Syrie : Les négociations de paix se rapprochent d'une «déclaration finale» qui puisse conforter une cessation des hostilités

Publié par DKnews le 24-01-2017, 16h20 | 48

Les négociations de paix entre le gouvernement syrien et les groupes d'opposition, en cours à Astana (capitale du Kazakhstan), devraient déboucher mardi sur une «déclaration finale» qui puisse conforter une cessation des hostilités.

Le gouvernement syrien et les groupes d'opposition engagés dans les pourparlers de paix d'Astana, entamés lundi sous le patronage de la Russie, de la Turquie et de l'Iran, ont affirmé attendre un renforcement du cessez-le-feu établi à la faveur d'une médiation russo-turque.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura a déclaré au deuxième jour de pourparlers de paix à Astana que: «Nous sommes proches d'une déclaration finale. Il y a des discussions très intenses car il ne s'agit pas juste d'un bout de papier, il s'agit d'une cessation des hostilités», estimant que les pourparlers pourraient s'achever dès mardi.

Appels à la mise en place effective d'une trêve

Les deux camps ont affirmé attendre avant tout des pourparlers un renforcement du cessez-le-feu  qui a conduit à une réduction des violences malgré des violations régulières.

L'envoyé spécial de l'ONU a néanmoins indiqué que les deux camps étaient «proches» d'une déclaration finale, qui devrait porter sur la création de mécanismes de surveillance et de consolidation du cessez-le-feu, instauré le 30 décembre, qui a conduit à une réduction de la violence malgré des violations régulières.

De son côté, le porte-parole de l'opposition, Yahia al-Aridi a appelé les parrains de la réunion à apporter plus de garanties sur la mise en place effective d'une trêve, régulièrement violée sur le terrain en dépit du premier cessez-le-feu conclu le 29 décembre sous l'égide de la Russie et de la Turquie.

Le meneur de la délégation rebelle, Mohammad Allouche, avait d'emblée insisté lundi sur le «gel des opérations militaires» et l'amélioration de l'accès à l'aide humanitaire pour la population civile.
Les rebelles exigent également l'arrêt des hostilités à Wadi Barada, zone clé pour l'approvisionnement en eau de Damas, où des combats se sont encore déroulés dans la nuit de dimanche à lundi.

«Le principal obstacle au succès de ces négociations sont les violations répétées (de la trêve) et la menace de déplacements forcés dans certaines zones», a affirmé un porte-parole rebelle, Ossama Abou Zeid.

Un membre de la délégation rebelle a déclaré que son groupe était d'accord pour que la Russie soit un des garants de la trêve actuelle, mais pas l'Iran, dont les milices combattent aux côtés des forces gouvernementales.

Les rebelles menacent de reprendre le combat

Les rebelles syriens ont en outre fait savoir qu'ils reprendraient le combat en cas d'échec des négociations, destinées en principe à servir de base aux pourparlers sous l'égide de l'ONU à Genève le 8 février.

«Si les négociations sont un succès, nous sommes pour les négociations. Si elles échouent, malheureusement, nous n'aurons pas d'autre choix que de continuer le combat», a prévenu Ossama Abou Zeid, un porte-parole de la délégation rebelle.

Les rebelles ont toutefois choisi de ne pas s'adresser directement aux représentants du gouvernement même s'ils étaient tous assis autour d'une même grande table ronde, à l'hôtel Rixos d'Astana.

Ces négociations sont les premières entre le gouvernement et des chefs rebelles syriens ayant plusieurs milliers de combattants sous leur bannière et contrôlant effectivement des territoires. Les opposants politiques sont cette fois cantonnés à un rôle de conseillers.

Parallèlement, une conférence sur l'urgence humanitaire en Syrie doit avoir lieu mardi à Helsinki en présence du patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien et du Haut Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Jusqu'à présent, les pourparlers ont tous échoué à mettre fin au conflit en Syrie qui a fait plus de 310.000 morts depuis 2011.


Accord Russie-Turquie-Iran pour un «mécanisme» de suivi du cessez-le-feu en Syrie

La Russie, la Turquie et l'Iran, parrains des pourparlers intersyriens d'Astana, ont convenu mardi de la création d'un «mécanisme» de mise en oeuvre et de surveillance du cessez-le-feu en Syrie.

«Décision a été prise d'établir un mécanisme pour surveiller et s'assurer de la complète mise en oeuvre du cessez-le-feu et pour éviter toute provocation», a déclaré le ministre kazakh des Affaires étrangères, Kaïrat Abdrakhmanov, lisant la déclaration des trois parrains de la rencontre d'Astana.

Ce mécanisme a été appelé de ses voeux par l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et soutenu par l'opposition, qui espère un «gel des opérations militaires», notamment à Wadi Barada, zone clé pour l'approvisionnement en eau de Damas.

Les trois pays se disent également en faveur de la participation des factions de l'opposition aux prochains pourparlers de paix qui doivent se tenir à Genève le 8 février sous égide de l'ONU. «Il n'y a pas de solution militaire au conflit, qui ne peut être réglé qu'à travers un processus politique», indique le document.

La Russie, l'Iran, et la Turquie promettent en outre «d'utiliser leur influence et des mesures concrètes sur chaque partie pour consolider le cessez-le-feu», instauré le 30 décembre, et qui a conduit à une diminution des violences malgré des violations régulières.

Une des principales demandes des émissaires du gouvernement syrien, la séparation stricte entre les groupes de l'opposition considérés comme «modérés» et les terroristes du groupe autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech), du front Fatah al-Cham (ex-Front al-Nosra, Al Qaïda en Syrie) figure également dans le document.

Cette déclaration finale n'a pas été signée par les deux délégations syriennes, qui ne négocient pas face à face, mais présentée par les parrains de la rencontre d'Astana.