Affaire des salaires de l’épouse de François Fillon : Fillon, candidat chancelant ?

Publié par Cherbal E-M le 31-01-2017, 17h42 | 102

Les révélations du Canard Enchaîné sur les salaires de son épouse, soupçonnée d’avoir occupé des emplois fictifs sonnent comme un véritable coup de massue sur la tête du candidat de la droite François Fillon dont l’avenir politique peut être totalement remis en cause au regard des premiers éléments  de recoupement de cette affaire.

A commencer par la stratégie de défense adoptée et la riposte organisée, dont les conséquences ont juste servi à épaissir les doutes, et à soulever de nouvelles suspicions.

Là où beaucoup d’observateurs lui auraient conseillé de faire le dos rond, pour voir passer la tempête ou, à tout le moins de faire dans le mea culpa honnête et sincère, François Fillon a sonné la charge en démentant les informations du journal satirique, criant à la stratégie des ‘’boules puantes’’ ; une référence au général de Gaulle, sollicité par ses proches pour utiliser des informations compromettantes contre son rival François Mitterrand, en 1965, a rétorqué ne pas se permettre de ‘’faire une campagne avec des boules puantes’’.

Dans son élan impulsif, le candidat de la droite à la prochaine élection présidentielle s’est tiré une balle dans le pied en déclarant sur le plateau de TF1 qu’il lui était même arrivé d’employer contre rémunération sur la cagnotte des frais parlementaires, deux de ses enfants, avocats.
Aux précisions des journalistes qui ont enquêté auprès du barreau de Paris pour découvrir qu’à l’époque ces deux enfants étaient encore étudiants,  ses proches évoquent une ‘’erreur de langage’’, lui prêtant l’intention de parler de leur statut actuel.

Ensuite, les premières étapes de l’enquête ouverte par le parquet financier de Nanterre (Paris), même si elles n’ont laissé filtrer aucun élément d’information nouveau,  laissent supposer une confirmation des soupçons révélés par la presse.

Les deux premiers témoins convoqués – Michel Crépu, l’ancien directeur de La Revue des deux mondes et Christine Kelly, la journaliste biographe de François Fillon- ont déjà indiqué ne pas avoir eu connaissance d’activités professionnelles régulières de Madame Fillon.

Autre élément concourant à l’affaiblissement du candidat de la droite, l’impréparation de  son camp politique à une telle éventualité, en ce moment précis, ce qui laisse transparaître déjà des doutes et interrogations y compris au sein de sa famille politique de Fillon sur un possible retrait de sa candidature.

Alors que pour lui, cette éventualité n’est envisageable que si son honneur est touché ou s’il est mis en examen, des commentaires fusent déjà sur la nécessité d’un plan B pour la prochaine échéance présidentielle.
Les partisans de Nicolas Sarkozy se seraient vite mis à l’œuvre pour échafauder les plans de substitution.

Alors que Sarkozy lui-même, faisait savoir que ‘’ la question n’était pas posée’’, le site du journal français www.marianne.net avance que dès la parution du Canard Enchaîné, « un ancien ministre sarkoziste demandait à ses équipes d’examiner la charte de la primaire et les statuts du parti», avec comme objectif avoué, selon la même source, de savoir «quel processus pour désigner un candidat de substitution ?».

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, battu à la primaire de la droite, a feint d’exclure de jouer le candidat de substitution, en refusant, a-t-il, souligné ‘’aujourd’hui, à l’instant T’’, d’envisager cette éventualité.
Pour le reste il faut attendre pour voir, car les choses pourraient se précipiter, dans la mesure où le cours de l’enquête semble aller à un rythme accéléré.

Marine Le Pen, restée discrète sur cette affaire, semble, en tout cas voir juste lorsqu’elle fait remarquer : « Il n'est pas très bon signe pour Fillon qu'un certain nombre de ses amis commencent à se poser la question de qui va le remplacer».