La période de grâce semble bien finie et le silence médiatique qu’il s’est imposé durant la période estivale ne l’a pas beaucoup aidé ; c’est ce que l’on peut conclure à la lecture des nouveaux chiffres relatifs à la popularité d’Emmanuel Macron ; «après une baisse de 10 points observée en juillet, la cote de popularité d'Emmanuel Macron enregistre à nouveau une très forte baisse de 14 points en août, avec 40% de personnes satisfaites, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche (JDD) », relate le site français atlantico.fr, dans un article mis en ligne le 27 août dernier, en précisant que pour la même période, « Nicolas Sarkozy recueillait 69% d’appréciations favorables en 2007 ; et François Hollande, 54% de jugements positifs en août 2012. »
Après avoir été élu sur des promesses de réformes et un programme inspiré de la gauche et de la droite, avec une équipe gouvernementale issue d’horizons diverses des différents courants politiques et de la société civile, le jeune président se rend à l’évidence maintenant qu’il faut bien prendre les rênes du pouvoir que lui ont confié les Français et que, pour ce faire, il faut bien décider.
Fini le temps de la communication et de la construction de l’image d’un nouveau président, jeune, dynamique, qui bouleverse tout l’échiquier politique français en promettant d’en asseoir un nouveau allégé des contraintes héritées de l’ancienne classe politique structurée sur le clivage gauche-droite.
A l’entame de son exercice, Macron se mêle les pinceaux en se croyant investi de tous les pouvoirs, y compris celui d’édicter des mesures sans les avoir expliquées.
Du coup il perdra beaucoup à l’annonce de la ponction de 5 euros de l’Aide Personnalisée au Logement qui fera jaser les bas revenus, les étudiants et leurs parents. Lors des arbitrages budgétaires, Macron recadre sévèrement et en public le général Pierre de Villiers chef d’état major des armées auteur de critiques sur les coupes budgétaires dans la défense nationale.
Ce dernier lui envoie sa démission, contribuant à ternir son image en mettant en exergue son côté ‘’autoritaire, brutal’’.
Le nouveau texte de la loi sur le travail, préparé dans la plus grande discrétion, ne semble pas avoir fait l’objet de la concertation et de la pédagogie nécessaire.
Les réactions des syndicats et de la France insoumise, appelant à des marches populaires pour s’opposer à cette nouvelle loi, traduisent un manque de confiance dans l’équipe de Macron mais augurent aussi un bras de fer qui pourrait faire davantage de mal à la popularité de Macron.
Certains pointent comme explication à cette baisse brutale de la côte de popularité du président français, les couacs vécus par sa majorité parlementaire, constituée en grande partie d’élus inexpérimentés n’ayant pas le sens de la pratique politique.
Pour d’autre, Macron a aussi pâti de l’image d’un président ‘’jupitérien’’ qui survole les problèmes des Français, car plus soucieux des questions internationales.
Le fait est que la chute est rapide et brutale même s’il est connu que dans la plupart des cas, l’image du président élu finit toujours par dévisser. « Le fait que la cote de popularité d'un président de la République baisse est assez normal et classique.
Il s'agit d'un réajustement qui s'opère après l'élection présidentielle. C'est un effet 'prince charmant' avec une cote de popularité plus élevé que le socle électoral. Ce qui est particulier avec Emmanuel Macron, c'est la rapidité et la puissance de cette chute » explique le politologue français Thomas Guénolé, au micro de la radio rtl.
Vieux routier du système politique français, ancien premier ministre sous Jacques Chirac, candidat malheureux à la primaire de droite, Alain Juppé fut l’un des premiers à commenter les sondages sur la popularité de Macron : « On connaît les explications traditionnelles.
Quand on passe à l’acte, quand on est obligé d’entrer dans le vif du sujet, qu’on sort des généralités et de la communication, qu’on propose des mesures concrètes, difficiles, douloureuses, parfois nécessaires, ça a un impact sur la popularité », déclare-t-il sur bfmtv, ajoutant : « Il y a eu beaucoup d’approximations, de contradictions, d’erreurs aussi sur certaines mesures nationales. Lui-même a expliqué que la mesure sur l’APL était une bourde. Tout ceci finit par se payer ».
CEM