Palmiers : Un plan d'action international contre le charançon rouge

Publié par DKnews le 31-03-2017, 17h47 | 50

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) organise depuis mercredi une réunion pour définir un plan d'action international visant à empêcher la progression du charançon rouge du palmier qui touche plusieurs régions dont essentiellement l'Afrique du nord et le Moyen-Orient, a indiqué jeudi l'ONU sur son site web.

Tenue au siège de cette organisation onusienne à Rome, cette réunion de trois jours rassemble des scientifiques, spécialistes, ministres de l'agriculture et représentants agricoles de plusieurs pays avec l'objectif de «discuter et adopter une stratégie multidisciplinaire et multirégionale de gestion du charançon rouge du palmier», précise la FAO qui indique que l'objectif de la stratégie sera «de veiller à l'application effective des normes phytosanitaires entre chaque pays». 

Ces trente dernières années, le charançon s'est rapidement propagé à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, affectant presque tous les pays de la région, et a également été détecté dans plus de 60 pays dont le sud de l'Europe et certaines régions des Caraïbes et de l'Amérique centrale.  La Consultation scientifique et la réunion de haut niveau sur le charançon rouge du palmier se focaliseront sur la meilleure manière d'endiguer la progression du ravageur. 

Les dernières avancées en matière de lutte contre le ravageur seront exposées, à l'image du recours aux insecticides et aux pesticides de manière ciblée et réduite, l'utilisation de microphones ultra sensibles et à faible coût capables de percevoir le bruit des larves en train de ronger les arbres, des pièges à phéromones, des drones, des appareils de télédétection et des chiens renifleurs. 

Ce coléoptère s'attaque aux palmiers dattiers, aux cocotiers, ainsi qu'aux palmiers d'ornement que l'on peut voir dans de nombreuses villes européennes.  Le charançon rouge s'est rapidement répandu à travers le monde et menace la production de dattes et de noix de coco, si rien n'est fait pour l'en empêcher.  

Le charançon rouge du palmier représente «la plus dangereuse des menaces pesant sur le palmier dattier», a déclaré le Directeur général adjoint de la FAO et représentant régional de l'Organisation pour la région MENA, Abdessalam Ould Ahmed. 

«Une mise en œuvre insuffisante des normes phytosanitaires, l'absence d'une stratégie de prévention efficace et des mesures insuffisantes pour suivre les interventions expliquent l'échec des efforts visant à endiguer le ravageur jusqu'à ce jour», selon lui.  Pour sa part, le secrétaire général du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM), Cosimo Lacirignola, dont l'organisme est partenaire de FAO dans l'organisation de cette réunion a estimé que «la région méditerranéenne renferme une grande biodiversité d'espèces végétales qui doivent être protégées pour des raisons sociales, économiques et environnementales, précisant qu'une stratégie durable en matière de production est donc «plus que jamais essentielle» afin de protéger la région entière des menaces phytosanitaires.  

Le charançon rouge entraîne des millions de dollars de pertes économiques chaque année, en termes de production agricole ou de frais liés à la lutte contre ce ravageur. 

Dans les pays du Golfe et au Moyen-Orient, 8 millions de dollars sont dépensés chaque année pour abattre les arbres contaminés.  En Italie, en Espagne et en France, les frais liés à la gestion du ravageur, à l'éradication et au remplacement des palmiers contaminés, associés au manque à gagner sur les recettes, étaient estimés à 90 millions d'euros en 2013.

Les frais sont appelés à augmenter pour atteindre les 200 millions d'euros d'ici 2023 «si un programme d'endiguement n'est pas mis en place», prévient la FAO, estimant qu'une partie du problème réside dans le fait que le charançon rouge du palmier est extrêmement difficile à détecter aux premiers stades d'une infestation, près de 80% du cycle de sa vie est caché.

Les palmiers représentent une ressource pour de nombreuses communautés situées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et depuis des siècles, les dattes font partie des aliments de base et comptent maintenant parmi les principales cultures vivrières.

Plus de sept millions de tonnes de dattes sont produites chaque année et près de 100 millions de palmiers dattiers sont cultivés aujourd'hui, dont 60% dans les pays arabes.