Indonésie : Le gouverneur de Jakarta condamné à deux ans de prison pour atteinte à l'islam

Publié par DKnews le 09-05-2017, 15h18 | 36

Le gouverneur de Jakarta a été condamné mardi à deux ans de prison pour atteinte à l'islam, a indiqué le juge Dwiarso Budi Santiarto.

Le juge a déclaré que les cinq magistrats du tribunal avaient estimé que Basuki Tjahaja Purnama était «de façon probante, coupable de blasphème» et l'ont «condamné à deux ans de prison». Il a également ordonné l'incarcération de celui qui est surnommé Ahok, qui a été battu en avril aux élections mais reste encore en poste jusqu'en octobre.

Le prévenu a indiqué qu'il ferait appel.
Ahok avait déclaré en septembre que l'interprétation par certains oulémas (théologiens musulmans) d'un verset du saint Coran, selon lequel un musulman ne doit élire qu'un dirigeant musulman, était «erronée», provoquant une vague de contestation dans ce plus grand pays musulman. Sous la pression et les appels à l'emprisonner, le gouverneur a été inculpé fin 2016 de blasphème, délit pour lequel il était passible de cinq ans de prison.

Cette affaire avait plané sur la campagne électorale et le scrutin pour le renouvellement de son poste de gouverneur. Mi-avril, le gouverneur, qui caracolait naguère en tête des sondages, a finalement été battu par l'ancien ministre de l'Education, le musulman Anies Baswedan.

Ahok, premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle et premier issu de la minorité chinoise, avait accédé à cette fonction en 2014, après l'élection à la présidence de son prédécesseur Joko Widodo, dont il était alors l'adjoint.

L'influent poste de gouverneur de la capitale indonésienne, de 10 millions d'habitants, est considéré comme un tremplin pour l'élection présidentielle de 2019. Mi-avril, le procureur en chef, Ali Mukartono, avait requis deux années de mise à l'épreuve en estimant que le délit de blasphème était caractérisé, et que le prévenu avait exprimé «de l'hostilité, de la haine ou de l'humiliation à l'égard d'une partie de la population indonésienne», musulmane à près de 90%.

Mardi, un des juges du tribunal, Abdul Rosyad, a justifié le verdict par le fait que le prévenu ne ressente «aucune culpabilité» et qu'il ait «suscité la colère et blessé les musulmans». Le procès avait débuté en décembre et duré de longs mois, chaque camp appelant plus d'une quarantaine de témoins à la barre.