La spéculation financière a conduit à une crise mondiale «insoutenable» du logement, poussant les gens hors des villes, a estimé une experte indépendante des Nations-Unies, accusant les marchés financiers et les spéculateurs de considérer le logement comme un «lieu où entreposer du capital», indique l'ONU sur son site web.
«Le logement a perdu sa fonction sociale et est plutôt vu comme un véhicule pour la richesse et la croissance des actifs. Il est devenu une denrée financière, dépouillée de son lien avec la communauté, la dignité et l'idée de la maison», a indiqué la rapporteuse spéciale sur le droit au logement auprès de l'ONU, Leilani Farha.
Dans son dernier rapport présenté au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, Mme Farha a expliqué comment le logement est devenu un «réceptacle du capital mondial», ainsi que les conséquences de la marchandisation sur l'accessibilité au logement et l'itinérance.
Selon elle, la valeur totale du marché immobilier mondial est de 163.000 milliards de dollars, soit l'équivalent de plus du double de l'économie mondiale. «Le monde financier a essentiellement agi sans aucune considération du logement comme un droit humain et les Etats sont complices:
ils ont soutenu les marchés financiers d'une manière qui a rendu le logement inabordable pour la plupart des résidents», a-t-elle affirmé.
Le rapport de Mme Farha recommande des cadres plus solides, fondés sur les droits à l'échelle nationale et internationale pour résoudre le problème. Il suggère, à ce titre, que les Etats réglementent les acteurs privés «non seulement pour prévenir des violations flagrantes des droits de l'homme, mais aussi pour s'assurer que leurs actions sont compatibles avec l'obligation de faire du logement un droit humain pour tous».
Citant l'exemple de Londres, l'experte a indiqué dans son allocution que «les promoteurs n'ont
pas été effrayés par l'exigence de logements sociaux», tandis qu'à Vancouver (Canada), «les logements vacants sont assujettis à un prélèvement d'impôt de 1% qui contribue au logement des personnes à faible revenu».
«C'est une question de responsabilité», a dit Mme Farha. «La responsabilité d'un gouvernement envers les obligations internationales en matière de droits de la personne a été remplacée par la responsabilité envers les marchés et les investisseurs», a-t-elle déploré.