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Frappes américaines en Syrie : L'ONU appelle à la retenue et plaide en faveur de la solution politique

Publié par DKnews le 08-04-2017, 15h49 | 28
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Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a appelé à la retenue pour «éviter d’approfondir les souffrances» des Syriens peu avant le début de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies pour débattre des frappes menées jeudi par les Etats-Unis contre une base aérienne syrienne, insistant par ailleurs sur la solution politique au conflit syrien.

Cette réunion devra se pencher sur «l'agression américaine contre un Etat souverain», selon les termes de l'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU, Vladimir Safronkov qui avait averti jeudi les Etats-Unis de «conséquences négatives» en cas d'intervention militaire en Syrie, qualifiant cette dernière «d'entreprise tragique et douteuse».

«Ils se réuniront à nouveau vendredi et entendront des représentants de l'armée américaine sur la frappe punitive», a indiqué la mission américaine à l'ONU.

Le président américain Donald Trump a ordonné jeudi de tirer une soixantaine de missiles contre une base aérienne syrienne, après l'attaque chimique présumée contre la petite ville de Khan Cheikhun, contrôlée par des rebelles et des terroristes, située dans le nord-ouest de la Syrie et qui a fait 86 morts, dont au moins 27 enfants.

Les 15 pays membres du Conseil de sécurité, présidé par les Etats-Unis, se sont déjà réunis jeudi soir à propos de cette attaque, mais ne sont pas parvenus à s'entendre pour la condamner et lancer une enquête.

Le Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG) va également se réunir d'urgence à l'ONU à Genève à la demande express de Moscou, après cette frappe américaine contre une base aérienne syrienne.  La réunion, qui sera présidée par l'envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, a été demandée par la co-présidence russe et acceptée par la co-présidence des Etats-Unis.

La communauté internationale appelle à la retenue, « la solution politique seule issue au conflit »

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit vendredi «conscient des risques d’une escalade» en Syrie suite aux frappes américaines dans la nuit de jeudi vendredi contre une base des forces aériennes syriennes, et appelé à la retenue pour «éviter d’approfondir les souffrances» des Syriens.

«J’ai suivi les rapports sur la frappe aérienne contre la base d'Al-Chaayrate», et «j’appelle à la retenue pour éviter toute action qui pourrait approfondir les souffrances du peuple syrien», a indiqué le chef de l’ONU dans un communiqué, estimant que ces développements soulignent que le conflit syrien ne peut être résolu «qu’à travers une solution politique».

Il a appelé toutes les parties à «renouveler leur engagement» vis-à-vis du processus des pourparlers à Genève. «Une issue politique est également essentielle pour progresser en matière de lutte contre le terrorisme», a-t-il dit.

Le Secrétaire général a souligné qu’il incombe au Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales, appelant les 15 membres du Conseil à «s’unir et à exercer cette responsabilité».

Le droit international a pendant trop longtemps été «ignoré» dans le conflit syrien, «et c'est notre devoir partagé de respecter les normes internationales de l’humanité», a-t-il noté, estimant qu’il s’agit d’un «pré-requis pour mettre fin à la grande souffrance de la population syrienne».

L'Union européenne «est profondément convaincue qu'il ne peut pas y avoir de solution militaire à ce conflit et est engagée en faveur de l'unité, de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance de l'Etat syrien», a affirmé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

Pour la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, «seule une solution politique crédible telle que définie par la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies et le Communiqué de Genève de 2012 garantiront paix et stabilité en Syrie.»

Mogherini qui réagissait après les frappes menées dans le nuit de jeudi à vendredi par les Etats-Unis contre la Syrie a réitéré le «soutien de l'UE aux négociations intra-syriennes menées à Genève sous l'égide de l'ONU pour parvenir à une solution politique au conflit syrien», jugeant le règlement de la crise syrienne, aujourd'hui, «encore plus urgent».

Réagissant à ces frappes, le président russe Vladimir Poutine a indiqué qu'il s'agit d'une «agression contre un Etat souverain en violation des normes du droit international.

(...), Cette action ne nous rapproche pas de l'objectif final de la lutte contre le terrorisme international, mais dresse au contraire de sérieux obstacles pour la constitution d'une coalition internationale pour la lutte contre (le terrorisme)», a-t-il déclaré.

La Chine a pour sa part appelé à «éviter toute nouvelle détérioration de la situation» en Syrie après l'agression américaine qui, pour rappel, a fait neuf civils tués et détruit neuf avions syriens des forces armées.

La Belgique s'est démarquée vendredi des Etats-Unis qualifiant l'attaque américaine d'action «unilatérale». «La question n'est pas d'approuver ces frappes. C'est une action unilatérale des Américains qui ont fait ce qu'ils ont dit de faire», a déclaré le ministre belge de la Défense Steven Vandeput.

Le dernier bilan officiel fait état de neuf civils dont quatre enfants ont péri dans les frappes américaines. «Ces frappes ont causé la mort de neuf civils, dont quatre enfants, faisant également sept blessés et provoqué d'importantes destructions dans les maisons des villages d'Al-Chaayrate, Al-Hamrate et Al-Manzoul», proches de la base visée, a précisé l'agence.


La Ligue arabe appelle à la désescalade en Syrie

La Ligue arabe a appelé samedi à "calmer l'escalade" en Syrie, au lendemain d'une frappe des Etats-Unis visant une base de l'armée syrienne.  

Les Etats-Unis ont frappé vendredi à l'aube une base de l'armée syrienne, après une attaque chimique présumée imputée au gouvernement syrien contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun (nord-ouest), qui a fait mardi au moins 87 morts.  

L'agence de presse officielle syrienne Sana a fait état de la mort de neuf civils, dont des enfants, dans des villages environnants dans cette frappe américaine. 

"La Ligue refuse les tentatives des puissances régionales et internationales d'engager des luttes politiciennes sur les corps des Syriens, au détriment de la souveraineté syrienne", a indiqué à des journalistes le chef de l'institution panarabe basée au Caire, Ahmed Aboul Gheit, sans nommer les puissances concernées. 

"Nous appelons toutes les parties à calmer cette escalade dangereuse que nous suivons, et qui vise à maximiser les gains politiques, sans préoccupation réelle pour la souffrance du peuple" syrien, a-t-il ajouté.


Amnesty International «préoccupée»

L’organisation de défense des droits de l’Homme, Amnesty International, a exprimé vendredi soir, ses «profondes préoccupations» après les frappes américaines contre une base militaire en Syrie.
L’ONG a estimé dans un communiqué, que si le président américain s’inquiétait pour les civils, comme il l’avait déclaré, il devrait commencer par soutenir les réfugiés syriens au lieu de prendre des mesures contre eux.

Elle a relevé que l’administration du président Donald Trump qui a déclaré que l'attaque a été motivée par son souci de la vie des civils syriens, avait montré «un mépris insensible pour les Syriens qui veulent sauver leur vie». 

L’ONG ajoute que Trump «doit immédiatement annuler le décret qu’il a signé sur l'interdiction d’entrée aux Etats Unis de plusieurs pays musulmans et mettre fin aux restrictions sur les réfugiés de Syrie qui fuient les horreurs de leur pays s’il s’inquiétait réellement du sort des civils syriens».

«Les forces américaines doivent également respecter de manière stricte, leurs obligations, en vertu du droit international humanitaire, et prendre toutes les mesures possibles pour protéger la population civile dans le cadre de l'action militaire, notamment en s'abstenant d'utiliser des armes internationalement interdites, telles que les armes à sous-munitions, a précisé AI.  

Elle a rappelé également, que les attaques aériennes récentes de la coalition dirigée par les Etats-Unis en Irak et en Syrie  ont tué des centaines de civils, dont beaucoup étaient des femmes et des enfants piégés dans leurs maisons. 

«Le Conseil de sécurité des Nations Unies n'a pas été en mesure de protéger les civils en Syrie depuis six ans.  Il a encouragé toutes les parties au conflit en Syrie à commettre des crimes épouvantables en toute impunité», a regretté encore l’ONG.

Elle a estimé qu’il est impératif que les Etats membres du Conseil de sécurité adoptent une résolution qui garantisse une enquête sur l'attaque chimique qui a eu lieu à Khan Sheikhoun afin de connaître ses véritables auteurs.

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