Culture

Taksebt (Tizi-Ouzou) : Un village témoin d’une ancienne civilisation amazighe prospère

Publié par DKnews le 07-06-2017, 15h55 | 45
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Taksebt, un petit village de la commune  d’Iflissen (Tizi-Ouzou) dominant la ville de Tigzirt et laissant l’£il  tanguer au gré des vagues jusqu’au large de Dellys (Boumerdes), est un  témoin d’une ancienne civilisation Amazighe prospère.

 De nombreux vestiges archéologiques remontant à l’époque où les habitants  de ce village dont la fondation remonterait au IIème siècle av-JC  entretenait des échanges commerciaux avec les phéniciens qui avaient  installé un comptoir commercial dans la région, rappelle ce passé glorieux  de la Numidie et qui lui a valu le qualificatif de grenier de Rome, en  raison de sa riche production agricoles notamment.

 Une randonnée pédagogique organisée, lundi, à l’occasion de la célébration  de la journée mondiale de l’environnement par la direction locale de  l’Environnement, en collaboration avec les antennes de Tigzirt de l’Office  national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés (OGEBC),  et du Commissariat national du littoral et la subdivision des forêts, et à  laquelle ont pris part les associations Tizgui de Mizrana et Tigzirt  environnement et des habitants de Taksebt, a été l’occasion de découvrir et  de redécouvrir ces sites historiques.

 Il est connu que les Phéniciens n’installaient pas des comptoirs  commerciaux dans des endroits inhabités, mais choisissaient des villes  prospères pour le faire afin de pouvoir y effectuer des échanges avec la  population locale.

Et les villes Amazighes anciennes étaient connues pour  leur production d’huile d’olive, de figues sèches, de céréales, de poisson  séchés ce qui avait valu à la Numidie appellation de Grenier de Rome, a  souligné le chef d’Antenne de l’OGEBC, Hamdad Kaci.

 La sortie a été aussi l’occasion pour tirer la sonnette d’alarme sur  l’état de dégradation avancé dans lequel se trouvent les vestiges  archéologiques de Tabksebt, appelé Rusippisir en raison de sa situation sur  le sommet du Cap Tadles, un village qui renferme dans ses dédales des pages  de l’Histoire de l’Algérie, de la plus ancienne à la contemporaine en  passant par le néogothique, la Berbérie ancienne et les présences  phénicienne et romaines.
 
Le monument funéraire berbère de Taksebt, menacé de disparition  

 Le plus imposant de ces sites est incontestablement le Mausolée de  Taksebt, appelé localement Soumaa qui surplombe le village.

Ce vestige dont  une grande partie a été sérieusement endommagée par les séismes et dont le  plus dévastateur fut celui qui a frappé le 21 mai 2003 la wilaya de  Boumerdes, rappelle toute la fragilité de ce patrimoine qui se dégrade  d’année en année et menacé de disparition, en l’absence de travaux de  restauration adéquat.

Une partie de Ce monument Amazigh de forme octogonal  était doté d’une colonne à chaque angle dont aujourd’hui seules deux  subsistent.

 Une description faite par des archéologues dont Carette (dans  l’Exploration scientifique de l’Algérie en 1848), Végnéral en 1868, et  l’architecte Gavault entre 1885 et 1895, parle d’un monument dont une  partie se dresse au dessus du sol composé d’uu massif de blocage (du  moellon colée avec du mortier) recouvert de pierres de taille et est doté  de fausse portes. 

L’examen des pierres ayant servi à la construction de ce  monument dont la régularité des travaux exécutés par les tailleurs de  pierre afin de permettre à chaque bloc de s’imbriquer avec l’autre et de  constituer pour constituer un ensemble harmonieux, renseigne que ce travail  n’a pas pu être fait que dans des ateliers qui devaient être nombreux dans  la cité, a observé sur place M. Hamdad.

 Ce travail colossal de taille et de décoration des pierres, leur  acheminement au lieu où devaient être érigé le monument funéraire et leur  placement les une sur les autres pour constituer les huit colonnes sont  aussi une preuve incontestable que les anciens habitants de la cité  disposaient d’un savoir-faire et d’une technicité qui leur a permis de  réaliser un tel exploit.

 Le mausolée de Taksebt avec sont socle qui portait certainement une  pyramide de forme lisse ou à gradins, rappelle d’autres mausolée Amazigh  tel que le tombeau de Massinissa (Constantine), celui d'Imedghassen (Batna)  ou encore le tombeau de Syfaxe (Ain Timouchent) et qui lui sont similaires  en technicité même s'ils sont de tailles différentes, ce qui signifie  qu’il s’agit bel et bien d’un monument berbère et non pas romain, a relevé  ce même responsable. 

Quittant ce lieu, le petit groupe poursuit sa randonnée au milieu d’un  maquis peuplé de lentisques-pistachiers, pour visiter les restes d’un  rempart qui entourait l’antique Rusippisir.
Des vestiges milliaires  subsistent encore, cachés sous une dense végétation et des arbustes dont  les racines ont entamé un travail d’effritement de ce mur qui, selon M. Hamdad, pouvait fournir des renseignements sur l’étendu de la cité antique.

 En traversant l’ancien village kabyle de Taksebt, appelé Aariche et  aujourd’hui abandonné par ses habitants qui ont construit plus bas, on  aperçoit au loin surplombant les maisons traditionnelle en ruine, d'autres  vestiges.

Ce sont les ruines d’une basilique antique dont il ne subsiste  qu’un arc en pierres taillées d’où le nom Ameqyass donné par les habitants  à ce monument en raison de sa forme qui rappelle l’anneau.

 De retour vers l’actuel village de Taksebt avec ses nouvelles maisons  modernes, on constate que les maisons traditionnelles d’Aariche ont été  construites avec la pierre de taille récupérée sur le site de l’antique  Rusippisir.  Des éléments architectoniques ont été également utilisés pour  servir de linteau et de seuil.

Un pressoir à huile à coté d’une maison en  ruine et qui a dû servir à écraser les olives, attire particulièrement  l’attention.

Il laisse supposer qu’il a été récupéré sur un monument de  l’antique cité amazighe.
 La pierre qui sert à écraser le fruit, porte quatre entailles qui devaient  servir à la fixer sur une colonne ou tout autre élément architectural. De  même, la pierre où étaient placées les olives de forme circulaire creusée  en récipient aurait, elle aussi, servi à orner des monuments antiques de la  cité, observe M. Hamdad.
 
La problématique de la préservation et de la restauration  

Le chef de l’antenne de Tigzirt de l’OGEBC a souligné que si le mausolée  de Taksebt est classé, ce qui lui assure une protection juridique et lui a  valu des travaux de restauration suite a son endommagement par le séisme de  2003, d’autres sites demeurent non classés et ne peuvent, du coup, pas  faire l ‘objet de protection juridique.

Quant à la protection physique de  ces sites, la situation est plus complexe mais pas impossible, explique M. Hamdad qui a relevé l’absence de bureaux d’études technique (BET) et  d’entreprises spécialisées dans la restauration de sites archéologiques.

 Il a cité l’exemple de la restauration en 2005 du mausolée de Taksebt,  décriée par les habitants du village qui ont dénoncé des travaux «mal  exécutés». Selon ce même responsable, pour restaurer ces monuments il faut disposer de BET spécialisés.

«Or, nous  n’avons que des Bureaux d’étude et des entreprises spécialisés en  bâtiment», a-t-il regretté. La solution viendrait toutefois du côté de l’université avec l’Institut  d’archéologie qui forme des archéologues conservateurs/restaurateurs.

«Un  enseignant s’est rapproché de notre Office pour proposer un site à  restaurer à Taksebt, dans le cadre d’un chantier-école et ayant vu le  travail des ces étudiants, je suis confiant», s'est-il réjoui, comme pour  esquisser une note d'espoir quant à une prise en charge effective du  village millénaire.

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