L’ACAT condamne le refoulement par les autorités marocaines de la militante Claude Mangin-Asfari

Publié par DKnews le 07-02-2017, 16h04 | 36

L’Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) a condamné mardi le refoulement par les autorités marocaines la militante française pro-sahraouie, Claude Mangin, venue rendre visite à son mari Naâma Asfari, militant sahraoui des droits de l’Homme incarcéré depuis plus de 6 ans près de Rabat.

Claude Mangin-Asfari a été gardée dimanche toute la nuit dans une pièce de l’aéroport de Casablanca pour la contraindre à embarquer lundi dans un avion pour Genève.

"Cela fait des années que Claude Mangin se rend au Maroc plusieurs fois par an pour visiter son mari emprisonné depuis 2010. Elle avait déjà été refoulée une première fois lors de sa précédente visite, le 19 octobre 2016. En avril 2016, c’est l’avocate française de Naâma Asfari qui avait été expulsée du territoire marocain sans avoir le temps de voir son client", a rappelé l’ACAT dans un communiqué, affirmant qu’il s’agit "manifestement" de représailles contre Naâma Asfari qui est actuellement rejugé par la Cour d’appel de Rabat, aux côtés de ses 23 coaccusés "qui ont tous, comme lui, été condamnés sur la base d’aveux signés sous la torture".

Le 12 décembre 2016, le Comité des Nations unies contre la torture a condamné le Maroc pour la torture de Naâma Asfari, sa condamnation sur la base d’aveux forcés, l’absence d’enquête sur les allégations de torture.

Dans sa décision, le Comité a demandé au Maroc de "s'abstenir de tout acte de pression, d'intimidation ou de représailles susceptibles de nuire à l'intégrité physique et morale du plaignant et de sa famille qui constituerait autrement une violation des obligations de l'Etat partie en vertu de la Convention [contre la torture] de coopérer de bonne foi avec le Comité pour l'application des dispositions de la Convention, et de permettre au plaignant de recevoir des visites de la famille en prison".

Pour Hélène Legeay, responsable Maghreb/Moyen-Orient à l’ACAT, en refoulant une nouvelle fois Claude Mangin, le Maroc "signifie clairement au Comité onusien qu’il n’a que faire de sa décision".

Elle a indiqué que soit il s’agit de "représailles désespérées" contre Naâma Asfari, soit Claude Mangin "est considérée comme une menace pour la sécurité nationale marocaine, et on attend alors les éléments de preuve pour étayer une telle accusation".

L’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARASD) a qualifié lundi l’interdiction faite à Claude Mangin-Asfari de visiter son mari de "représailles" et non-respect au droit international.

"A l’heure où les autorités marocaines organisent un procès en appel qui se veut transparent pour les 24 accusés sahraouis de Gdeim Izik (1re audience le 26 décembre, seconde audience les 23-24 et 25 janvier, 3e audience devant s’ouvrir le 13 mars), cette attitude dénote une incapacité chronique à respecter le droit, international en particulier", a affirmé l’association, exprimant son "inquiétude" sur le déroulement prochain du procès.

"On peut vraiment s’inquiéter de la manière dont sera menée la prochaine audience du 13 mars, contre 21 prisonniers dont le procès cassé devrait avoir conduit à une mise en liberté, comme l’ont demandé Amnesty International et d’autres organisations internationales de défense des droits de l’homme", a ajouté la même source, espérant que les autorités françaises puissent inciter le Maroc à se conformer au droit international, pour permettre à Claude Mangin-Asfari de rendre visite à son mari.