Le taux de chômage n'est pas l'unique indice de la situation du marché du travail

Publié par DKnews le 15-01-2017, 19h10 | 43

Le taux de chômage n'est pas le seul indice de la situation du marché de travail lequel est aussi défini par une soixantaine d'autres indicateurs, a indiqué la directrice des statistiques de la population et de l'emploi auprès de l'ONS, Mme Amel Lakehal, dans un entretien à l'APS.

"Dans la perception des gens, le marché du travail est basé seulement sur le facteur chômage alors que les enquêtes menées par l'Office national des statistiques (ONS) auprès des ménages dégagent une soixantaine d'indicateurs pour décrypter les données de la situation réelle de ce marché", explique-t-elle.

Elle cite, dans ce sens, les indicateurs relatifs aux types de démarches effectuées par les chômeurs pour chercher un emploi, durée de recherche du travail, profil socio-démographique, ceux acceptant des postes d'emploi sous différentes conditions du travail, la population active, la répartition de la population occupée (âge, niveau d'instruction, secteurs d'activité)...

Interrogée sur la fiabilité des statistiques sur le chômage élaborées régulièrement par cet office public et que certains considèrent comme en deçà de la réalité, Mme Lakehal précise tout d'abord que le taux de chômage n'est en aucun cas un pourcentage comptabilisé sur la base de la population totale du pays mais plutôt par rapport à la population active, c'est-à-dire les personnes en âge de travailler et disponibles sur le marché du travail.

 

==Les enquêtes menées conformément aux critères du BIT==

 

A ce propos, elle observe que certains médias avancent que les chiffres de l'ONS ne seraient pas réalistes du fait que les femmes au foyer ou les emplois dans l'informel ne sont pas pris en compte, alors que la notion du chômage ne signifie pas toute personne en âge de travailler mais qui n'a pas d'emploi.

En effet, la résolution de la Conférence internationale des statisticiens du travail adoptée en 1982 à Genève précise qu'un chômeur est non seulement toute personne ayant dépassé un âge spécifié et sans travail mais qui est aussi "disponible pour travailler et a pris les dispositions pour chercher un travail", rappelle-t-elle.

L'ONS "travaille conformément aux normes et aux critères internationaux tels que recommandé par le Bureau international du travail (BIT) pour fournir aux décideurs des statistiques fiables et représentatives", affirme-t-elle.

Selon elle, même une personne qui a travaillé pendant une (1) heure seulement, durant la période de référence d'une enquête menée par un office des statistiques, est considérée par le BIT comme une personne ayant fait partie de la population occupée.

Dans ce sens, la représentante de l'ONS réfute les données publiées par certains "bureaux d'enquêtes et d'analyses" locaux non structurés qui, selon elle, avancent des chiffres d'une manière loin d'être méthodique et qu'ils énoncent comme étant des résultats "représentatifs".

"On trouve parfois des études statistiques et des sondages d'opinions menés à travers plusieurs filières et branches d'activités dont certaines ne nécessitent pas des méthodes rigoureuses, mais ce n'est pas le cas pour le marché de l'emploi qui exige la précision et la rigueur", insiste-t-elle.

Selon elle, il existe une déontologie dans ce domaine et tous les intervenants sont appelés à la respecter: "Nous ne pouvons en aucun cas prendre en considération les résultats d'une enquête menée sur un échantillon de 200 personnes seulement".

Les enquêtes de l'ONS sur le marché du travail sont menées auprès de 21.000 ménages à travers les 48 wilayas que compte le pays, et ce, avec un large échantillon comportant toutes les catégories d'âge.

A ce propos, elle soutient que l'approche de l'ONS est complètement différente de celle de ces "bureaux d'enquêtes et d'analyses".

"Nos méthodes d'enquêtes auprès des ménages sont fortement préconisées par le BIT. De ce fait, l'ONS est sollicité dans la sphère économique et sociale par les différents acteurs", avance-t-elle.

Questionné quant à ceux qui reprochent à l'ONS d'être une institution "en marge des mutations économiques actuelles", Mme Lakhal admet que des lacunes existent encore mais que des efforts sont engagés ou restent à déployer pour que cet office soit au coeur de cette transition à travers des formations et un renforcement sur les plans logistiques, financier et  humain.