La sortie jeudi des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat a suscité une vague de critiques parmi les observateurs de la scène politique américaine qui ont dénoncé une décision hâtive prise sur la base d’arguments biaisés.
Le discours prononcé jeudi par le président Donald Trump pour annoncer ce retrait a été conçu pour discréditer l’accord de Paris point par point mais le chef de la Maison Blanche s’est basé sur «un mélange de statistiques sèches et un langage émotif « pour présenter ses arguments, commente le New York Times paru vendredi.
Le président s’est appuyé pour défendre sa décision sur « des données contestées et des rapports déformés «, souligne le quotidien américain.
La presse américaine a rapporté jeudi soir que le président s'est référé à une étude publiée par la société de Consulting «National Economic Research Associates» et la Chambre de commerce américaine, deux virulents opposants à la régulation climatique aux Etats-Unis.
L’étude défendue également sur CNN par l’ex candidat à l’investiture républicaine, Ted Cruz, avance que l’accord de Paris pourrait entraîner, entres autres, jusqu'à 3 trillions de dollars (3.000 milliards de dollars) de pertes économiques et supprimer 6,5 millions d’emplois dans le secteur industriel d’ici à 2040.
Les secteurs du raffinage pétrolier et de la sidérurgie seront les plus affectés. Mais les économistes affirment que les pertes d’emplois prévues dans l’étude supposent que l’économie américaine ne va pas s’adapter aux nouvelles réglementations environnementales.
Or, de grandes entreprises comme Apple, Mars et Unilever ont indiqué que le respect de l’accord de Paris allait contribuer à créer des marchés et de l’emploi aux Etats-Unis.
La Chine un mauvais argument
Une série d’études, menées par Citibank et des organisations environnementales soutiennent que l’incapacité d’atténuer les effets du changement climatique allait coûter des milliards de dollars à l’économie américaine.
Le président Donald Trump a accusé l’accord de Paris de ne pas être suffisamment contraignant à l’égard de la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. Il avance que l’accord de Paris permet à la Russie d’augmenter ses émissions de 50% sans fixer également à la Chine un plafond significatif pour ses émissions avant 2030.
Trump voulait, en effet dramatiser les conséquences de l’accord en le présentant comme désavantageux aux Etats-Unis, alors que le gouvernement chinois s’est déjà engagé dans un méga projet de 800 Gigawatt d’énergie solaire et éolienne pour diversifier son mix énergétique, selon des analystes cités par la presse américaine.
Dans son long discours prononcé jeudi soir dans les jardins de la Maison Blanche, Trump note que ce pacte environnemental permettrait à la Chine et à l’Inde d’ouvrir de nouvelles usines de charbon en imposant en parallèle des restrictions sur l’industrie du charbon aux Etats Unis.
«L’accord n’élimine pas les emplois dans l’industrie du charbon, il les transfère tout simplement des Etats-Unis vers des pays étrangers», s’est il défendu.
Cependant, l’industrie du charbon aux Etats-Unis sera en déclin à long terme, la baisse des prix de gaz et des énergies renouvelables devraient déclasser cette énergie polluante.
Le principal conseiller économique du président, Gary D.
Cohn, a reconnu la semaine dernière devant la presse que le charbon n’a pas d’avenir aux Etats-Unis, son rôle est décroissant dans le bouquet énergétique américain, selon son constat.