Tunisie : Mobilisation en Tunisie contre un projet d'amnistie des faits de corruption

Publié par DKnews le 14-05-2017, 15h57 | 26

Plus de deux mille personnes ont manifesté samedi à Tunis contre un projet de loi proposé par la présidence prévoyant l'amnistie des faits de corruption en échange d'un dédommagement, ont rapporté des médias.

«La corruption ne va pas passer», «nous n'allons pas céder» ont scandé les protestataires réunis à l'appel du collectif «Manich Masamah» («Je ne pardonnerai pas») ainsi que de 52 ONG tunisiennes et internationales et des partis de l'opposition, selon l'agence TAP. Ils ont défilé sur l'avenue Habib Bourguiba.

Les participants à cette manifestation ont réclamé le retrait définitif de ce projet de loi de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour garantir le bon déroulement du processus de réconciliation engagé par les différents mécanismes de la justice transitionnelle.

Ils ont également critiqué le discours prononcé le 10 mai par le président de la République Béjà Caïd Essebsi qui, selon la dirigeante au Courant démocratique, Samia Abbou, a opté pour « l’instrumentalisation de la peur».

«Le rejet de la loi sur la réconciliation n’est pas une preuve de mépris ou un refus de la réconciliation», a-t-elle tenu à préciser. «Le processus de la réconciliation doit se dérouler sous le pilotage de l’Instance «Vérité et Dignité «, a-t-elle conclu.

Présent à cette marche, le dirigeant au Front populaire, Aymen Aloui, cité par la TAP, a indiqué que le projet de loi sur la réconciliation est un projet élitiste destiné à blanchir les personnes proches de la présidence de la République.

«Toute exploitation de la majorité numérique au sein de l’Assemblée des représentants du peuple pour faire passer ce projet de loi risque d’avoir de graves conséquences sur le pays», a-t-il dit. Selon le représentant de la campagne «Manich Masamah», Maled Seghiri a estimé «irrationnel de dire que ce projet de loi va régler la crise économique que connait le pays.»

«La montée de la corruption s’explique par l’absence de la ferme volonté politique et l’insouciance des gouvernements successifs de trouver des solutions à la crise qui secoue le pays», a-t-il ajouté.

Soumis le 26 avril 2017 à l’examen de la Commission de la législation générale, le projet de loi avait été déposé en juillet 2015 par la présidence de la République au bureau de l’ARP.