Affiches de campagne improvisées, volets technique et esthétique négligés

Publié par DKnews le 19-04-2017, 18h11 | 38

Les affiches de campagne pour les législatives du 4 mai se distinguent pour la plupart par une conception identique mettant en évidence les candidats têtes de liste et l'identité des partis, les volets technique et esthétique susceptibles de mobiliser les électeurs étant négligés, estiment des spécialistes.

Des affiches et posters de formats divers occupent les espaces réservés pour la campagne électorale qui se poursuit jusqu'au 30 avril, dans une conception "légère" et "peu recherchée", et un décor esthétique "improvisé", selon des spécialistes interrogés par l'APS.

Au Front de libération nationale (FLN), la conception des affiches obéit à une charte graphique définie par le parti, intransigeant sur sa "thématique et son orientation" devant être traduites, outre les affiches, sur tous les supports de campagne.

Le chargé de la communication et conseiller du secrétaire général du parti, Moussa Benhamadi explique que le slogan retenu  pour cette campagne, le symbole et le numéro de la liste doivent figurer sur les affiches, mettant en avant le candidat-tête de liste.

Le parti, qui a fait appel à des professionnels, a associé des cadres chargés de la communication qui ont contribué à la conception des affiches.

Au niveau local, la direction du parti a chargé les mouhafadates d’élaborer leurs propres affiches avec des slogans "singuliers" conformément à la charte graphique et l’orientation du parti, a expliqué M. Benhamadi.

Sur l'affiche du FLN, son secrétaire général, Djamel Ould Abbas, apparaît de profil, à droite du slogan du parti écrit en grosses lettres sur un fond vert qui domine le ventre de l'affiche.

Le Rassemblement nationale démocratique (RND) a, pour sa part, adopté une affiche de campagne mettant en évidence son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, qui se tient debout, à mis corps, et le regard tourné vers la droite. Le nom du parti, transcrit en trois langues (Arabe, Tamazight et Français), apparaît en haut de l'affiche avec une mention au numéro de la liste.

Membre du Conseil national et du Directoire de campagne électorale de la wilaya d'Alger, Saïd Slimani fait savoir que l’affiche du RND pour les législatives du 4 mai a été conçue par la direction du parti, en plus d'un poster du secrétaire général, visible à travers les panneaux d’affichage.

M. Slimani a noté que la direction du parti a laissé le "libre choix" aux bureaux de wilayas de concevoir leurs propres affiches sur lesquelles devront figurer le logo et le slogan du parti.

Le Front des forces socialistes (FFS) a, de son côté, incarné l’identité et l’orientation du parti, reconnaissable à travers son  logo et sa couleur bleu. Le secrétaire national chargé de la communication, Hassen Ferli, a expliqué que les affiches sont conçues selon la charte graphique et le slogan de campagne du parti.

Au sujet de l’affiche de Bordj Bou Arréridj sur laquelle apparaissent des portraits de candidates sans visage, M.Ferli a affirmé qu'elle a été retirée, rappelant que "l’administration a donné toute la latitude aux candidats de mettre ou non leur photo".

Le Parti des travailleurs (PT), lui, a adopté une affiche "sobre" mettant en évidence sa secrétaire générale. L’affiche montre Louisa Hanoune debout de trois quarts, sur un fond blanc avec, en haut, le slogan de campagne écrit en arabe et en tamazight. Le numéro de la liste du PT est noté sur un fond rouge en bas de l'affiche.

Nadia Chouitem, membre de la direction du parti, explique que "l’affiche reflète le mot d’ordre du PT et correspond à son programme électoral".

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), par la voix de son chargé de communication, Atmane Mazouz, a fait savoir que la direction du parti a mis sur pied une "cellule de communication" pour cette campagne.

Le choix des couleurs bleue et jaune traduit l'"unité" dans les rangs du parti.

 

Les affiches, un "chaos communicationnel"

 

Enseignant à la Faculté des sciences de information et de la communication de l'université d'Alger, Abderrahamane Amar a qualifié de "chaos communicationnel" les affiches, déplorant la non prise en considération des paramètres académiques du support publicitaire, moyen de communication.

Autre lacune relevée, le choix des couleurs et l'emplacement des candidats dont le tête de liste prend le dessus, en plus des slogans jugés "absurdes" et "désuets".

Le concepteur et enseignant à l'Ecole supérieure des Beaux-arts, Karim Sergoua, observe, pour sa part, que "la majorité des candidats ont reproduit des couleurs traditionnelles comme le rouge, le vert et blanc", notant que le papier utilisé est de "mauvaise" qualité.

Saïd Yahiaoui, infographe et patron d'une agence de communication, considère que le financement est un facteur déterminant dans la conception d'une affiche électorale. Le travail d'un professionnel en communication consiste, selon cet expert, à élaborer un support publicitaire de campagne adapté à chaque candidat indépendant ou parti politique, identifiés notamment à travers le logo et les couleurs révélatrices de leurs tendances.