Selon un rapport de Think Tank : L’islam en France reste «faiblement» organisé et «particulièrement» divisé

Publié par DKnews le 24-02-2017, 16h34 | 23

L’islam en France reste «faiblement» organisé et «particulièrement» divisé et l’interlocuteur de l’Etat français jouit d’une légitimité «faible», a affirmé Terra Nova, un Think Tank français.

«Cet islam venu de l'expérience des travailleurs immigrés reste faiblement organisé et particulièrement divisé. Quand les pouvoirs publics français ont cherché, à partir de la fin des années 1990, un interlocuteur musulman, ils ont eu du mal à le trouver», a-t-il expliqué dans un rapport publié sur son site et qui examine les modalités d’émancipation de l’islam en France.

Ce Think Tank «progressiste et indépendant», dont son fondateur est le professeur de sciences politiques, Olivier Ferrand, a rappelé que les pouvoirs publics français ont créé un système de représentation «donnant la part belle» aux fédérations représentant en France les pays d'origine d'une partie des immigrés et descendants d'immigrés se reconnaissant dans le culte musulman.

«On en arrive aujourd'hui à un système peu satisfaisant : une opinion inquiète des dérives fondamentalistes, un Etat qui dialogue avec un interlocuteur à la légitimité faible, des fidèles qui ne se sentent pas représentés, des associations locales mal organisées», a-t-il relevé. Pour l’Etat, les pouvoirs publics «n'ont pas nécessairement compris» la réalité de l'islam de France, les différentes confessions qui existent, les différentes nationalités qui le composent, «en proposant un cadre très centralisé et trop homogène qui ne lui convient plus actuellement».

Partant de cette situation, il a précisé que la loi de 1905, qui régit les cultes, «ne fait aucune différence entre les cultes» et prévoit donc de traiter à égalité et avec une «stricte neutralité» tous les cultes, préconisant à cet égard, de faire des progrès pour «simplement traiter l'islam à égalité avec les autres cultes».

Pour ce Think Tank, il faut que l'Etat «change de logique et cesse de trop miser sur un interlocuteur unique investi d'attentes contradictoires», soulignant que la logique «centralisatrice» ne permet pas de «bien représenter la multiplicité des islams en France, elle donne trop de marge aux jeux d'influence des puissances étrangères».

A cet effet, il propose de repartir de la réalité décentralisée et locale de l'islam, «tout en poussant les associations gestionnaires des lieux de culte à se rénover en généralisant (à) l'organisation sous forme d'association cultuelle».

«A partir de ce mouvement de rénovation, on peut concevoir un autre système de représentation, qui privilégierait l'échelle locale et régionale pour régler l'essentiel des questions pratiques d’organisation du culte». Terra Nova plaide pour une organisation «moins étatiste et centralisatrice» adaptée à l'organisation des communautés de fidèles, avec une meilleure collaboration avec des associations cultuelles rénovées.

Par ailleurs, le document préconise que pour que toutes les confessions soient traitées à égalité, «il convient d'intégrer désormais au moins deux nouvelles dates importantes, le Kippour et l'Aïd el-Kébir (al-Adha), dans le compte des jours fériés».