La situation reste difficile au Yémen, où le conflit a fait plus de 8.000 morts et beaucoup de blessés, majoritairement des civils, qui continuent de subir les répercussions de cette crise notamment dans le domaine sanitaire, où une épidémie de choléra ravage des vies humaines.
Selon des rapports de l'ONU, le Yémen est actuellement confronté à la pire crise de choléra dans le monde. En effet, cette épidémie a causé la mort à 1.500 personnes, a fait savoir le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le pays, Nevio Zagaria.
Lors d'une conférence de presse à Aden, tenue en compagnie de représentants de l'Unicef et de la Banque mondiale, il a indiqué que le nombre de cas présumés de choléra à la date du 30 juin s'établissait à 246.000.
L'effondrement des infrastructures médicales et sanitaires au Yémen, ravagé par plus de deux ans de guerre entre les forces progouvernementales soutenues par une coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite, et les rebelles Houthis, a favorisé fin avril l'apparition du choléra dans le pays pour la deuxième fois en moins d'un an.
Vendredi, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) avait prévenu que l'épidémie pourrait atteindre le seuil des 300.000 cas à la fin août.
Depuis le début du conflit, 17 millions de personnes - deux tiers de la population - sont confrontées à des pénuries alimentaires, dont près de 7 millions sont proches de la famine, dans un pays très dépendant de l'importation de nourriture.
Toutefois, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué mardi dernier que l'épidémie de choléra qui frappe le Yémen montre des signes d'un relatif ralentissement avec un taux de mortalité qui baisse de moitié.
Mais le taux de mortalité par la maladie a baissé de 1,7% début mai à 0,6% actuellement a indiqué Ahmed Zouiten, conseiller de l'OMS pour les situations d'urgence au Yémen.
Il a expliqué cette baisse par les opérations d'urgence menées par les agents de santé.
Le nombre des cas de choléra recensés a également baissé récemment avec 39.000 cas enregistrés la semaine dernière contre une moyenne hebdomadaire de 41.000 auparavant, a encore indiqué M. Zouiten.
Cette légère baisse pourrait être due au fait que les habitants rapportaient moins les cas touchés par la maladie depuis le début de la fête marquant la fin du ramadan, a-t-il ajouté sans exclure que le taux de contraction de la maladie pourrait encore doubler.
De l'aide pour sauver 20 millions de personnes de la famine
Par ailleurs, le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé un appel de détresse à l'Union européenne (UE) pour l'aider à réunir un milliard de dollars au cours des prochains mois pour sauver des centaines de milliers d'enfants menacés par la faim au Yémen et dans trois autres pays en Afrique.
«Vingt millions de personnes sont au bord de la famine au Yémen, au Soudan du Sud, en Somalie et au Nigeria, dans la crise humanitaire la plus grave depuis 1945», a indiqué le directeur, David Beasley.
«Je suis ici pour faire appel à la bonté de certains des pays les plus riches de la planète pour qu'ils continuent d'augmenter (leur aide) à une période comme celle-ci», a-t-il souligné après un entretien avec la haute représentante de l'UE, Federica Mogherini.
«Je veux que les Etats-Unis contribuent plus et que l'UE contribue plus», a-t-il ajouté.
Le chef du PAM a lancé un appel aux pays riches comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne, et la France, pour qu'ils envoient davantage d'aide.
Selon lui, Paris ne fait pas assez en versant seulement 30 millions de dollars.
Sur les 20 millions de personnes menacées par la famine, 5,7 millions sont des enfants, dont 1,5 million sont gravement touchés par la malnutrition.
«Nos statistiques montrent que si nous ne recevons pas dans les trois ou quatre prochains mois ce dont nous avons besoin pour fournir de la nourriture, il est possible de voir mourir 600.000 enfants», a ajouté M. Beasley.
«Nous avons besoin encore d'un milliard de dollars pour les quatre pays», a-t-il poursuivi. Le PAM a déjà diminué de moitié les rations distribuées aux réfugiés sud-soudanais en Ouganda, afin de donner une aide aux plus vulnérables dans les quatre pays.
Des frappes aériennes continuent de tuer des civils
En parallèle, des frappes aériennes de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite continuent de causer la mort des civils. Lundi dans la province de Marib, (centre), «les avions de guerre de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite ont lancé plusieurs frappes aériennes sur les maisons de villageois dans la zone d'Al-Miseyd, tuant neuf civils, dont deux femmes», selon un responsable présent sur les lieux.
Quatre autres villageois ont été blessés dans les frappes.
La zone d'Al-Miseyd se situe dans le district de Serwah, dans la province de Marib, à 173 km au nord-est de Sanaa, la capitale du pays.
La capitale provinciale de Marib a été reprise aux rebelles Houthis l'an dernier par les forces restées loyales au gouvernement de coalition yéménite. Mais Serwah et plusieurs zones adjacentes sont encore sous le contrôle des rebelles. Il s'agit de la dernière d'une longue série de frappes ayant touché des civils au Yémen depuis le début du conflit en 2015.
La semaine dernière, 25 civils yéménites ont été tués lorsqu'un appareil de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a touché un marché populaire dans la province de Saada, dans le nord du Yémen.
La conflit a fait plus de 8.000 morts, majoritairement des civils, et plus de 44.500 blessés depuis l'intervention de la coalition arabe en mars 2015, selon l'ONU.
