pression extérieure, un soutien de l'armée
Depuis ce revirement, le président Jammeh subit, d'un côté, de nombreuses pressions extérieures, notamment de la Cédéao, pour quitter le pouvoir le 19 janvier, après l'expiration de son mandat, mais de l'autre côté il a reçu le soutien de l'armée gambienne.

Le chef de l'armée gambienne, le général Ousman Badjie a réaffirmé le «soutien inébranlable» de ses forces au président sortant Jammeh, que de nombreux pays et institutions pressent de quitter le pouvoir.

«Je voudrais saisir cette occasion pour renouveler également à Votre Excellence l'assurance de la loyauté et du soutien inébranlable des forces armées gambiennes à Votre Excellence, au gouvernement et au peuple gambiens», a-t-il écrit.

Yahya Jammeh est un militaire de carrière arrivé au pouvoir par un putsch sans effusion de sang en 1994, qui a ensuite pris sa retraite de l'armée pour se consacrer à la politique dans cette ex-colonie britannique enclavée dans le Sénégal à l'exception de sa façade atlantique.
Il a été élu une première fois en 1996, pour cinq ans, puis réélu trois fois. Le 1er décembre, il briguait un cinquième mandat et a perdu, selon les résultats officiels, face à M. Barrow, un homme d'affaires.