Maroc: nouvelle manifestation pacifique à Al-Hoceïma, sous la pression d'un important dispositif sécuritaire

Publié par DKnews le 09-06-2017, 15h45 | 27

Plusieurs centaines de personnes ont de nouveau manifesté mercredi soir à Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc, dans un climat de tension et sous la pression d'un important dispositif sécuritaire déployé dans les rues de la ville, ont rapporté des médias jeudi.

Comme chaque soir depuis douze jours maintenant, les protestataires sont descendus par petits groupes dans le quartier de Sidi Abed, peu après la rupture du jeûne du ramadan.

Présentes en force dans la ville, les forces anti-émeutes, casquées, bouclier et matraque en main, se dressaient à chaque point d'entrée du quartier, pour empêcher les manifestants d'y accéder, selon l'AFP.

Dans un climat de vive tension, elles tentaient de disperser le moindre attroupement, d'où fusaient les habituels slogans de la contestation: "Dignité, liberté, justice sociale!", "Liberté aux détenus!", "Cet Etat est corrompu!" ou "Nous sommes tous Zefzafi", en référence au leader emprisonné de la contestation, Nasser Zefzafi.

Quelques centaines de personnes ont pu finir par se rassembler sur une place de Sidi Abed, sous les applaudissements des femmes -souvent âgées- depuis les paliers de leurs habitations.

Le rassemblement s'est terminé peu avant minuit sans violence, alors que les manifestants ne cessent de clamer le caractère "pacifique" de leur mouvement.

La région d'Al-Hoceïma est depuis sept mois l'épicentre d'un mouvement de contestation revendiquant le développement du Rif, région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée, que les protestataires jugent "marginalisée" par l'Etat.

 

      La tension ravivée par la répression 

 

Cette semaine, la presse locale a imputé l'aggravation de la situation dans le nord du Maroc aux nombreuses arrestations qui ont, selon l'analyse de la presse, "servi de carburant" aux manifestations populaire.

Dans ce contexte, plusieurs sections locales affiliées aux partis politiques marocains ont annoncé leur  "soutien total" aux revendications des manifestations populaires et demandé la "libération immédiate" des leaders de la contestation.

Elles ont notamment exprimé un "soutien total et inconditionnel aux revendications sociales et économiques" du mouvement de "hirak" (la mouvance), dont le leader Nasser Zefzafi a été arrêté par les autorités marocaines, dénonçant au passage "la campagne médiatique qui vise à porter atteinte au +hirak+ et aux habitants du Rif".

Le mouvement de contestation pacifique s'était notamment amplifié après la mort dramatique, en octobre 2016, du jeune poissonnier de la ville d'al-Hoceïma, Mohcine Fikri, écrasé par le presse hydraulique d'un camion à ordures en tentant de sauver sa marchandise saisie par la police. 

Depuis ce drame, le hirak prend de l'ampleur et suscite soutien et sympathie avec les populations auxquelles se sont joints des personnalités politiques et des militants de droits de l'homme, qui se sont pris rigoureusement aux autorités et demandé "la libération inconditionnelles de toutes les personnes arrêtée et la satisfaction des revendications légitimes exprimées par les populations".