Oran : les fours traditionnels en argile ont toujours la côte à Ras El-Aïn

Publié par DKNEWS le 20-06-2017, 13h36 | 32

Chaque mois de Ramadhan, de nombreux habitants  du site de Ras El-Aïn (Oran) construisent des fours traditionnels en argile dans les patios de leurs habitations pour cuire le pain et préparer des plats pour la rupture du jeûne.

Au-delà de son aspect pratique, le four devient, pendant le Ramadhan, un point d’attraction et le patio le centre de rassemblement de toute la famille où sont servis les repas de l’iftar et du s’hour. Thé et café, et parfois même des gâteaux traditionnels, sont également préparés dans ce four en argile pour accompagner dans la joie et la convivialité les soirées de Ramadhan.

Ammi Benaïssa, un vieil habitant de Ras El-Aïn, par nostalgie du temps passé, ne déroge jamais à cette tradition. Il indique que le four est construit dans le patio de la maison quelques jours avant l’entame du mois sacré.

Nous utilisons de l’argile et du foin pour sa construction. Avec de la paille, nous construisons la base sur laquelle sera versé l’argile tout en prenant soin de laisser une ouverture sur le côté et une autre sur le haut du four, puis nous le laissons sécher un peu et nous mettons le feu dans la paille, ce qui permet de faire sécher et durcir l’argile, explique Ammi Benaïssa.

La corvée de bois sec est assignée aux adolescents et aux enfants qui se rendent de temps en temps dans la forêt voisine de Murdjadjou pour s’y approvisionner.

 

Le goût d’antan ...

 

Le pain et les plats préparés dans ce four, ainsi que le thé et le café, ont un goût inimitable. C’est aussi le goût du passé pour Si Tayeb, un autre habitant de Ras El-Aïn . Je suis né dans une ferme à Ammi Moussa, près de Relizane, et la plupart des habitants de Ras El-Aïn sont originaires de cette contrée, ainsi que des zones rurales de Oued R’hiou ou de Mostaganem. A l’époque, chaque famille avait son four en argile et lorsque nous sommes venus à Oran, dans les années 40, nous n’avons pas  oublié cette tradition, raconte-t-il.

Dans le temps, le four traditionnel était construit pour toute l’année.

Les bouteilles de gaz butane étaient assez rares également et les fours traditionnels alors devenaient nécessaires, explique Si Tayeb.

Aujourd’hui, le gaz butane est abondant. Toutes les familles de Ras El-Aïn disposent de bouteilles en réserve afin de ne pas tomber en panne . Pendant le Ramadhan, alliant l’utile et l’agréable, nombre de familles de notre quartier préfèrent construire des fours en argile et économiser le gaz butane qu’ils utilisent pour certains types de cuissons impossible à réaliser dans un four traditionnel. Le four est, ensuite, démantelé après l’Aïd El Fitr, mais certaines familles préfèrent le garder pendant tout  l’été  , ajoute-t-il.

A l’unanimité, les habitants de Ras El-Aïn soulignent que le four traditionnel est préféré par toutes les familles en raison de la qualité de la cuisson et son caractère nostalgique et rassembleur. Autour de ce vieil instrument en argile, construit en quelques heures, se réunissent tous les membres de la famille dans la maison des parents ou des grands parents, ainsi que des voisins ou des amis qui se retrouvent pour revivre quelques moments du passé.