Santé

Bébés secoués : 9 questions au pédiatre

Publié par DKnews le 01-02-2017, 15h01 | 42
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On ne le sait pas toujours mais secouer violemment un bébé peut provoquer de graves lésions cérébrales. Pour que ce type de maltraitance n'arrive plus, voici les recommandations du Pe Michel Roussey, professeur honoraire de pédiatrie Université de Rennes I, membre du Haut Conseil de Santé Publique et expert près la Cour d'Appel de Rennes.


Qu'entend-t-on par "bébé secoué" ?

C'est le fait de secouer violemment un bébé de quelques mois (de moins six mois le plus souvent, mais pouvant aller jusqu'à deux ans), parce qu'on est très énervé par ses pleurs .

A cet âge, le nourrisson ne tient pas bien sa tête, car les muscles de son cou ne sont pas encore très développés. Le secouer brutalement provoque des mouvements brusques d'avant en arrière, et latéralement. Le cou ne résiste pas à ces chocs. Cela provoque des dégâts cérébraux importants, souvent irréversibles, parfois fatals.

Est-ce que ces lésions peuvent survenir après un jeu ?

Non, ça n'est pas pareil. Les études montrent que lancer un bébé en l'air (ce qui n'est pas conseillé) et le rattraper n'engendre pas les mêmes mouvements de tête, ni la même force !

De plus, des lésions comme celles qui surviennent lors de secouement n'ont jamais été observées suite à un jeu. Mais, attention, le jeu doit toujours être adapté à l'âge de l'enfant : on ne lui fait pas faire l'avion s'il ne tient pas sa tête ! Par sa violence, le secouement est toujours un acte volontaire. Cela ne peut être un geste maladroit ou malencontreux de la vie quotidienne.

Quelles sont les circonstances les plus fréquentes ?

Ce sont les pleurs du bébé qui déclenchent la colère et la perte de contrôle qui vont mener au secouement. Le bébé est empoigné par l'adulte qui le secoue pour le faire taire. Ce n'est pas dû à une chute de la table à langer ou d'une chaise haute, qui peut elle aussi entraîner un traumatisme crânien, mais sans les mêmes conséquences. Cela peut aller très vite, en quelques minutes. Et il suffit d'une seule fois pour causer des dégâts irréversibles.

Quelles sont les séquelles ?

Cela provoque des traumatismes crâniens , donc des hémorragies cérébrales, des lésions de la moelle cervicale, un œdème cérébral lié au manque d'oxygène, comparable à un accident de voiture avec plusieurs coups du lapin successifs ! La grande majorité de ces bébés souffrent par la suite de graves handicaps (épilepsie, cécité, retards mentaux ...), 10 % d'entre eux en meurent immédiatement.

Avant l'âge de six mois, les séquelles sont toujours importantes. Après, l'enfant est plus lourd et plus âgé, les conséquences peuvent être moins graves. Quelques-uns (mais pas beaucoup) s'en sortent sans séquelles, cela dépend de l'âge et de la force des secousses subies. Mais on sait aujourd'hui, que des séquelles peuvent aussi être visibles bien plus tard : des difficultés d'apprentissage en primaire, voire en secondaire, peuvent être liées à ce type de traumatisme crânien.

Est-ce normal d'être irrité par les pleurs de son bébé ?

Oui, c'est normal et cela arrive à tous les parents . Ce qui ne l'est pas, c'est de perdre le contrôle de soi au point de devenir violent contre son enfant.

Dans l'idéal, il ne faudrait jamais s'énerver contre un bébé ! Mais, certains nourrissons pleurent beaucoup et c'est très agaçant pour tout le monde : les parents, les frères et les sœurs, la nounou qui le garde. Surtout, le soir ou la nuit, où il ne faut pas réveiller les autres enfants de la fratrie, ni les voisins. Une étude a d'ailleurs montré que le syndrome du bébé secoué est plus fréquent en ville qu'à la campagne, où l'on peut laisser pleurer un bébé sans déranger ses voisins...

Pourquoi certains enfants pleurent-ils vraiment beaucoup ?

Il faut savoir qu'un bébé peut pleurer jusqu'à trois heures par jour au cours des trois premiers mois. Passé trois mois, les pleurs diminuent généralement. Mais certains, parce qu'ils ressentent de l'angoisse, de leur mère parfois, peuvent continuer de pleurer . Des parents, notamment s'ils sont jeunes, peuvent ne pas connaître, ni comprendre les besoins de leur petit. Et la tolérance aux pleurs d'un bébé est très variable d'une personne à une autre. Il faut se méfier. La personne qui secoue est le plus souvent un adulte proche de l'enfant : l'un des parents, la personne qui le garde...

Les médecins en parlent-ils aux parents?

Peut-être pas assez. Et les jeunes parents sont souvent noyés d'informations. On trouve une demi-page sur les bébés secoués dans le carnet de santé de l'enfant. Or, la prévention est très importante. Il faudrait aborder le sujet pendant le dernier mois de la grossesse, puis au cours de la première consultation chez le pédiatre ou avec la sage-femme.

Il faut une "prévention des pleurs" : savoir que les pleurs sont le mode d'expression d'un bébé, qu'ils peuvent signifier qu'il a faim, que sa couche est sale, qu'il a mal au ventre ou qu'il est fatigué. Mais, qu'il peut aussi pleurer parce qu'il ne sent pas suffisamment en situation de sécurité. Quand le bébé est gardé par une nounou, il ne faut pas hésiter à en parler avec elle.

Comment réagir si on commence à s'énerver ?

La première chose à faire, c'est de poser le bébé dans son lit sur le dos et de quitter la pièce. Il ne faut pas avoir peur de le laisser un peu seul, même s'il hurle ! Dans son lit, il ne risque rien. Demander ensuite de l'aide à un proche.

Soit le papa s'il est là, soit une amie ou une voisine à qui l'on peut parler, au besoin même par téléphone ! Parler à une tierce personne permet de désamorcer la montée de la colère. On peut aussi écouter de la musique, ou sortir faire un tour si quelqu'un est là. Le but est de trouver une solution d'évitement, de se changer les idées, de se "désénerver".

Plus tard, et pour éviter que la situation ne se reproduise, il est recommandé de parler à son médecin, au pédiatre ou à la PMI de ses difficultés face aux pleurs.

Que faire si on croit avoir malmené son bébé ?

Il faut consulter son médecin sans tarder ou aller aux urgences si l'état du bébé est inquiétant ( vomissements , perte de connaissance...). En l'hospitalisant, on pourra lui faire les examens indispensables (IRM..) et traiter le traumatisme crânien (repos, évacuation d'une hémorragie..). Cela permettra également de protéger l'enfant, et d'éviter que cela ne se répète.


Enfant : votre bébé est-il un BABI ?

Difficilement satisfaits, les BABI sont des Bébés aux Besoins Intenses. Ils ont constamment besoin des bras de leurs parents pour être rassurés. Nos conseils pour ne pas se sentir désarmée face à ces bouts de chou qui ne laissent aucun répit.

C'est un pédiatre américain, le Dr Sears, qui, dans les années 80, a défini les BABI (bébés aux besoins intenses) selon des critères très précis. « Il y a toujours eu des enfants plus difficiles, plus demandeurs que les autres, nuance le Dr Sarah Bursaux, pédiatre à Paris et co-auteur de "La première année de Bébé, c'est malin" (éd. Leduc. s).

Ce qui est nouveau, c'est qu'on les regroupe sous cet acronyme et qu'on essaie aujourd'hui de trouver comment satisfaire leurs besoins spécifiques. » Les mamans sont nombreuses sur les forums à évoquer la difficulté de répondre aux besoins de ces bébés. Mais le phénomène est encore peu reconnu en France.

Cris, pleurs, colères sont exacerbés

« Ce sont souvent des enfants qui dorment peu , qui se réveillent dès qu'on les pose et qui pleurent beaucoup , note le Dr Bursaux. Leur rythme est épuisant, car il faut les prendre dans les bras non-stop. » Impossible en effet pour les BABI de s'endormir en poussette ou en voiture, qui bercent généralement les tout-petits. Ils ont aussi une sensibilité exacerbée, qui les pousse à réagir intensément aux événements (cris, pleurs, colères etc.).

Rarement satisfaits, ils sont très difficiles à calmer et ne supportent pas d'aller dans les bras d'autres personnes que leurs parents. « En fait, ce sont des bébés très insécures, poursuit la pédiatre. Ils ont d'ailleurs fréquemment besoin de téter pour être rassurés. » Doués d'une activité motrice incessante, ce ne sont pas pour autant des enfants hyperactifs.

Consulter un pédiatre est la première chose à faire. Ces pleurs continuels peuvent en effet être dus à des coliques, un reflux ou des poussées dentaires douloureuses. Prenez ensuite le temps de l'observer pour savoir comment répondre à ses demandes.

S'il se trouve rassuré dans vos bras, procurez-vous une écharpe ou un porte-bébé. Une fois apaisé, vous pourrez ainsi vaquer à vos occupations.

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