Roumanie : Abrogation du décret sur la corruption, les Roumains veulent la démission du gouvernement

Publié par DK News le 05-02-2017, 16h56 | 33

Après plusieurs jours de protestation populaire contre le décret assouplissant la législation anticorruption en Roumanie, le Premier ministre Sorin Grindeanu a annoncé samedi son abrogation, espérant ainsi apaiser la colère des centaines de milliers de Roumains déterminés à rester mobilisés pour la démission du gouvernement.

Le texte, adopté sans l'aval du Parlement, avait provoqué une vague de protestation en Roumanie, et fait descendre des milliers de personnes dans la rue pour des manifestations d'une ampleur inédite depuis la chute du communisme.

Cinq jours de manifestations consécutifs, le gouvernement roumain a cédé à la pression et annoncé l'abrogation du décret assouplissant la législation anticorruption.

«Demain nous nous réunissons pour abroger ce décret», a annoncé samedi le Premier ministre roumain, affirmant qu'il ne souhaitait pas «diviser la Roumanie» avec cette réforme pénale qui visait à réduire sensiblement les peines encourues pour abus de pouvoir et introduire un seuil minimum de préjudice de 44 000 euros.

La foule rassemblée à Bucarest devant le siège du gouvernement, ainsi que le président roumain Klaus Iohannis ont salué «un pas important vers une normalisation».
Mais les centaines de milliers de protestataires, dont beaucoup demandaient aussi la démission du gouvernement en place depuis un mois, ont promis de rester mobilisés, nombre d'entre eux envisagent de poursuivre les rassemblements.

Les manifestations quotidiennes ont rassemblé environ 200.000 personnes dans toute la Roumanie, un record depuis la chute du communisme dans ce pays de vingt millions d'habitants qui a traversé de nombreuses turbulences politiques au cours des dernières décennies.

Nécessité de chercher une issue à la crise
Alors que la rue réclame le départ du gouvernement et de son Premier ministre, le président du parti social-démocrate (PSD) Liviu Dragnea, qui a mis en place M. Grindeanu, avait admis la nécessité de chercher une issue à la crise.

Le Premier ministre a réaffirmé que la motivation du gouvernement avait été de mettre le code pénal en conformité avec la Constitution. Le gouvernement disait aussi vouloir ainsi désengorger les prisons.
Un nouveau projet de loi sera rédigé et cette fois-ci soumis au parlement.

Ce texte faisait craindre une régression de la lutte anticorruption alors que, sous la pression de l'Union européenne (UE) et de magistrats très offensifs, des centaines de dossiers sur des malversations ont été instruits ces derniers années en Roumanie, marquant un tournant pour la justice du pays.
Le gouvernement a été critiqué pour avoir voulu mettre à l'abri de la justice le chef du PSD, actuellement en procès dans une affaire d'emplois fictifs. La Commission européenne et le département d'Etat américain avaient exprimé leur préoccupation.

Le gouvernement a par ailleurs transmis cette semaine au parlement un projet de loi, également critiqué, visant à gracier 2.500 détenus, dont certains pourraient être des élus condamnés.
Chassé du pouvoir fin 2015 par des manifestations contre la corruption, mais triomphalement réélu aux législatives de décembre, le PSD, au centre de la vie politique depuis la fin du communisme, a été particulièrement touché par les enquêtes du parquet national anticorruption (DNA), qu'il accuse de procéder à une chasse aux sorcières.

Le parti jouit d'une solide base électorale dans les milieux ruraux et défavorisés, qui l'ont à nouveau plébiscité il y a deux mois sur fond de promesses de hausse des prestations sociales.