France : Baisse des actes antimusulmans en 2016

Publié par DKnews le 27-02-2017, 15h10 | 19

Les actes antimusulmans ont baissé en 2017 en France contrairement à leur flambée en 2015 suite aux attentats terroristes, a indiqué lundi à l’APS le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Abdallah Zekri.

"Après la flambée enregistrée en 2015, nous nous réjouissons de noter une baisse des actes antimusulmans en 2016, toutefois nous devons tempérer notre joie et relativiser cette baisse", a-t-il déclaré, soulignant que pour la période du 1er janvier au 30 décembre 2016, 182 actes antimusulmans ont été enregistrés contre 429 pour l’année 2015, soit 57,60 % d’actes en moins.

Il y a eu également 48,40 % d’actions de moins et 61,30 % de menaces de mois pour la même période.

"Si les actes antimusulmans ont baissé de 57,60 % par rapport à l’année dernière, c’est tout simplement que l’année 2015 a été marquée par le contexte des attentats contre Charlie Hebdo et l’hyper casher, où nous avons atteint le sommet avec 1 172 % d’augmentation des actes antimusulmans en janvier 2015", a-t-il expliqué, relevant que ces chiffres "ne reflètent pas" la réalité, car nombreux sont les musulmans qui ne souhaitent pas porter plainte systématiquement lorsqu’ils sont victimes d’actes xénophobes, "convaincus qu’il n’y aura aucune suite, ce qui est, hélas, la réalité".

A titre d’illustration, il a précisé qu’au cours de l’année 2016, le Conseil français du culte musulman (CFCM), dont il est le secrétaire général, a reçu plus de 40 lettres d’insultes et de menaces, sans compter "les insultes téléphoniques" et sans qu’il y ait dépôt de plainte. "Chaque fois que le CFCM a porté plainte, nous recevons un classement sans suite par le Parquet, sous prétexte qu’il n’y a pas de coupable identifiable", a-t-il souligné.

Abdallah Zekri a estimé qu’une partie des baisses d’actes antimusulmans en 2016 "peut s’expliquer également depuis la mise en place d’un Préfet chargé de la sécurisation des lieux de culte, car 1 098 sites musulmans, mosquées ou salles de prière ont bénéficié d’une protection des forces de sécurité".

A cela peut s’ajouter, a-t-il poursuivi, l’installation de vidéos surveillance autour de certaines mosquées et lieux de culte, avec un "important effort financier" de l’Etat français : 341 000 d’euros en 2016 et 756 000 d’euros en 2015.

Pour lui, les actes hostiles aux musulmans ont été souvent encouragés par les discours de certains hommes politiques de la droite, comme de la gauche, qui, "au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes que traverse la France (crise politique, économique, moraleà), ont préféré le terrain de l’identitaire (laïcité, voile, repas de substitution et burkini)".

A cet effet, il a formulé l’espoir que, dans le cadre de la campagne présidentielle, les "questions identitaires" ne cristallisent pas le débat, et de ne pas voir "stigmatiser l’islam et les musulmans".

Par ailleurs, l’Observatoire national de lutte contre l’islamophobie est saisi en permanence et cela depuis maintenant 2 ans par des Français de confession musulmane, de femmes et d’hommes victimes de discrimination d’origine institutionnelle (dans l’enseignement, la police, les collectivités locales, la S.N.C.F, etc.), a-t-il indiqué, considérant que "c’est purement et simplement du racisme et le rejet d’hommes et de femmes qui ne souhaitent qu’une chose: être respectés".

Sur un autre plan, il a dénoncé la "cyber haine" qui se développent en France à travers notamment une propagation de mensonges envers les musulmans et l’islam, exprimant "une forte inquiétude devant cette diffusion massive et invisible".