Débordante d’énergie et accueillante, Samia Saâdi est une des femmes de théâtre de Skikda dont la réputation est établie tant sur les tréteaux de l’antique Rusicada que sur les planches de tout le pays.
Avec son jeu d’actrice accomplie dans les rôles qu’elle a incarnés en solo (monologue) ou avec d’autres artistes, Samia, la cinquantaine bien entamée, cultive toujours cet amour inconditionnel pour le quatrième art.
Animée par une détermination inflexible, conjuguée à une modestie sincère, cette artiste a su surmonter sa lourde maladie en trouvant refuge et confort sur les planches, tantôt en comédienne ou encore en «coacheuse» de jeunes artistes en herbe.
Rencontrée à la maison de la Culture Mohamed Serradj, la comédienne, la diction claire et les yeux pétillants, est vite saisie d’enthousiasme quand elle parle de théâtre.
«J’ai fait mes premiers pas dans l’art des planches en 1979, au centre culturel communal Issat Idir.
J’avais 17 ans à l’époque.
La troupe théâtrale était conduite par le défunt Salah Louadi. J’ai beaucoup appris de lui. Il était patient.
Je lui dois mes tout premiers rôles sur les planches, et il consolidait sans cesse mes pas», se remémore-t-elle. Et d’ajouter : «Mon véritable premier rôle fut dans la pièce +Achna oua choufna+ au sein de la troupe de théâtre communal qui est devenue par la suite le théâtre régional de Skikda».
Très aimée du public skikdi pour son jeu d’une spontanéité envahissante et sa capacité à forcer le rire, Samia excelle dans les rôles à caractère humoristique.
«Hadhi hmoumna», «Aoudat errouh» et «Hmam rabbi», des pièces interprétées du temps du théâtre communal, sont les meilleures £uvres où elle a joué, affirme-t-elle, bien que son répertoire inclut beaucoup d’autres pièces à grand succès auprès du public.
«Le théâtre est dans mon âme. C’est l’oxygène que je respire», affirme l’artiste qui confie avoir, durant ces dernières années, tenté à plusieurs reprises, mais toujours en vain, de tirer sa révérence, à cause de la maladie.
«J’ai découvert que ma passion pour les planches m’a aidé à surmonter ma maladie, à ne pas sombrer et garder toujours espoir», lance, convaincue Samia.
Elle avoue également travailler sur un nouveau monologue intitulée «Saâdia Ben El-azz» qui raconte l’histoire chargée de malheurs d’une veuve de chahid dont les enfants sont tous morts. «Elle sera ma dernière £uvre théâtrale en tant que comédienne. Je voudrais me consacrer à la formation de jeunes amateurs des planches», confie-t-elle.
Abordant sa nouvelle vie de femme de théâtre, Samia affirme vouloir pour se convertir au «coaching» de jeunes artistes dans le cadre des activités de l’association «Noudjoum El Fen» qu’elle préside.
«L’association compte aujourd’hui une vingtaine de membres âgés entre 15 et 20 ans, tous passionnés de théâtre.
Je voudrais leur consacrer mon temps et leur transmettre mon expérience», lance-t-elle, le visage éclairé.
La femme de théâtre confie aussi qu’elle est certaine qu’elle va beaucoup apprécier son nouveau rôle.
«Je voudrais mettre mon expérience et ma passion pour le théâtre au service de jeunes artistes en tant que rédactrice de pièces et metteuse en scène.
Ce sera une autre étape de ma vie, mais toujours guidée par la même passion», lance cette femme de théâtre, toute émue.