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L’ancien chef de la diplomatie algérienne, Lakhdar Brahimi l’a déclaré : « La région arabe traverse une période la plus difficile de son histoire à cause de la fitna sectaire »

Publié par DKnews le 26-05-2017, 16h47 | 84
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La région arabe traverse une période «la plus difficile de son histoire à cause de la fitna sectaire» engendrant les conflits et les guerres, a déclaré, jeudi à Oran, l’ancien chef de la diplomatie algérienne, Lakhdar  Brahimi.

L’ex ministre des Affaires étrangères et envoyé spécial de l’ONU a estimé, dans une intervention lors d’une cérémonie organisée à l’occasion de sa décoration du titre Docteur Honoris causa par l’université d’Oran 1 «Ahmed Benbella», que plusieurs pays arabes, notamment ceux situés en Asie, «passent par une étape très cruciale de leur histoire causée par la fitna entre  sunnites et chiites (Syrie, Irak et Yemen)».

Cette région, a-t-il souligné, est en quête de paix et de stabilité, notamment en Syrie où «la moitié du peuple vit jour après jour dans le chaos, les déplacements et l'asile», ajoutant que l’Irak reste, après l'intervention militaire américaine en 2003, «divisée en groupes ethniques parfois en conflits et en guerre», alors que le Yémen souffre «d'une guerre  civile qui lui a été imposée et qui entraîne le peuple dans une grande misère.»

Ces fitnas, a-t-il relevé, ont eu pour conséquences des interventions étrangères : En Syrie, des pays occidentaux et la Turquie soutiennent l'opposition dans le but de mettre fin à la présence iranienne, alors que la Russie est intervenue au côté du régime syrien, a-t-il ajouté, faisant remarquer que le rôle iranien dans la région s'est plusieurs fois multiplié  et tout ça au dépend du peuple syrien.

Le diplomate algérien a ajouté que «le conflit entre sunnites et chiites est l'autre grande nouvelle fitna dont nous connaissons le début et ignorons la fin», tout en mettant en garde contre la propagation de cette fitna dans d’autres régions dont les pays de l'Afrique du nord sous de nouvelles formes.

«Quoique que la région d’Afrique du nord ne compte pas de chiites et n’est pas partie prenante au conflit, le feu de la fitna peut nous atteindre sous de nouvelles formes, si nous ne traitons pas les choses comme il faut.

C’est le rôle des universitaires qui doivent étudier ce phénomène et lui trouver les solutions efficaces», a-t-il déclaré.

«La Libye fait l’objet d’invasion d’un autre genre conduisant à la division de ce grand pays arabe et africain voisin de l’Algérie et à l’ingérence étrangère et arabe dans un long conflit entre frères faisant des victimes», a-t-il dit.

M. Brahimi a exprimé sa crainte de voir ce conflit affecter les pays du Maghreb dont l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, appelant à une plus grande prudence à cet égard.

Abordant le crise en Egypte, causée par l'extrémisme religieux et caractérisée notamment par l'attaque aux églises, le diplomate algérien a affirmé que ce pays est en mesure de la surmonter par une tolérance et une cohésion entre Musulmans et Chrétiens.

Il a souligné, à ce sujet, qu' il ne peut croire à ce qui se passe en Egypte comme attaques contre les Chrétiens au nom de la religion musulmane, déclarant à ce propos «durant les sept années que j'ai passé au Caire comme ambassadeur d’Algérie au temps du président défunt Abdelnasser, je ne pouvais pas faire la distinction entre un Chrétien et un Musulman, car il existait une véritable cohabitation et je ne pouvais même pas imaginer un tel scénario».

Le même scénario s'est produit en Irak, «où les chrétiens ont été tués et déplacés de leurs foyers et de leurs terres au nom de la religion musulmane. Une chose inacceptable et illogique», a ajouté M. Brahimi, rappelant le rôle du fondateur de l'Etat algérien moderne, l’Emir Abdelkader, qui avait défendu tous les Chrétiens.

Condamnant l’attentat qui a frappé dernièrement la ville de Manchester (Grande Bretagne), Lakhdar Brahimi a déclaré «nous devons lever nos voix pour dire que nous rejetons l’extrémisme religieux, le fanatisme et le terrorisme, qui sont étrangers à notre religion».

Lors de la cérémonie de remise du titre de docteur Honoris Causa à l’ex chef de la diplomatie algérienne, Senouci Mohamed, recteur de l’université d’Oran 1 «Ahmed Benbella», a déclaré que «Lakhdar Brahimi «est un exemple du penseur algérien doté de génie et de sagesse et nommé messager de la fraternité et de la paix».

Il a estimé que «l'attachement de cet Homme à l’esprit de combat et de Révolution au sein de la glorieuse Armée de libération nationale (ALN) dès son jeune âge l’a poussé à réfléchir et à faire tout son possible pour instaurer la paix et la sécurité dans différentes régions du monde où il fut la deuxième personnalité algérienne après l’Emir Abdelkader à épargner un bain de sang au Shem en présidant l'Accord de Taif en 1989 ayant mis fin à 15 années de guerre civile au Liban».

Le wali d’Oran, Abdelghani Zaalane, a souligné, pour sa part, que «Lakhdar Brahimi est un homme de principes. Les instances internationales ont trouvé en lui les caractéristiques de l'homme qui croit en les questions internationales, notamment l'arrêt de l’effusion de sang, l’autodétermination des peuples lui valant le titre d’émissaire des Nations  unies dans plusieurs régions du monde : en Afrique du sud, en Afghanistan, à Haïti, au Yemen et en Syrie».

La cérémonie de remise du titre docteur honoris causa s’est déroulée à l’auditorium «Talahit» du campus «Taleb Salim» (ex-IGMO), en présence des autorités locales civiles et militaires, les recteurs d’universités d’Oran, les membres de la communauté universitaire et les étudiants.

Un film documentaire réalisé par un étudiant en sciences de l’information et de la communication sur le parcours du diplomate algérien durant la guerre de libération nationale et les missions accomplies ensuite au sein du ministère des Affaires étrangères et des Nations unies a été projeté à cette occasion.

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