L’octroi de visas d’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants d’une cinquantaine de pays majoritairement musulmans a baissé de 20% en avril, malgré le gel du décret migratoire du président Donald Trump par plusieurs tribunaux américains, selon des données publiées par le département d’Etat. Le nombre de visas non-immigrant accordés à ces pays a diminué de 20% en avril comparé à la moyenne mensuelle enregistrée en 2016, selon les mêmes données.
Les pays Arabes à eux seuls ont enregistré un recul de 30%, alors que la baisse pour les six pays concernés par le décret migratoire de Trump à savoir l’Iran, la Syrie, le Soudan, la Somalie, la Libye et le Yémen s’est établie à 55%. Des données précédentes du département d’Etat font état d’une baisse conséquente du nombre de visas délivrés en mars mais ceux d’avril étaient « spectaculaires «, selon la presse américaine.
Le porte-parole du Bureau des affaires consulaires du département d’Etat, William Cocks, a minimisé l’importance des chiffres d’avril en précisant à Politico que « les demandes de visas sont cycliques et non constantes, affectées par divers facteurs au niveau local et international «. William Cocks a expliqué que la délivrance de visas a tendance à augmenter durant les saisons de pointe, en été et pendant les congés d’hiver, avec des différences observées au niveau des pays, des nationalités ainsi que des catégories de visas.
Mais le décret migratoire de Trump a sûrement eu un « effet potentiel « sur l’entrée des ressortissants musulmans aux Etats-Unis, a souligné Stephen Pattison, un avocat spécialiste de l’immigration, cité par la presse américaine.
« Certaines personnes ont peut-être annulé leurs voyages, d’autres ont peut-être voyagé l'année dernière mais pas cette année, mais je pense qu'il est naïf de croire que ce qui se passe à Washington n'a pas d'effet sur les décisions consulaires «, a ût-il soutenu.
Au niveau mondial, l’octroi de visas non-immigrant à diminué de 15% en avril contre une hausse de 5% en mars ce qui pourrait conforter l’idée, selon la quelle, les mesures migratoires de Trump ont eu «un effet décourageant « sur l’entrée des touristes aux Etats-Unis.
En avril, près de 69.000 visas ont été délivrés aux ressortissants d’une cinquantaine de pays musulmans contre une moyenne mensuelle de 85.790 visas en 2016. Les visas accordés en avril aux 22 pays, membres de la Ligue Arabe, ont avoisiné les 24.000 en baisse par rapport à la moyenne mensuelle de 34.000 visas enregistrée en 2016.
Le département d’Etat n’a pas rendu public le nombre de demandes de visas émanant des pays arabes et musulmans ainsi que celui des refus ce qui rend l’identification des causes à l’origine de cette baisse difficile, selon les observateurs. Pour les six pays concernés par l’interdiction d’entrer aux Etats-Unis, les baisses varient d’un pays à un autre.
L’Iran, dont les ressortissants ont reçu 29.000 visas non-immigrant en 2016, a enregistré une baisse de 52% en avril, alors que ce taux a atteint 68% pour la Somalie.
Les nouvelles directives du département d’Etat envoyées aux consulats américains à travers le monde ont probablement contribué à cette baisse observée pour les pays musulmans, a expliqué Edward Alden, membre du Think Tank américain Council on foreign relations.
Les mesures risquent d’entraîner jusqu'à 71 milliards de dollars de pertes économiques pour les Etats-Unis, résultant essentiellement de la baisse des recettes touristiques, selon les estimations d’Edward Alden.
