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Moyen-Orient : La Syrie, au cœur d’un conflit d’intérêt irano-qatari

Publié par DKnews le 15-02-2017, 16h16 | 45
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Le gouvernement syrien se trouve au cœur du conflit opposant deux projets de gazoducs concurrents, qatari et iranien, destinés à l’approvisionnement en gaz de l’Union européenne, a affirmé mercredi à Paris Brahim Oumansour, chercheur-enseignant algérien à l’Université Paris 3.

«Au-delà du fait d’être l’allié de l’Iran, le gouvernement syrien se trouve au c£ur du conflit opposant deux projets de gazoducs concurrents, qatari et iranien, qui devraient passer sur le territoire syrien, destinés à l’approvisionnement en gaz de  l’Union européenne», a expliqué ce docteur en études américaines dans un entretien à l’APS, soutenant que le poids du facteur stratégique dans le conflit syrien actuel reste «le contrôle des ressources énergétiques».

Il a indiqué que le Qatar partage avec l’Iran le champ gazier Pars Sud, un des plus grands champs gaziers au monde, «ce qui attise encore plus le conflit entre les deux pays», soulignant sur la base d’un article de Robert F. Kennedy, neveu de l’ancien président américain John F. Kennedy, que la crise en Syrie débuta en 2000 lorsque le Qatar proposa un projet de 10 millions de dollars pour acheminer un gazoduc de 1500 km vers la Turquie, passant par l’Arabie Saoudite, la Jordanie et la Syrie.

«L’Iran était sous embargo, le Qatar continuait à vendre du gaz au marché européen, mais son acheminement par la voie maritime est très coûteux, long et risqué», a expliqué ce chercheur qui enseigne également à l'Université Paris-Est Créteil, ajoutant que le gazoduc «aurait donc à la fois réduit le coût, renforcé la place du Qatar, de l’Arabie Saoudite et de la Turquie, tout en affaiblissant le pouvoir de l’Iran en Syrie».

Il a rappelé, dans ce sens, qu’en 2009, Bachar al-Assad avait refusé la proposition du Qatar et choisit en 2011 le projet concurrent connu aussi sous le nom de «gazoduc islamique» proposé par son allié l’Iran, et qui relie les trois pays: Iran, Irak et Syrie.

C’est pour cette raison, qui n’est pas la principale, a-t-il dit, que l’Arabie Saoudite «intensifie les man£uvres diplomatiques pour forcer le départ de Bachar et faire pression sur l’Iran, en soutenant parallèlement l’opposition syrienne depuis le début du soulèvement», réfutant la vision «simpliste» à vouloir expliquer le conflit sous la forme de la lutte confessionnelle.

Par ailleurs, il fait constater que le retour de l’Iran sur la scène internationale «inquiète les monarchies du Golfe», dans la perspective de devenir une puissance régionale, de plus, explique-t-il, «avec un potentiel énergétique considérable, l’Iran constitue une menace pour l’existence même des monarchies du Golfe dont l’économie dépend largement de l’exportation des hydrocarbures», indiquant que l’Iran dispose de la première réserve en gaz et de la quatrième réserve en pétrole dans le monde.

D’après ce chercheur, qui travaille sur l'histoire des Etats-Unis et la politique étrangère américaine dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, l’importance stratégique de la Syrie est telle qu’une guerre sur son sol est nécessaire aux yeux des différents pays ennemis et alliés de Bachar».

Si le départ de Bachar arrange l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie, l’Union européenne «s’intéresse aussi au projet qatari afin de réduire sa dépendance énergétique du gaz russe», a-t-il relevé, soutenant que le président russe Vladimir Poutine soutient militairement et diplomatiquement Bachar dans le but de «préserver son influence au Moyen-Orient et protéger sa part du marché énergétique».

Pour lui, la crise syrienne actuelle s’inscrit dans la continuité des conflits régionaux et internationaux causés par la course au contrôle des ressources pétrolières qui a commencé depuis la découverte des premiers gisements.

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