Histoire

Vu par un compagnon d’armes Benboulaïd, un héros hors pair

Publié par DK News le 03-02-2017, 16h55 | 108
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Ceux encore vivants parmi les compagnons d’armes du chahid Mostefa Benboulaïd affirment unanimement qu’il était «un homme exceptionnel et un héros hors pair».

Rencontré par l’APS à la veille de la célébration du centenaire de la naissance de Benboulaïd, Amar Belaggoune qui fut le camarade de jeunesse et son compagnon dans le mouvement nationaliste du chahid assure que «Si Mostefa né dans une riche famille n’a jamais pensé à sa richesse, ni à sa famille.

Il avait choisi résolument la voie du militantisme pour la patrie».
Agé aujourd’hui de 92 ans, ce moudjahid affirme que Mostefa était ‘‘imprégné de l’amour de l’Algérie et de ses compatriotes et tous les habitants de la région d’Arris et ses environs l’aimaient pour sa modestie».

Et lorsqu’il devint, ajoute-t-il, un des responsables de la révolution, il se considérait toujours comme une «simple soldat» parmi les autres moudjahidine.
Pour Belaggoune, «l’administrateur d’Arris de l’époque qui s’appelait Fabier, détestait le groupe du PPA (Parti du peuple algérien) animé par Benboulaïd et l’administration coloniale a même tenté d’asphyxier financièrement Benboulaïd accordant l’exploitation de la ligne Arris/Batna à un de ses concurrents, mais les habitants de la région prenaient exclusivement les autocars de Benboulaïd et boudaient les autres qui faisaient les aller et retour totalement vides». 

Le même moudjahid se souvient d’avoir accompagné Benboulaïd à N’gaous durant les années 1940 pour vendre certains de ses cars pour collecter les cotisations des militants nationalistes en France.
Il s’était ensuite rendu vers le marché de Zéribet El Oued (Biskra) pour acheter des cartouches de la seconde guerre mondiale «vendues au Robaï (unité de mesure équivalent à un peu plus de 3 kg) pour les entreposer dans des caches à Arris et Ichemoul en prévision du grand jour».

L’intégrité de Benboulaïd lui avait attiré l’appui des bandits d’honneur
Pour Ahmed Gada le plus jeune à son époque et le dernier survivant des bandits d’honneur des Aurès, l’intégrité de Benboulaïd et son sens élevé de patriotisme avaient amené les «hors la loi» à le rallier et à décliner même l’offre perverse qu’avait faite en 1948 l’administrateur d’Arris à leur chef Hocine Berahaïl de les gracier tous en contrepartie de l’assassinat de Benboulaïd.
Fabier voulait en tuant Benboulaïd «étêter» le mouvement national dans les Aurès, ajoute Gada qui affirme avoir pris part à la rencontre qui avait réuni Benboulaïd à Berahaïl, par le truchement du militant Mostefa Aïssa, suite à cette tentative et avait alors juré de se mettre lui et ses hommes sous les ordres de Benboulaïd.
Depuis, ce dernier recourait aux services des bandits d’honneur pour contenir certains traitres et collaborateurs avec l’administration coloniale.

Benboulaïd avait unifié les fractions tribales de la région devenues refuges des recherchés de l’OS
 La moudjahida Arbia Menaï (87 ans), veuve du chahid Mahmoud Benakcha qui était le secrétaire politique de Benboulaïd, raconte que Si Mostefa avait réussi à unir les fractions tribales de la région qui offraient alors refuge aux cadres recherchés de l’Organisation secrète (OS) dont Rabah Bitat, Aït Ahmed, Amar Benaouda, Lakhdar Bentobal.

Ce dernier, confie cette dame, était resté 18 mois caché dans notre maison à Arris.
L’estime dont jouissait Benboulaïd parmi les notables de la région faisait que rien ne lui était refusé, ajoute Arbia qui raconte que Benboulaïd avait même chargé son mari Benakcha qui travaillait au sein des services de l’administrateur de la commune-mixte d’Arris d’établir de fausses identités pour les membres de l’OS avant d’être découvert puis emprisonné en 1953.

Le moudjahid Amar Benchaïba, alias Ali, qui était présent lors de la distribution des armes et la répartition des groupes à Dechrat Ouled Moussa la nuit du 1er novembre 1954, est le survivant miraculé de l’explosion du poste piégé qui avait coûté la vie à Mostefa Benboulaïd.
Il assure que lors de la réunion de Dechrat Ouled Moussa, Benboulaïd avait donné des ordres fermes pour que nul ne quitte la maison sans son autorisation expresse.  Adjel Adjoul, Chihani Bachir, Abbas Laghrour, Mostefa Bousseta avaient, entre autres, pris part à cette réunion marquée par la désignation par Benboulaïd des chefs de groupes.  Ainsi, Ahmed Nouaoura fut nommé à Arris, Grine Belgacem à Batna et Merouana, Hocine Berahaïl à Biskra, Abbas Laghrour à Khenchela et Tahar Nouichi à Ain Laksar.

Mohamed Biouch (90 ans) affirme qu’avant de se diriger vers la cible qui leur avait été fixée, Benboulaïd leur avait fait prêter le serment suivant : «par le serment de Dieu, nous ne reculerons et nous ne retournerons en arrière que jusqu’à la libération de l’Algérie ou jusqu’à ce que nous mourrons».
«Par la suite, nous avons su, ajoute Biouch, que chaque groupe avait répété ce serment derrière Benboulaïd».

L’évasion de Benboulaïd de la prison d’El Koudia était mythique et sa mort un drame
 Mohamed Beziane presque centenaire se souvient avec précision des détails de l’évasion de Benboulaïd de la prison d’El Koudia de Constantine dont il en fut un des témoins.
Beziane affirme avoir rencontré Benboulaïd dans la cellule des condamnés à mort dans la prison d’El Koudia.  Il avait été arrêté en décembre 1954 après avoir fait exploser le pont entre Laksar et T’kout et l’attaque du poste de gendarmerie de T’kout.  Beziane se souvient que Benboulaïd leur disait souvent que «notre combat devait se poursuivre même en prison».

Un jour, ajoute-t-il, il nous a réuni autour de la question de l’évasion et nous a demandés de donner tous notre avis affirmant que «nous étions ici tous responsables».
C’est Hadjoudj Bachir originaire d’El Khroub qui, pour avoir séjourné souvent dans cette prison, a eu l’idée de creuser un tunnel jusqu’à la pièce voisine servant de magasin et donnant sur une cour menant vers le premier mur puis le second mur.
La proposition fut adoptée à l’unanimité.  Benboulaïd avait alors dit, ajoute ce moudjahid, «l’histoire se rappellera de nous quel que soit le résultat».

Ces propos, soutient Beziane, «nous ont fortement motivés pour mener à terme cette évasion qui avait abasourdi l’occupant».  «Notre seule arme était notre foi en Dieu et en la patrie», ajoute Beziane les yeux noyés dans les larmes.  Sa mort disparition le 22 mars 1956 sur le mont Lazrag a été «un drame pour tous les moudjahidine et cadres de la partie occidentale des Aurès que je n’oublierai jamais», assure à l’APS le moudjahid Belaggoune.
Tout en pleurs, ce moudjahid se souvient que quelques moments s’étaient écoulés ce jour-là après la prière du Maghreb lorsqu’une forte déflagration fut entendue dans la maison où Benboulaïd présidait une réunion.

«Lorsque nous avons accouru vers le lieu, la maison était en ruine et Benboulaïd, Mahmoud Benakcha, Ali Baâzi, Abdelhamid Amrani, Ahmed Lekbaïli et Fodhil El Djilani étaient tous morts». «Nous avons enterré sur place les dépouilles des martyrs et le lendemain nous avons tenu une réunion des responsables présents et avons décidé d’évacuer les blessés vers la région de Béni Frah dans les environs d’Ain Touta’’, ajoute ce moudjahid.
«Nous nous sommes séparés après avoir fait le serment de tenir au secret la mort de Benboulaïd pour éviter l’échec de la révolution», confie Belaggoune en répétant «je n’ai jamais connu d’égal à Benboulaïd».

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